C'est l'heure du.. dududu DUEL !

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HS : Coucou ! Super cool que tu répondes :3 ! Sa fais plaisir de RP à nouveau avec toi surtout que c'est très bien <3 ! Désolé, un gros pavé pour pas grand chose x_o !

L'avenir... L'avenir était une notion bien flou pour Takeo. Il n'y avait jamais pensé et pour cause, à la suite de la question d'Ash, il constata rapidement que rien ne s'y profilait. Avait-il un avenir ? C'était ça la réelle question. A quoi bon imaginer quelques choses si l'on savait de base ne pas l'avoir ? Le pensionnat faisait clairement office de protection temporaire. C'était un répit que Takeo s'offrait. Un luxe. Si bon nombre d'élèves venaient ici pour maîtriser leur pouvoir, lui qui s'en sortait déjà bien, préférait voir ce lieu comme une cachette. Oui, il était recherché mais il ne désirait pas se cacher de ces gens... Il voulait se cacher du monde, se cacher des problèmes de ce dernier. Sa vie avait été rythmé par des déceptions, des frustrations pour se conclure sur des erreurs, des maladresses. Il le savait, le seul responsable de cette dure vie qu'il menait était son pouvoir. Rejet familiale, fugue, vie dans les rues, gang, fuites... tout y était lié.

Si Takeo repensait à cela, c'était à cause d'Asch, ou plutôt d'une simple question qu'il lui avait posé. Une question fondée et intéressante sur le fond. Mais une question qui soulevait bien des problèmatiques. Trop pour une réponse claire en fait. Takeo ne se permit donc pas de s'inventer quelques choses et dit son ressentit. Il n'avait jamais pensé à son avenir et se contenter d'espèrer qu'un jour, on l'accepte. Cette acceptation le concernait lui tout comme son pouvoir ou ceux des autres. Il fit donc part de ces remarques à son interlocuteur qui lui resta silencieux, l'écoutant avec une attention qui faisait plaisir. Bien évidemment, et Asch s'en doutait forcément, Takeo lui renvoya la question. Peut-être que la réponse de ce dernier allait lui redonner un espoir, un espoir que la dure réalité venait d'écraser. Malheureusment, non. Les deux jeunes semblaient autant paumés l'un que l'autre et la simple idée de penser à leur avenir les plongeait dans un état pensif. La réponse fut d'abord vague, puis un ancien sujet revint sur le tapis.

Asch reparla alors de son frère, ou du moins, en fit une nouvelle référence. L'écoutant avec attention, Takeo avait une bonne dizaine de questions qui lui traversaient l'esprit. Mais aucune n'osait s'approcher de ses lèvres. Ce qui se liait entre lui et Asch était sensible, une ficelle prêt à rompre à la première occasion probablement. Il savait clairement que ce sujet était sensible. Ce qui devait entourer son frère devait être des plus sombres car le sujet ne semblait pas l'enchanter... Heureusement pour lui, Asch reprit la parole, permettant alors à Takeo de ne pas prendre la parole après ce sujet. Il parla alors de son pouvoir et de sa maîtrise qui, à ses dires, devaient être plus qu'approximatives. Takeo ne mit pas longtemps pour faire le rapprochement entre les deux discours. Son frère devait être malade. De quoi ? C'était ça la question mais cela avait-il un sens de le demander ? Non, aucunement.

Montrant alors toujours un grand intérêt aux diverses paroles du jeune homme, Takeo préféra le silence pour l'instant, ne sachant que pas trop quoi répondre sur l'instant. Il ne voulait aucumenent brisé le lien qui se tissait entre lui et Asch. Ce dernier s'était enfin décidé à s'ouvrir et Takeo ne doutait absolument pas que ces dernières paroles ne devaient pas être un dicours habituel pour Asch. Il n'était pas un privilégié, ce n'est pas ce qu'il pensait, mais il ne faisait aucun doute qu'Asch n'aimait pas raconté cela à tout le monde. Cela toucha alors Takeo qui, même si lui avait raconté quasiment tout ce qui l'entourait, appréciait cette nouvelle sincérité de son interlocuteur. Vint alors une nouvelle question. Elle trancha alors avec tout ce discours. Peut-être un échappatoire ? Cela faisait déjà bien un moment qu'il marchait et la question d'Asch était donc pertinente :étaient-ils encore loin ?

C'était dur à dire et Takeo n'en avait pas vraiment la moindre idée... Il pouvait vérifié cela en se téléportant mais les conséquences étaient bien trop imprévisibles pour le faire. S'il essayait de se téléporter dans la chambre, il pouvait y arriver pour ensuite ne pas réussir à revenir ici ou simplement tomber dans les pommes. La distance étant inconnue, s'y risquer ne donnait pas trop envie au jeune homme. Tout en marchant, il se concentra néanmoins quelques secondes, ressentant son pouvoir en lui. La vision de sa chambre était assez clair, assez clair pour qu'il puisse s'y téléporter oui. Cela signifait alors au moins une chose.

- Je ne peux rien affirmer mais... Je pense que l'on est à moins d'un kilomètre. Je pense que je serais capable de me téléporter dans notre chambre mais sans garantie du résultat. Ne prenons donc pas de risque et continuons la route ensemble...

Il esquissa alors ensuite un petit sourire et reprit le rythme de marche intitial. Takeo venait clairement de montrer son intérêt à rester avec Asch. Même s'il le pouvait peut-être, il ne voulait pas s'en aller comme ça. D'une part, il était lui aussi responsable de cette situation. C'est lui qui avait poussé à bout Asch et c'est lui qui, par accident les avait téléporté au milieu de nulle-part. C'était donc tout naturel à ses yeux qu'il reste avec lui. Puis, d'une autre part, la conversation qu'il avait avec Asch était un motif largement suffisant pour ne pas partir. Ce dernier s'ouvrait enfin et c'était pas pour le jauger que Takeo écoutait, mais uniquement pour en apprendre plus sur lui, sur cette homme qui était bien plus proche de lui que personne ne pouvait l'imaginer.

Ce fut donc ensemble qu'ils continuèrent leur marche. Selon les règles, c'était à Takeo de parlé, de lancer un sujet ou une question. Le problème n'était pas là, car bon nombre d'idées se mélangeaient dans l'esprit du jeune homme, mais plutôt dans la façon de procédé. Il était évident que Takeo ne pouvait pas aborder n'importe quel sujet comme une brute. Il ne voulait pas non-plus paraître manipulateur en employant des sous-entendusou autres. Ce temps était révolu. Il préféra alors entama un nouveau discours en parlant de lui et en rebondissant alors sur la remarque concernant leur pouvoir. Si Asch ne le contrôlait pas, il s'était permis de faire une comparaison avec Takeo, utilisant alors la préposition "par rapport à toi". Il était vrai que Takeo avait une certaine aisance avec son pouvoir. Il n'avait alors pas vraiment de peine à se téléporter selon son bon vouloir mais était plutôt freiner par éléments externes.

- Tu sais... J'en ai peut-être l'air mais je ne contrôle pas mon pouvoir aussi bien que je le laisse penser... Suffit de regarder où l'on se trouve... Je suis bridé par plein d'éléments, certain plus ennuyants que d'autres.

Il soupira légèrement et reprit.

- Je ne peux pas me téléporter dans un endroit où je n'ai jamais mis les pieds. Alors oui, je t'ai menti au complexe... Je n'ai pas besoin de voir la chambre pour y pénétrer, mais ça je pense tu l'as compris. Autant que cela te fasse rire, j'ai aussi des effets secondaires qui sont principalement des vertiges, mal de tête pouvant aller jusqu'à la perte de conscience... Ajouté à cela, je peux me téléporter de façon aléatoire, comme ce qui s'est passé juste avant... Tu me diras que c'est déjà pas mal mais même avec une maîtrise pareille, je n'arrive pas à fuir les problèmes...

Ce discours n'avait finalement pas de réellesvolontés. Takeo désirait s'exprimer à ce sujet et n'avait aucune crainte quant à l'exposition de ses faiblesses. Asch n'allait probablement pas se retourner contre lui et même, cela n'avait pas d'importance. Takeo avait appris à utiliser son pouvoir seul, par l'expérience. De tout les élèves d'Aomori, il devait être l'un des rares élèves à avoir du involontairement utilisé son pouvoir pour survivre finalement. Mais bon, il n'allait pas s'en plaindre, tout son vécu lui avait permis d'arriver là où il en était. Le jeune homme tourna alors son visage vers celui de son "ami" et pris un air plus sérieux. Il avait hésité plus d'une fois à posé cette question mais maintenant qu'il en savait assez, il fallait le faire. Si Asch ne voulait pas répondre, qu'il ne le fasse pas, Takeo comprendrai. Il employa alors un ton plutôt neutre, ne montrant aucune compassion apparante, même s'il en avait.

- Tu veux maîtriser ton pouvoir pour soigner ton frère... c'est ça ?

Il continua alors de marcher, sans quitter du regard le jeune homme à ses côtés. Ce sujet allait être des plus sensibles... qu'allait répondre Asch ?

Age

HS- Héhé j'ai récupéré la connexion wifi :p le plaisir est partagé, et j'aime les pavés ♥

Après quelques questions à la limite du sensible, Asch avait préféré détourner la conversation et alléger un peu l’atmosphère, en demandant où ils pouvaient bien être, et s’il leur restait un long chemin à parcourir. Apparemment ils n’avaient pas trop dévié de la bonne direction, si ce que Takeo disait était vrai et qu’ils n’étaient désormais qu’à un petit kilomètre. Ce qui leur ferait une quinzaine de minutes de marche, en tenant le même rythme qui s’était un peu calmé au gré de la discussion. Vu la manière dont son colocataire avait répondu, Asch se doutait que son pouvoir devait être plus ou moins à l’origine de cette appréciation de distance, puisqu’il ne semblait pas du genre à balancer une affirmation sans avoir la moindre connaissance. La fin déposa un léger sourire en coin sur ses lèvres, comme s’il avait répondu à son interrogation muette sur sa téléportation hypothétique. Il n’allait donc pas le laisser là, montrant clairement l’envie de continuer à discuter. Peut-être que malgré un début des plus houleux allaient-ils arriver à s’entendre..

On devrait y arriver rapidement alors.

La marche reprit, et si Takeo n’avait pas réagi à ce que Asch avait dit plus tôt –à son soulagement-, ce dernier se demandait sur quoi allait-il orienter leur échange. A son étonnement, il choisit de parler de son pouvoir à nouveau, s’ouvrant sans complexe sur ses difficultés et les problèmes liés. C’était à la fois une marque de confiance, mais aussi un moyen de le faire parler, à ce qu’il commençait à comprendre. Et en effet c’était assez efficace, puisque même en le savant, il se sentait plus en confiance, ou redevable en quelque sorte, ce qui était assez idiot pour quelqu’un comme lui. Mais après tout il était plein de contradictions, alors une de plus.. En tout cas il connaissait désormais tous les tenants de la téléportation de Takeo, même s’il savait inconsciemment qu’il ne s’en servirait pas. Il admirait aussi un peu avec contrariété la facilité avec laquelle il pouvait parler de son don, ou même de ses problèmes en général. Sans doute parce qu’il savait qu’il ne pourrait jamais en faire autant.

Pour les effets secondaires, j’ai pu en constater un avant-goût tout à l’heure.. Bah, c’est déjà assez impressionnant ce que t’arrives à faire. Les problèmes que tu te créés, hein, j’imagine qu’il suffirait que tu arrêtes de l’utiliser, mais que ça doit être tellement tentant..

Si son ton était joueur, il n’y avait pourtant aucune agressivité ni moquerie comme ça avait été le cas avant, juste des remarques amusées, qui se voulaient plus constat qu’autre chose. Qu’il puisse faire autant de chose l’impressionnait un peu en effet, comme il le lui avait dit en rigolant, et il aurait bien aimé en être au même point. Mais lui ne connaissait pratiquement rien sur son pouvoir, puisqu’il avait été plus occupé à monter un trafic et se prendre la tête avec un peu tout le monde au lieu de chercher à progresser. Stupide. Pour la peine, quand il rentrerait il se mettrait au travail. Comment, il ne le savait pas encore, mais il trouverait bien, du moins il l’espérait.

Ce fût le moment que choisi Takeo pour parler de son frère. Et sans qu’il puisse s’en empêcher, ses quelques paroles le glacèrent complètement. Il se maudit intérieurement, sachant pertinemment qu’avec toutes les perches qu’il lui avait tendu de manière plus ou moins consciente, Takeo qui était très loin d’être bête n’allait pas tarder à faire les liens et à lui poser cette fameuse question. Mais entre le soupçonner et l’entendre, il y avait une différence énorme. Il n’aurait jamais du le laisser s’infiltrer aussi loin, dans ses souvenirs et dans sa famille, mais c’était trop tard désormais. Il aurait pu nier, rejeter violemment ses hypothèses, le mal était fait, et cela ne l’aurait que plus renforcé dans ses convictions. En plus de briser le lien qui semblait se former entre eux. Seulement, ça restait la seule chose qu’il ne voulait pas partager, ce dont personne n’avait su l’existence mis à part sa propre famille. Bien sûr il avouait aisément avoir un frère, mais sans jamais entrer dans les détails. S’il avouait ça, il perdrait. Mais bizarrement, ce n’était pas le sentiment qu’il ressentait à cet instant.

.. C’est ça.

Il dut légèrement forcer sa voix pour qu’elle paraisse impassible, même s’il savait que Takeo n’était pas dupe et aurait forcément conscience d’avoir trouvé pile le point sensible. Néanmoins, il ne pensait pas qu’il s’en servirait, et si c’était le cas, il faudrait bien qu’il apprenne à l’encaisser, puisque après tout, c’était la vérité. Il espérait juste que cela n’allait pas lui donner une fausse image de mec qui avait bon fond au final, puisqu’il savait que c’était faux. Du moins, il y croyait dur comme fer. Voulant changer de sujet pour ne pas avoir à répondre à d’autres interrogations là-dessus, il retint la part de lui qui brûlait de piquer à son tour là où sa faisait mal, pour riposter de manière quasi animale, puisqu’il savait que Takeo n’avait pas d’arrière pensée lorsqu’il lui avait demandé ça. Il l’espérait en tout cas, pour chacun d’eux. S’il posa une question qui soulevait un peu de poussière mentale, ce n’était plus dans l’optique de riposter, mais juste par curiosité.

Si t’avais eu le choix, t’aurais voulu de ton ‘don’ ?

Puisque contrairement à lui, tous les problèmes de Takeo venaient de son pouvoir, il était assez curieux d’entendre la réponse, même si cela n’avait pas grande utilité. Tout sauf parler de son frère.

Age

La discussion battait son plein, la tension était désormais nulle. Ayant trouvé un terrain d'entente, les deux adversaires de cette journée semblait avoir signer une trève commune. Si le contrat était fragile, l'un comme l'autre semblait s'attelé à ne pas franchir la ligne qui renverserait l'équilibre. Les moqueries étaient faciles, les remarques aussi... mais rien de tout cela ne sortit de la bouche des deux élèves. Leur discussion était normale, voir même sympathique. La curiosité n'avait cependant pas cessé, de loin pas. Plus ils se rapprochaient du complexe, plus Takeo finissait par en apprendre sur son colocataire. Un jeune homme ayant vécu comme lui, dans la rue. Il n'y avait aucun doute qu'Asch avait vécu un bon nombre de chose supplémentaire. Lui, il y était complétement dedans. Takeo lui, n'y était qu'un figurant finalement malgré les tâches qu'il accomplissait. Mais qu'importe.

Si cela faisait déjà un moment qu'ils marchaient tout deux, il était intéressant de savoir où ils en étaient. Répondant alors à la question de son interlocuteur, Takeo estima la distance à un bon kilomètre. En effet, son pouvoir lui permettait d'avoir des repères entre sa position et les divers lieux visiter. Sans pour autant pouvoir l'affirmer, il se sentait capable de se téléporter dans la chambre. De là, le kilomètre était une échelle tout à fait plausible. Par la même occasion, le téléporteur annonça son envie de rester bavarder. Il avait dit pouvoir se téléporter mais qu'importe. Les quinzes à vingt minutes de marche qui l'attendaient encore pouvaient lui reserver de belles surprises. Il était hors de question qu'il loupe quoi que se soit.

Takeo décida ensuite de prendre la parole, rebondissant sur une remarque concernant la maîtrise de leur pouvoir. Si Asch annoncait clairement ne pas le contrôler, il se permit de prendre Takeo comme repère. Ce dernier expliqua alors son point de vue. Oui, il contrôlait son pouvoir, mais cela avait un prix. Sur un ton amusé, Asch répondit qu'il avait en effet constaté cela. Il faut dire que depuis leur renceontre, Takeo avait subit plusieurs malaises... ce qui était à la longue gênant mais qu'importe. Si le ton aurait pu être ironique, frisant un sacarsme insoutenable, ce ne fut pas le cas. Absolument pas. Takeo ne ressentit aucune méchanceté malgré le ton joueur employé. Pour peu, il en rigolait presque avec Asch. Mais ce dernier metta un nouveau sujet sur le tapis. Il fit une remarque concernant les problèmes que Takeo s'attirait... Il est vrai que le jeune homme était un puit à emmerde comme on dit courrament. Son pouvoir, aussi util qu'il était, lui avait apporté que des ennuis finalement... Alors pourquoi ne pas faire comme Asch disait ? Ne plus utiliser... Le mot employé était juste : tentant. Asch avait mis le doigt juste, encore une fois. Se regardant les mains tout en frottant ses doigts, Takeo répondit alors.

- C'est effectivement bien dur pour moi de ne plus l'utilisé... J'ai appris à vivre avec, cette facilité est presque devenu normale pour moi. C'est peut-être bien là le problème.

Laissant un petit silence arriver, Takeo sentit que c'était l'occasion d'en demander un peu plus à Asch. Ce n'était plus un secret, loin de là. Asch cachait quelques choses. Quelques choses qui avait un rapport avec quelqu'un à qui il tenait particulièrement : son frère. Takeo avait rapidement compris que le pouvoir d'Asch était lié à son petit frère. Mais devait-il demander ? Devait-il s'aventurer sur cette pente glissante ? Après presque une journée complète, il commençait à connaître le personnage. C'était risqué d'entrer là. Là où Asch s'était attelé à cacher les pistes... mais qu'importe, il en avait trop dit pour que Takeo fasse semblait. Il n'allait lui posé qu'une question. Il ne montra aucune pitié, aucune compassion. Asch n'en voulait pas. Il demanda alors une confirmation et la réponse, semblant s'arracher de la bouche du jeune homme à qui cela déplaisait, fut positive. Le frère d'Asch était bel et bien malade. De quoi direz-vous ? Ca, c'était un mystère dont Takeo ne voyait pas l'utilité. La curiosité se devait d'avoir ses limites et cette barrière devait rester fermée. Seulement Asch pouvait l'ouvrir, Takeo ne devait pas essayer.

A cette réponse, le téléporteur ne dit rien de plus. Il se contenta de garder le rythme. Il n'avait pas d'autres questions et désirait bien faire comprendre à Asch qu'il savait clairement que ce sujet était sensible mais qu'il respectait cela. C'est alors qu'Asch reprit la parole pour poser une nouvelle question. Comme sa précédente, les réponses pouvaient laisser divaguer le jeune homme dans de longues tirades philosophiques. Si Takeo avait eu le choix, aurait-il voulu avoir son "don" ? A cette question, le jeune homme laissa s'échapper un petit rire étouffé et esquissa un sourire. Il avait le chic pour trouver de bonne réponse et même si le jeu semblait terminé, Asch prenait clairement note de tout ce que disait Takeo pour le questionner ensuite. Pourquoi ? Il était pas dur de comprendre que le malheur de Takeo découlait de son don... enfin, de son pouvoir. Respirant profondément, le jeune homme entrepris de répondre.

- Je sais pas si on peut appeler ça un "don" finalement. Je trouve la conotation de ce mot bien trop positive pour la situation. Mais malgré tout, je ne peux pas dire que j'aurais aimé vivre sans. Si je dois ma situation actuelle à ce pouvoir, ce n'est finalement pas à cause de lui, mais des choix que j'ai fais dans son utilisation... si je m'étais pas battu à l'école, peut-être que mes parents auraient finis par m'accepter ? Si je n'avais pas jouer les voyous, peut-être que je n'aurais pas du fuir ? Je préfère voir ça comme cela que de remettre toute ma vie en question.

Sincère, juste et honnête. Voilà ce qu'était la réponse de Takeo. Il n'y avait finalement rien à ajouter. Le jeune homme ne pouvait s'imaginer sans son pouvoir. Et finalement il n'avait pas tort. Sa situation n'était que le résultat d'une suite de mauvaise décision prise par lui. Des erreurs de jeunesses qui lui coutèrent chers. Qu'il assume maintenant, c'est tout.

La prochaine question de Takeo paraissait alors évidente. Asch n'allait pas échapper au "et toi ?". Mais Takeo se devait de lié ça à quelques choses de personnelle pour que la question touche bien plus son interlocuteur.

- Evidemment, je te renvoi la question... Je pense que tu as un autre point de vue, étant donné que ton pouvoir ta permis de survivre jusqu'à maintenant... Il laissa une courte pause et reprit. Et vue ce que tu envisages d'en faire...

Le ton était rempli de curiosité. La réponse l'intéressait, même si elle allait probablement être comme il le pensait, positive. Mais qui sait. Asch pouvait aussi très bien vouloir vivre sans. Peut-être que mourir dans la rue aurait été un meilleur destin à travers son esprit... Ca, Takeo allait le découvrir suite à sa réponse. Mais un autre sentiment pouvait être sentit dans la voix du jeune homme. Un profond respect. Oui. Takeo respectait le projet d'Asch. Si lui avait utilisé son pouvoir pour, la plupart du temps de sales besognes, Asch avait décidé de s'attelé à le contrôler pour une cause noble. Il n'avait pas pitié de ce choix, il le respectait simplement. Asch n'était pas un altruiste, cela se voyait. Mais il avait tout de même décidé de venir ici, de s'entraîner, dans le seul but d'aider une personne qui lui était probablement cher. Pour toutes ses choses, Takeo se devait d'avoir du respect, et il en avait. Pensant cela, il ne pu s'empêcher de laisser un soupire sortir de sa bouche avant de dire d'une voix assez basse, mais pas inaudible.

- Et dire que moi j'ai rien fais de bien avec ce pouvoir...

Age

Marchant tranquillement côte à côte, ils avaient continué leur discussion, sur un ton curieux et amical. Takeo avait dit s’être attiré pas mal d’ennuis à cause de son pouvoir, ce à quoi Asch avait répliqué qu’il suffirait de ne plus l’utiliser, même si ça devait être devenu une habitude. Au moins, à l’inverse de certaines personnes qu’il avait pu observer ici, Takeo ne perdait pas le contrôle, si on excluait bien sûr leur petite mésaventure qui les avait conduits au milieu de la forêt. Mais il avait raison, et son coloc’ l’admettait sans mal, que se téléporter lui facilitait grandement les choses et qu’il aurait du mal à arrêter. Asch pouvait aisément le comprendre, même si le fait de devenir dépendant de son don lui semblait quelque peu dangereux. Puis qu’après tout, ce n’était pas vraiment naturel, et rien ne disait que ça durerait pour toujours. Même s’il n’avait pas eu l’occasion d’observer de contre-exemple. Et puis ça avait l’air vachement pratique malgré tout.

Si Takeo avait ensuite osé sauter le pas et posé la question qu’il ne fallait pas, sur son frère, il avait eu la gentillesse –ou l’intelligence- de se contenter d’une simple approbation, sans chercher à en savoir d’avantages. Il n’aurait sans doute rien pu lui arracher de plus, mais c’était délicat de sa part. Déjà que Asch n’en menait pas large, s’il avait du s’expliquer encore plus, nul ne savait ce qui se serait produit alors. Il rebondit ensuite à son tour, pour lui poser une question assez banale en apparence, qui n’avait pas beaucoup d’intérêt, mais dont il avait envie de connaître la réponse, comme ça. Pour en savoir un peu plus sur sa manière de penser, qu’il commençait à sérieusement apprécier sans doute. Dès le début de sa réponse, on pouvait facilement entrevoir sa position, puisqu’il disait trouver le mot ‘don’ trop positif, ce qui en un sens était vrai, même si Asch pensait que cela n’aurait du s’appliquer qu’à ceux qui possédaient un pouvoir ennuyeux, ou à grandes conséquences négatives, comme l’ouïe du rouquin qui servait d’informateur par exemple. La téléportation, ça lui semblait plutôt bien positif. Mais c’était sans compter l’histoire de Takeo bien sûr, qui devait jouer énormément –et à raison- dans son rendu de jugement.

Mais là encore, il fut agréablement surpris par la suite de la réponse, qu’il attendait un peu dans le genre à dire vrai. Il acceptait son pouvoir, sans chercher à le fuir ou le renier. Il ne répondait pas vraiment à la question, mais semblait rejeter ses choix comme causes de sa situation. Ce qui montrait qu’il n’était pas déjà quelqu’un de passif qui attendait tranquillement que le destin s’occupe de lui à sa place, mais aussi qu’il avait peut-être des remords, sur certains choix. Pensait-il souvent au présent ? Se demandait-il ce qui se serait passé s’il avait agi autrement ? Bonne question, qu’il lui poserait plus tard. Puisqu’il venait de se faire renvoyer son interrogation, même si la réponse pouvait sembler évidente. Pour une fois il essaya d’étoffer, trop sujet aux phrases sibyllines.

Comme tu t’en doutes en effet, ça représente un bon intérêt pour moi. Déjà pour.. mon frère, mais aussi pour ‘survivre’ comme tu dis, mais pas au sens physique. Disons que ça me donne une raison de vivre en quelque sorte. Tôt ou tard j’aurais crevé dans un coin, alors que là au moins j’ai quelque chose à faire..

Discours assez flou, qui baragouinait un peu, mais Asch n’avait pas l’habitude de poser des mots sur ce qu’il ressentait, et encore moins de les énoncer à voix haute. Sans son don il serait mort sans doute, mais comme il l’avait dit, ce n’était qu’une question d’années, de jours de toute manière. Il savait qu’il n’avait pas de futur, ni d’échappatoire, et ça ne le gênait pas. Parce que tout était absurde, et qu’il fallait profiter de la vie avant qu’elle ne se barre. Mais après la venue de son frère, tout avait changé. Lui qui était si joyeux avant, ne méritait pas de faire face à tous ces problèmes, ni à déblatérer sur le sens de tout ça. Alors il le ferait sortir de là, coûte que coûte.

Il entendit alors le léger murmure de Takeo, qui disait n’avoir rien fait de bien avec son pouvoir. Asch ne put s’empêcher d’éclater d’un petit rire, comprenant le sous-entendu, lui et sa ‘noble’ cause de soigner son frère. Au final il le faisait sans doute pas mal pour lui-même, histoire d’avoir un but, et ça n’avait rien d’altruiste. Puis bon, ce n’était pas comme si un don pareil pouvait être utilisé à mauvais escient, sauf si on refusait de l’utiliser à la rigueur, mais c’était alors ce qu’il faisait. Soigner de parfaits inconnus ? Très peu pour lui, s’il était athée ce n’était pas pour essayer de devenir un saint. A la rigueur s’il pouvait en tirer un quelconque intérêt, cela passait encore. Mais pouvait-on vraiment dire qu’il avait fait quelque chose de bien, alors ? Au moins en avait-il pleinement conscience..

Et moi qu’est-ce que je devrais dire ? Avec un pouvoir pareil, je passe mon temps à briser des os et fracasser des chairs.. Et le pire, c’est que j’aime ça.

Il avait repris un ton ironique et amer, qui lui allait si bien. Le tout accompagné d’un petit sourire. Oui il savait que c’était malsain et stupide, mais c’était vrai : il aimait l’adrénaline des combats, sentir la peau qui s’écrase, les articulations qui cédaient, l’horrible craquement des os.. Pour ça il aurait du mal à se refaire, habitude obligeait. De toute manière il avait du mal à parler avec quelqu’un sans que ça ne parte en cacahuète. Sauf avec Kaito à la rigueur, mais c’était un cas à part. Mais bon pourquoi racontait-il cela à Takeo ? Il n’avait aucune envie de se faire passer pour un psychopathe, ni de lui faire peur –si ce n’était pas déjà fait-. Tant pis, trop tard encore. Comme quoi il ne valait pas trop le laisser parler librement au final. Ce qui en sortait n’était jamais très joli joli.

Depuis qu’il avait demandé où ils étaient à Takeo, ils avaient continué leur route, d’un bon pas, et ne devaient plus être très loin. D’ailleurs Asch commençait à discerner de grands bâtiments, qu’il indiqua d’un geste de la main à son compagnon d’infortune, comme pour changer de sujet une fois de plus, ou dissiper un possible malaise. Les sources chaudes étaient en vue.

Age

Désolé de l'attente ><

La discussion suivait son fil logique. Après le passé et le futur, c'était maintenant leur présent qui était en question.Le tout penchait gentiment au sein d'une discussion idéologique où les tirades philosophiques prenaient leur place. Il n'était pas question de se cacher, simplement te donner son avis. Il n'était pas question de se lamenter, simplement de raconter. La vie était ce qu'elle était. Asch et Takeo étaient deux acteurs, deux victimes de son écoulement, de son hasard. La chance ne leur avait peut-être pas souris mais aucun d'eux ne s'était plaint, aucune d'eux ne cherchait la pitié. Cet acte leur valait alors un respect. Un profond respect mutuel. Si des coups avaient été échangés plus tôt, l'ardoise était lavée désormais. Mais elle était fine et fragile. Il ne fallait pas jouer avec les mots, pas jouer avec les sens. Plus une alliance était dure à mettre en place, plus la rupture était facile. C'était indéniable.

Il était désormais question de choix. Savoir si l'un comme l'autre aurait voulu vivre sans leur pouvoir. Le choix, Takeo l'avait eu et à plusieurs reprises. Le choix de choisir entre une action A ou B et de suivre un chemin dont il était le seul responsable. Il ne regrettait finalement pas son pouvoir, il regrettait ce qu'il en avait fait. Rien de bien concrètement. Se battre jeune, s'attirer les foudres de parents ne l'aimant déjà plus... voler, fuir... Tout cela, même s'il était jeune, était des choix qu'il avait fait. Alors comment oser pouvoir dire qu'il choisirait vivre sans son pouvoir ? C'était malhonnête, c'était mettre la faute de sa situation sur un innocent. Son pouvoir n'y était finalement pour pas grand chose.

Dans une suite logique, Takeo renvoya la question à Asch. Il savait la réponse, du moins approximativement. Il cherchait peut-être le discours de son colocataire. La façon dont il allait répondre. Il était évident que ce pouvoir avoir permis à Asch d'être là aujourd'hui. De plus, il allait lui permettre de sauver son frère. Asch avait désormais un dessein plutôt noble, ou du moins, il le laissait volontiers penser. La réponse fut comme imaginer. La survie, ce pouvoir lui permettait de survivre, cela lui donnait une raison de vivre. A ces mots, Takeo ne pu s'empêcher de penser à si lui avait une raison de vivre... et si oui, qu'elle était-elle. Aussi étonnant que cela pouvait paraître, Asch refit mention de son frère. Plus ce mot revenait, plus la curiosité de Takeo était aguiché. Il savait que quelques choses se cachait dans cette zone d'ombre du passé d'Asch. Personne ne s'attelait à cacher quelques choses pour rien. Mais comment savoir ? Comment demander ? Dans tous les cas, une mauvaise manœuvre allait conduire à la rupture de cet équilibre. La jouer habile était encore plus risqué. C'était manqué de respect à Asch et il était bien trop malin pour se faire avoir par des manipulations quelconques. Si Takeo voulait en savoir plus, il allait falloir attendre. Non pas attendre le moment opportun pour "attaquer" Asch, le moment que ce dernier se décide à parler de lui-même.

La question se termina alors sur le sombre dessein qu'Asch avait de lui-même. La mort. Sans se pouvoir il le serait, c'était évident d'après son histoire. Mais y avait-il que cela ? Quand Takeo regardait Asch, il y voyait plein de chose mais dans un coin sombre se cachait des éléments clés. Des éléments qui avaient fait de Asch ce qu'il était là probablement. Son frère, sa famille, sa vie... Il fallait en découvrir plus. Mais comment ?

Takeo s'était aussi permis une petite remarque personnelle. Sans trop faire attention, elle quitta son esprit pour s'échapper par ses lèvres et Asch ne tarda pas à rebondir dessus. Il fit la comparaison entre son pouvoir et son caractère. La comparaison était franche et sans langue de bois. Il aimait se battre, il aimait abîmé les autres, les casser corporellement... alors que son pouvoir était tout le contraire, celui de les guérir. Cette homme était un mystère, une énigme. Takeo le regarda alors, ne pouvait s'empêcher de laisser s'échapper un rire. Pas moqueur, plutôt joueur. Un rire qui faisait simplement le pont vers un "j'avais remarqué oui". Takeo ne voulait pas reprendre tout de suite la parole. Il fallait réfléchir, trouver une question. Un point. Quelques choses. Mais le temps lui échappait car on entendait déjà du bruit. Le complexe n'était pas loin, à quelques minutes maintenant. Quelques petites minutes mêmes. Si Takeo ne profitait pas de ces quelques minutes, c'était peut-être tout un château de carte qui allait s'écroulait. Le complexe allait certainement remettre les pendules de cette alliance à l'heure. Il n'y avait donc pas de seconde à perdre... Takeo décida alors de rebondir sur cette dernière remarque, c'était la meilleure façon de toucher un sujet pouvant être sensible.

- Vivre dans la rue t'as sacrément façonné dis donc... Mais je me pose une question. Comment as-tu fini par vivre de la sorte ? Autant moi j'y suis allé, plutôt contraint, suite à ma fugue... mais toi ?

Sentant qu'il frôlait un point de rupture bien fragile, Takeo ralenti très légèrement sa marche. Il voulait mettre un minimum de distance entre lui et Asch, mais pas trop. Son acte ne devait probablement pas être remarquer par son interlocuteur... quoi que... ce dernier était bien observateur aussi... Qu'allait-il se passé ?

Age

S’ils n’étaient plus qu’à quelques minutes des sources chaudes, ils n’avaient pas pour autant arrêté de parler, bien au contraire. Les questions se faisaient plus hardies et personnelles, sans susciter trop de rejet de la part de celui qui les recevait. Si avant c’était plutôt Asch qui menait la danse en posant les bonnes interrogations, c’était maintenant au tour de Takeo, qui n’avait pas hésité à aborder des sujets extrêmement sensibles. Pour ensuite conclure que lui-même ne faisait rien de bien avec son pouvoir, ce à quoi Asch avait répondu avec naturel, malgré des propos assez violents. Mais c’était la vérité. Il ne savait pas trop comment le jeune homme allait réagir suite à cette déclaration sur le fait qu’il aime détruire physiquement –et il aurait pu rajouter mentalement, mais Takeo devait avoir remarqué de lui-même qu’il aimait appuyer là où ça faisait mal-. Si un psychologue s’était penché sur son cas, peut-être en aurait-il conclu que cette envie venait d’un besoin de se sentir maître de quelque chose, ou encore une réponse normale au milieu hostile dans lequel il avait évolué toute son enfance. La vérité était pourtant bien plus simple : Asch savait pertinemment que la vie était absurde, aussi avait-il choisi en réponse le divertissement –comme le dirait Sade- comme voie à suivre. Et il fallait bien avouer que tester les limites physiques et mentales de ses compatriotes humains étaient très agréables. C’était tout.

Heureusement Takeo l’avait plutôt bien pris, en partant dans un éclat de rire, qui semblait montrer qu’il en avait conscience. De toute manière, il n’y avait rien à répondre à cela. C’était un fait, assez malsain, mais juste cela. Asch hésita à lui demander si lui aussi aimer jouer avec le mental des autres, puisqu’il semblait disposer d’une perspicacité et d’une bonne répartie, mais il ne lui semblait pas assez mauvais pour ça. Il pouvait toujours se tromper, mais il avait été assez franc au début avant que lui n’attaque, et il lui manquait peut-être un peu d’objectivité aussi, vu qu’il avait été assez vite pris par les sentiments, mais rien ne pouvait lui indiquer qu’il ne s’agissait pas d’un autre stratagème. Le coup du donnant-donnant, sauf que généralement il fallait donner de l’inutile pour que ce soit rentable. M’enfin, Asch comptait bien rester sur ses gardes encore un peu, même s’il lui délivrait des fragments de sa vie et de sa manière de penser. L’entente restait fragile, mais d’actualité. Il se décida finalement à le questionner là-dessus, curieux de savoir ce qu’il en pensait.

Et toi, ça te plaît de ‘jouer’ avec les gens ? T’es plutôt doué pour les faire parler en tout cas.

Un sourire, franc, tandis qu’il attendait la réponse, qui ne viendrait peut-être pas. De toute manière, Takeo pouvait tout dire, il ne risquait pas d’être choqué. Après un silence partagé, Takeo reprit la parole, s’attaquant une nouvelle fois à sa vie personnelle, avec la même franchise, en répondant également à celle-ci pour sa part, comme pour montrer qu’il en savait plus. Encore le donnant-donnant en quelque sorte, sauf que Asch avait obtenu toutes les informations sans rien –ou presque- céder, et qu’il n’avait commencé que pour lui montrer son respect naissant, aussi avait-il un peu l’impression de se faire avoir. Soit, il répondrait à sa question, mais il n’hésiterait pas à demander une autre réponse en échange. Il ne faisait pas partie des gens qui racontait leur vie, ni de ceux qui étaient soulagés de faire cela. Lui n’avait rien à gagner, tout à perdre, alors autant en apprendre d’avantages sur Takeo.

On pouvait en effet dire qu’une bonne partie de sa manière d’être venait du fait qu’il avait passé du temps à traîner dans la rue, avec des personnes plus ou moins fréquentables. Même si au fond de lui il savait qu’il devait bien y avoir eu une graine de folie ou de pourriture pour qu’il devienne ce qu’il était. Comment avait-il fini par vivre comme ça ? C’était assez facile comme question, sachant que dans les banlieues à problème, comme là où il vivait, les seuls moyens de s’en sortir étaient l’école ou la rue. Lui n’avait eu aucun attrait pour le premier, avec à sa défense les mauvaises conditions d’enseignement, aussi la deuxième voie semblait toute tracée. On aurait pu blâmer ses parents, un peu trop absents, mais Asch savait qu’ils n’y étaient pas pour grand-chose, avec la majeure partie de leur temps mangée par des petits jobs. Mais à ce moment-là, il n’avait pas franchi la limite. Ce qui l’y avait poussé, ça avait été lorsque son frère était tombé malade, et avait dû être hospitalisé. Seulement, ce n’était pas dans leurs moyens. Mais ça, Takeo n’avait pas besoin de le savoir non plus, lui qui déjà avait connaissance de l’existence de la maladie de son frère, et de pas mal de chose. Qu’il arrête d’en parler d’ailleurs, il n’avait déjà tendu que trop de perches. Pour répondre, il choisit un ton assez ironique, et un peu dédaigneux, à l’image de celui qu’aurait pu prendre un assistant social s’il avait du parler des gens comme lui.

Le schéma classique. Banlieue pourrie, échec scolaire, et besoin d’argent.

Décidément il avait du mal à se passer de ses réponses courtes et concises. Mais au moins maintenant répondait-il aux questions posées. Il remarqua alors que Takeo était bien plus loin qu’auparavant, ayant dû se retourner à demi pour lui parler. Il sourit de manière spontanée, se retenant presque de rire. Il faisait aussi peur que ça ? Remarque, il fallait bien avouer qu’il l’avait agressé auparavant pour bien moins que cela, mais il pensait que ce temps était révolu. Sans doute avait-il remarqué la tension lorsqu’il abordait des sujets sensibles, reflétant la bombe à retardement qu’il était. Mais autant parler de son frère et de ses motivations le dérangeaient, autant il se moquait de parler de la période où il avait vécu dans la rue. Encore plus avec Takeo, qui lui était en mesure de comprendre. Il choisit de lui montrer qu’il avait vu sa manœuvre –même si en retard- par une petite remarque joueuse, sans reprendre le ton acerbe et ironique qu’il avait lorsqu’il lui envoyait des piques, avant.

Une petite fatigue ?

Asch en profita pour s’arrêter, puisqu’ils étaient presque à l’entrée des sources. Il se demandait ce qui allait se passer une fois qu’ils en auraient franchi le seuil. Pour sa part, il serait bien resté à discuter encore un peu, avant de rentrer prendre une douche. Le tournoi de ping-pong devait déjà être fini, et il n’avait plus le satané programme pour savoir qu’est-ce qui était prévu ensuite. En attendant de se décider, et de savoir ce que comptait faire son colocataire, Asch en profita pour réfléchir à une nouvelle question. Un point le dérangeait, mais il ne savait pas trop comment l’aborder sans qu’il ne se braque. Ce n’était pas pour faire pression, non, juste pour comprendre. Takeo avait montré plusieurs signes de claustrophobie ou d’agoraphobie, et il se demandait si c’était lié à un mauvais souvenir. Malgré la désagréable impression de s’acharner un peu là-dessus –ce qu’il ne souhaitait pas-, il se décida tout de même.

Au fait, t’es pas obligé de répondre, hein, mais y’a une raison qui fait que tu t’sens mal au milieu de la foule ?

Il ne voulait pas tourner autour du pot, mais il lui laissait également une porte de sortie. Le choix de ne pas répondre. Ce qu’il avait effectivement de toute manière, mais là il voulait lui montrer que ça n’aurait pas de conséquences. C’était quand même assez bizarre que quelqu’un comme lui, qui semblait assez équilibré ait une phobie pareille. Sauf si bien sûr il lui était arrivé quelque chose de traumatisant.

Age

Inévitablement, la discussion entre les deux hommes s'orientait de plus à plus vers celle qu'ils avaient eu tout au long de la journée. Si le ton restait encore amical, il était clair que l'un comme l'autre cherchait à obtenir des informations. C'était pas forcément grand chose, mais inconsciemment, leur curiosité, ou du moins celle de Takeo, le faisait gentiment revenir de ce côté-là. Toutefois, il fallait être calme et surtout pragmatique. Une erreur pouvait rompre le faible lien que les deux jeunes avaient réussi à tisser entre eux. Jouer les manipulateurs était bien trop dangereux et il fallait donc se contenter de rester honnête, simple et direct. On ne pouvait pas demander n'importe quoi. Takeo voulait en apprendre plus sur le passé d'Asch, il voulait comprendre ce qui l'avait façonné comme ça. Il voulait savoir pourquoi il avait vécu dans la rue et ce qu'avait son frère. Mais tout ça, Asch le cachait bien... restait à savoir si il allait craquer.

Suite à quelques revers de discussion, ils en étaient arrivé à parler de leur pouvoir, où plutôt de ce qu'ils en pensaient. C'était aussi très intéressant de savoir ce que le "porteur" pensait de cela. Avoir un pouvoir n'était pas positif, du moins pas pour tout le monde. Il y avait déjà des pouvoirs handicapants, et d'autres qui pouvaient simplement nous mettre dans de mauvaises situations. De plus, n'oublions pas que la société actuelle n'était pas encore prête à accepter et assumer des personnes comme ça.

En guise de réponse, Takeo exposa son avis en expliquant ne pas être contre son pouvoir. Malgré la vie difficile qu'il avait eu, il l'acceptait et préférait assumer lui-même ses erreurs. Il était finalement le seul responsable de son histoire. Après quoi, il renvoya alors la question au jeune homme qui lui répondit que son pouvoir lui avait permis de survivre et qu'il allait lui permettre d'aider son frère. Tout cela, Takeo le savait déjà mais cela allait lui permettre d'être désormais sûr. Pas plus mal. Suite à cela, Asch fit alors une remarque concernant les bonnes paroles de Takeo. Sur le coup, le jeune homme ne su comment le prendre. Etait-ce une attaque ? Une constation ? Une simple remarque ? Difficile à dire... Takeo regarda alors Asch et vit un petit sourire dessiné sur son visage. A quoi bon mentir ? Aller.

- Je ne suis peut-être pas très fort avec les bras, je compense avec la langue. Mais tu te défends aussi très bien dans ce domaine. Ce qui rend notre conversation bien plus intéressante.

Suite de quoi, il esquissa aussi un sourire. A la fois honnête mais aussi joueurs. Un silence vint alors gentiment s'installé entre eux avant d'être brisé par des bruits qui semblaient venir du complexe sportif. En effet, durant le longue discussion, les deux compres n'avaient cessé de marcher et était finalement arrivés à leur destination. Cela ne laissait que peu de temps à Takeo pour essayé de grapiller quelques informations. Il tenta alors une dernière question, une qui lui permettrait peut-être d'apprendre comment et pourquoi Asch avait fini dans la rue. Le ton de la réponse fut ironique, daidégneux. Cela ne devait probablement pas faire plaisir à Asch de répondre et la réponse fut alors très succincte, comme d'habitude. Dommage. Takeo avait peut-être utilisé sa dernière cartouche...

Asch reprit alors vite la parole, faisant une remarque joueuse sur le léger retard que Takeo avait pris. En effet, ce dernier avait décidé de prendre un peu de recul suite à sa question, étant un peu méfiant. Heureusement pour lui, cela fut inutile, mais doublement malheureusement pour lui : la réponse n'apporta rien et Asch se permit de le narguer sur ce retard. Takeo le prit du bon côté, c'était une bonne remarque et il n'avait aucun doutes sur le fait qu'Asch comprenait très bien le recul du jeune homme.

- Trop de sport tue le sport comme on dit...

Suite à cela, il s'arrêta alors au même niveau qu'Asch. Le centre était juste là. Un petit silence s'installa. Les deux jeunes réfléchissaient l'un et l'autre à la suite des évènements. Maintenant il n'y avait rien qui les obligeaient à se cotoyer. Il pouvait tout d'eux repartir à leurs occupations. Mais Takeo ne voulait pas, pas déjà. Il n'avait pas pu déceler ce qu'Asch cachait... mais peut-être que cet adversaire était finalement meilleur ? Peut-être qu'il ne valait mieux pas en apprendre plus ? La curiosité était un vilain défaut. Ca, Takeo le savait. Le silence fut alors brisé par une question d'Asch. Le sujet changea alors totalement pour en venir à un élément précis concernant Takeo. Sa claustrophobie. En effet, le jeune homme était atteint de ce trouble psychologique depuis ses 12 ans et avait fait une légère crise durant la pause de midi. Asch avait même dû intervenir pour l'aider. C'est peut-être à cause de cette aide que Takeo se sentit obligé de répondre. Même si c'était personnel, il se sentait redevable pour l'aide.

- Plus jeune, j'étais souvent le petit garçon qu'on pointait du doigt, de qui on se moquait. J'ai toujours été seul contre tous et du coup j'apprécie que moyennement me retrouver au milieu d'une foule d'inconnu. De plus, je souffre de claustrophobie suite à une mauvaise expérience et dès que mon espace se restreint je me sens mal... comme tu as pu le constaté à la cantine.

Takeo sourit alors après cette réponse, montrant clairement qu'il n'avait aucun problèmeà dire ça. Comme dit, il lui était redevable sur ce point. Le jeune homme regarda alors autour de lui. Ils étaient arrivés, quelques pas et le complexe était à eux... Une ultime question vint alors au bout de ses lèvres. Le ton utilisé fut calme, curieux, profond si l'on peut dire.

- Dit moi... si tu avais la chance de changer une chose dans ta vie ? Que changerais-tu ?

Age

A trop parler et être en demi-confiance, Asch commençait à lancer des phrases sans réfléchir. Ainsi avait-il avoué sans gêne à Takeo que le fait de jouer avec les personnes ne le dérangeait pas, avant de lui demander ce qu’il en pensait. Ce dernier avait déclaré compenser son manque de force physique par une langue acérée. Ce qui ne répondait pas totalement à la question, mais laisser entrevoir quelques perspectives. Il essayait de prendre l’avantage par la parole, et, tout comme lui, semblait spécialiste dans le fait de soustraire des informations. Seulement, il aurait voulu savoir ce qu’il en faisait après, s’il s’en servait ou si ce n’était qu’une ‘mauvaise’ manie. Connaître un peu les risques, quoi. Mais là-dessus, intentionnellement ou non, il en restait au même point.

Il sourit néanmoins à l’évocation du degré d’intérêt de leur conversation, puisqu’il en pensait la même chose. Si Takeo était un peu à la traine niveau physique, le mental remontait pas mal le niveau. Et ça faisait longtemps que Asch n’avait pas eu d’échanges aussi finement menés, où chaque mot comptait. Un adversaire de valeur, mais aussi peut-être un futur ami. Ou connaissance du moins. La suite des événements lui donnerait tord, ou raison. N’ayant pas grand-chose à répondre à l’interrogation suivante de Takeo, il se contenta d’une réponse courte mais claire, bien qu’il omette les raisons qui l’avaient poussé à avoir besoin d’argent. Après tout, pleins de gens voulaient plus d’argent, aussi imaginait-il que Takeo n’irait pas chercher plus loin. Et ce fût ce qu’il fit, du moins pour le moment.

Il avait alors remarqué que Takeo s’était un peu éloigné, comme pour se protéger, aussi lui avait-il fait une allusion implicite là-dessus, sans méchanceté, juste pour lui montrer qu’il restait attentif. Ce à quoi Takeo répondit d’assez bonne grâce en entrant dans son jeu, comme s’il avait vraiment été fatigué. Décidément il était ravi d’avoir écopé de celui-là comme colocataire, et un large sourire qui fendait ses lèvres en était la preuve. Dire que s’ils ne s’étaient pas rencontrés ici, ils ne se seraient peut-être jamais parlé, au vue de la grandeur du pensionnat. Comme quoi le hasard faisait bien les choses. Ou pas, suivant les points de vue.
Asch s’était ensuite arrêté, juste devant l’entrée du centre. Il ne voulait pas en franchir les portes tout de suite, et était un peu curieux de voir ce que Takeo en pensait.

Après un léger silence, où sans doute chacun d’eux réfléchissait à la suite des événements, Asch se risqua à une question un peu personnelle, voire épineuse. La claustrophobie possible de Takeo. Il n’attendait pas vraiment de réponse, ou alors une en cul-de-sac, mais finalement il se lança. Peut-être la ‘crise’ au réfectoire lui avait effleuré l’esprit, ou l’ordre du moment qui semblait à la –demi- franchise. Dans tous les cas, sa pseudo dette était effacée. Il lui avoua avoir été une sorte de souffre-douleur lorsqu’il était jeune, faisant jaillir instantanément une question.

Pourquoi ?

C’était bref et sans doute un peu rude, mais ça lui avait échappé. Takeo donnait plutôt l’impression d’être le genre de gars bien sur soi, qui est doué scolairement, et socialement vu sa manière de parler. Quoique le dernier point ne fût pas sûr, même s’il pouvait affirmer parler avec éloquence. Mais cela lui venait peut-être de quelque problème de jeunesse ? Asch ne pouvait pas savoir, mais il restait assez surpris. Bon okay, les intellos étaient moyennement appréciés chez les jeunes, mais là encore ça dépendait de l’endroit, et du caractère. Beaucoup s’en tiraient pas trop mal, et pour les autres.. Ils changeaient d’établissement. S’en voulant un peu de l’avoir coupé, il se tût et attendit la suite, qui ne tarda pas. Comme il l’avait deviné, sa peur lui venait d’un souvenir pas très heureux, même s’il ne lui avait pas raconté de quoi il s’agissait, et qu’il souriait en disant ça. Mais il l’avait assez questionné sur ce sujet, aussi il se contenta d’acquiescer en silence, comme pour montrer qu’il respectait son problème. Ce qui était assez rare, il fallait bien l’avouer, puisqu’en d’autres circonstances, avec quelqu’un d’autres, il se serait sans doute empressé de trouver le moyen de l’enfermer au fond d’un vieux placard ou autre pour voir ses réactions. Charmant.

Takeo enchaîna ensuite avec une autre question, sur un ton apaisé, en relation avec tout ce qu’ils s’étaient dit auparavant. Que changerait-il dans sa vie ? Il prit le temps d’y réfléchir sérieusement. Peut-être le lieu de naissance et de vie, pour qu’il n’ait pas à fréquenter des gangs, ou alors recommencer pour bosser à l’école, et prendre l’autre voie de sortie. Ou encore être enfant unique, pour ne plus avoir de scrupule ni de chose à accomplir, et jouer son rôle de petite frappe jusqu’au bout. Peut-être même aurait-il pu répondre qu’il aurait préféré ne pas naître.

Je ne changerai rien.

Il avait parlé sur le même ton que Takeo, serein. On pouvait voir cela comme de la résignation, mais son éternel sourire devenu mordant, et ses yeux qui brillaient d’un drôle d’éclat laissaient entrevoir une autre option. Il n’était pas heureux, c’était un fait, mais il trouvait quand même de bons côtés dans sa manière de vivre. Et puis c’était ce qui faisait qu’il était ce qu’il était. Point. D’autant plus qu’il n’y avait aucun moyen de changer quoi que ce soit, alors le problème était réglé. Mais lui, quel était son avis ? Il devait bien avouer que c’était une bonne question.

Et toi ?

Asch le dévisageait, curieux de savoir ce qu’il allait répondre. Sans doute allait-il évoquer l’envie de changer certains de ses choix, mais il semblait que même avant la découverte de son pouvoir, il n’était pas si heureux qu’on pouvait le croire. Il disait que tout lui était tombé dessus avec son apparition, mais ça ressemblait à un demi-mensonge. Puisque déjà petit, il avait du en baver pas mal, lui laissant même des ‘séquelles’ maintenant, avec sa claustrophobie.

Age

C'était la fin de leur marche, la fin de leur périple. En effet, Asch et Takeo avait enfin rejoint la civilisation. Lors du chemin, les deux jeunes hommes avaient appris à se connaître l'un et l'autre. A l'image de cette journée entière, Takeo s'était plus ouvert que son colocataire mais il ne fallait pas mentir sur ce dernier, le simple fait qu'il parle de son frère à de nombreuses reprises était un exploit en soi-même. Asch était un homme mystérieux et ce mystère c'était lui qui le maintenait un place. Il était difficile alors difficile de le juger sans prendre de conclusions qui pourraient s'avérer bien hâtives. Si la fin de cette marche marquait la fin de ce que l'on pouvait qualifier de round trois, elle laissait aussi une porte ouverte vers un éventuelle match-retour. Et oui, à travers leur joute verbale, à travers leurs moqueries, leurs coups... les deux jeunes avaient trouvé un terrain d'entente. Au point que la fin du chemin se fit dans la bonne humeur, malgré des sujets de conversation toujours sérieux. Pouvions-nous dire que Takeo s'était fait un nouvel ami ? C'était peut-être encore trop tôt pour le dire, mais cela en avait tout de même tout l'air.

Arrivés face au centre, les deux jeunes hommes semblaient avoir les mêmes pensées. Ils n'avaient plus rien à faire ensemble, rien ne les retenait. La forêt, le chemin perdu avaient été des facteurs les obligeant plus ou moins à cohabiter mais maintenant ? Qu'allait être la suite des évènements ? C'était dur à dire. Asch en profita quand même pour s'intérressé encore à quelques éléments concernant notre jeune héros. Sa claustrophobie plus présicément. Takeo, se voyant plutôt redevable suite à l'incident de midi, ne vit aucun problème à lui parler vaguement de ses problèmes d'enfances. Sans forcément rentrer dans les détails. Mais c'est tout aussi spontanément que directement qu'Asch en demanda un peu plus, il voulait savoir pourquoi. Pourquoi Takeo avait été une sorte de martyr ? Interrompant alors son discours, le jeune homme se décida à lâcher quelques précisions supplémentaires.

- On va dire que j'étais un enfant assez aisé sur beaucoup de point et j'étais, comme aujourd'hui, un gringalet si l'on peut dire. La jalousie... la supériorité... bref, j'étais désigné pour être une victime.

Si repenser à ces souvenirs n'étaient pas réellement agréable, la sensation de tristesse qui habitait le jeune homme s'estompait au fur et à mesure que ce dernier s'ouvrait. C'était bien la première fois dans la journée que Takeo ressentait un réel bien à parler de ses problèmes avec Asch. Est-ce qu'une confiance s'était installé entre eux ? Ne jouons pas trop vite des mots. Takeo prenait des risques à donner des informations fragiles le concernant. Asch était imprévisible et malin. Mais lorsque notre héros le regardait, il n'y voyait qu'une personne intéressée. Une personne qui l'écoutait. Les raisons restaient vagues, étaient peut-être même mal-attentionnées, mais qu'importe sur le moment. Si Takeo devait prendre ce risque, il le ferait.

Suite à cela, le téléporteur se hâta de trouver une ultime question. Une sorte de barroud d'honneur avant l'inévitable séparation qui les attendait. Il fit alors la synthèse de toute la discussion. Il combina cela en une question simple mais très intéressante. Malheureusement, il en espérait plus de la part d'Asch qui se contenta d'une réponse négative. Takeo l'avait observé avec intérêt. Si cette réponse sentait la résignation à des kilomètres à la ronde, Takeo ne pouvait se permettre d'en demander plus sur le coup. Asch avait joué le jeu et avait répondu. Notre jeune héros venait alors d'utiliser sa dernière cartouche et ce fut un coup dans le vide. Il quitta alors le regard de Asch, quitta le sourire esquisser sur le visage de ce dernier et regarda un bref instant ailleur, l'air déçu. Il était déçu de cette réponse mais pas que. Il était aussi déçu que cette après-midi se finisse comme cela.

Takeo refit alors face à Asch lorsque ce dernier repris la parole. Comme la plupart de leur échange, une question était souvent suivit du maintenant célèbre "et toi ?". En posant la question, précédemment, Takeo n'avait pas vraiment réfléchis à sa propre question. Il leva alors les yeux au ciel et réfléchit quelques instants. Que pouvait-il changer ? Son pouvoir ? Non, il y était trop et ce dernier faisait partie de lui-même. Ces parents ? Finalement pourquoi ? Ils avaient été de parfait parents jusqu'à la découverte de son pouvoir. C'était même lui qui leur avait montrer... Il aurait voulu ne pas être une victime à l'école ? Ne pas fuguer ? Ne pas voler ?.... Plus Takeo y pensait plus un nombre incalculable de choses s'emmelaient dans son esprit. Il finit alors par se secouer la tête et répondit calmement.

- Je ne changerai probablement rien non-plus en y repensant. Personne n'a une vie parfaite, pourquoi nous embêter à nous en imaginer une.

Il souria alors et laissa s'échapper un petit rire avant de reprendre la parole.

- Ah si... Je changerai une chose en fait. Il s'approcha alors de son colocataire et posa sa main droite sur l'épaule droite de ce dernier. Je pense que je ne t'aurai pas cherché autant que ça.

Il retira alors ensuite sa main et laissa s'échapper un petit rire. C'était une façon de terminer cette discussion sur de l'humour, de quoi détendre une dernière fois l'athmosphère. C'était aussi une façon pour Takeo de montrer que peu importe ce qu'il s'était passé entre eux, il n'avait aucune amertume, aucune rancune particulière. En disant cela, il avouait clairement avoir cherché le conflit et l'avoir finalement trouvé. Espèrons qu'Asch allait le prendre bien aussi.

Takeo pensa alors à quelques choses et fouilla dans sa poche pour en tirer un papier chifonné. C'était le programme de ce week-end. Il regarda alors ce qui était prévu pour se soir et ne vit rien. Toutefois, il eut quand même idée.

- 22h couvre-feu.. C'est tôt dis donc... Y a surement des choses à faire après cette heure, tu penses pas Asch ?

Il le regarda alors, un sourire joueur... attendant sa réponse.

Age

Takeo avait osé lui parler de ses problèmes d’enfance, et sans beaucoup de tact une question avait jailli du côté de Asch. Pourquoi était-il martyrisé durant son enfance ? Bien sûr il n’avait pas pensé à mal en demandant cela, c’était plus le reflet de son incompréhension là-dessus. Mais ce dernier avait eu la gentillesse de s’interrompre pour lui répondre, avant de reprendre. Si le fait d’être un gringalet ne justifiait rien selon Asch, qui était bien pire sur ce point en plus d’être plus petit, puisqu’il suffisait juste selon lui d’apprendre à parler avec plus d’assurance et taper plus fort, le premier point semblait une raison suffisante. Si en plus d’être bon élève il venait d’une famille assez aisée, surtout s’il était dans les quartiers pas très riches, ça devenait en effet ce qu’il disait avoir été. Une victime.

Pour un peu il aurait compati, mais il savait que ce n’était pas ce qu’attendait le jeune homme. Aussi il garda une fois de plus le silence. Même si ce n’était pas très glorieux, il le respectait tout de même sur la manière dont il en parlait, comme si cela ne l’affectait plus trop, même si ça devait être peu reluisant. Il connaissait bien la cruauté et l’inventivité malsaine dont pouvaient faire preuve les enfants, et nul doute que certains trucs ne devaient pas être jolis à voir. C’était peut-être d’une de ces ‘farces’ dont venait sa phobie ? Il ne se risquerait pas à lui demander pour le moment en tout cas, puisqu’il avait déjà répondu de bonne grâce à pas mal de ses interrogations, alors le pousser un peu aurait été d’une mauvaise foi absolue.

Puis était venu ce qui semblait être la question finale, du moins pour cette après-midi. Puisqu’ils étaient finalement arrivés à destination, que l’entrée du complexe se dessinait juste devant eux, qu’il n’y avait plus de raison qui les liait ensemble. Qu’auraient-ils aimé changer dans leur vie ? Si Asch aurait pu sortir pas mal de choses, il se contenta d’un ‘rien’, qui reflétait son état d’esprit. Parce que s’il ne s’aimait pas vraiment, au moins s’assumait-il pleinement. Mais cela ne semblait pas être la réponse attendue par Takeo, puisqu’il semblait assez déçu. Sans doute aurait-il voulu pouvoir mieux le cerner avec ça. Mais il lui avait répondu le plus franchement possible, et ne reviendrait pas là-dessus.

Vint ensuite l’inévitable ‘et toi ?’. Après un silence, pendant lequel il devait sans doute réfléchir, Takeo opta pour le même style de réponse. Comme quoi ils étaient un peu sur la même longueur d’onde. Mais il différait juste sur un petit point. Pour lui, s’il avait voulu changer quelque chose dans sa vie, ça n’aurait pas été pour qu’elle devienne parfaite, mais juste un peu meilleure. Parce que rien n’était parfait était la réponse la plus bidon pour expliquer cela, mais il pouvait ajouter que ceux qui s’en approchaient devenaient mous et peu intéressants. Du moins de son point de vue.

Heureusement, une vie parfaite serait d’un ennui..

Lâcha-t-il du bout des lèvres, souriant d’un air un peu joueur, tandis que Takeo riait. Ce dernier reprit ensuite la parole, pour un trait d’humour assez sympathique. Mais ce faisant, il posa une main sur l’épaule de Asch, qui se raidit de manière involontaire. Il n’y pouvait rien, c’était même presque viscérale, mais il ne supportait pas le contact physique. Sauf avec une jolie femme à la rigueur. En temps normal, il aurait réagi immédiatement pour que ça cesse, mais il se retint du mieux qu’il pouvait. Parce que c’était amical, et que ça venait de Takeo, qu’il commençait à respecter et apprécier. Heureusement pour lui, ce dernier le lâcha rapidement, et il se contint un léger soupir de soulagement. Il faudrait qu’il pense à régler ça, un jour, ça aurait pu devenir gênant. Ayant récupéré toute sa maîtrise, il sourit à son tour, pour montrer qu’il ne le prenait pas mal, au contraire, avant de répondre sur le même ton.

Tu ne devais sans doute pas t’imaginer que je partirai aussi vite

Un sourire moqueur, mais plus envers lui-même qu’autre chose. Parce que Asch savait pertinemment qu’il était bien trop susceptible et impulsif, et que c’était presque entièrement sa faute si ça avait failli tourner au vinaigre. Même si au final il ne regrettait rien, puisqu’il lui semblait qu’une sorte de lien s’était tissé entre eux, avec tout ce qu’ils avaient appris l’un sur l’autre. Fragile, certes, mais bien là. Maintenant il était temps qu’ils aillent chacun de leur côté, jusqu’à la prochaine rencontre. Sauf si.. Takeo sortit à ce moment là le programme de sa poche, le regarda un instant, puis lui proposa une autre rencontre, plus tardive cette fois.

Oh oui, ce serait bien dommage de dormir si tôt..

Il acceptait, avec un grand sourire joueur à son tour, pour ce qui s’annoncer assez sympathique. Après le couvre-feu, il y aurait d’autres genres de choses à faire, mais il ne doutait pas qu’ils s’ennuieraient. Après l’avoir bien regardé dans les yeux pour être certain qu’il comprenne qu’il était d’accord, il fit un bref signe de la main, et partit s’engouffrer dans les couloirs, pour prendre une douche bien méritée.