C'est l'heure du.. dududu DUEL !

Age

Samedi - 16h55

Takeo avait gardé en tête les derniers instants passés avec Asch. Il avait joué la carte de la provocation, de la domination et cela fortement déplût à son compagnon qui n'avait absolument pas voulu cacher cela. Le manque de respect était une chose grave dans les traditions japonaises et il le savait. Mais lorsque l'on veut pousser quelqu'un à ses derniers retranchements tout est bon. Pendant un instant et pour le premier fois, Asch s'était montré hésitant et Takeo en avait donc profiter. Ce n'était pas forcément très malin de provoquer quelqu'un comme Asch. Si Takeo ne le connaissait pas mais s'était quand même déjà rapidement fait un avis sur le personnage. S'il avait prédit un caractère impulsif, il fut aussi étonné de voir que son adversaire verbal était aussi pourvu d'un bon sang-froid. Si la colère n'était que très peu camouflée, elle était en tout cas contenue. En quittant la cafétéria, Takeo laissa alors Asch et sa colère sur place, dans une tension au bord de la rupture. C'était finalement juste le bon moment pour se séparer.

Takeo profita alors de sa journée pour faire le tour des montagnes, empruntant les chemins pédestres qui sillonnaient les flancs montagneux des sources chaudes. Ce n'était pas réellement une visite touristique mais plutôt une prise de repère. Le jeune homme avait pris l'habitude de bien observé son environnement. Son pouvoir était un gros atout mais avait quand même une grosse lacune. Il fallait avoir visité le lieu de destination ou le voir. S'il ne sortait donc pas du complexe, il était finalement comme enfermé dedans. Il avait donc pris le temps de visiter les bains et la forêt. Il avait désormais en tête un bon nombre de lieux qu'il allait pouvoir utiliser en cas de problème. Il ne s'attendait absolument pas à avoir de problèmes mais c'était devenu une habitude sécuritaire d'analyser son environnement.

Durant son périple, Takeo prit la peine de s'arrêter à quelques endroits pour réfléchir. Depuis qu'il était arrivé, Asch était la personne avec qui il était rentré en contact. La première personne avec qui il avait pu ouvertement utiliser et parler de son de pouvoir. Si cela peut paraître anodins pour plusieurs personnes, c'était loin d'être le cas pour le jeune homme qui se sentait un peu plus accepté dans ce monde. Mais ce n'était pas tout... Asch était aussi le premier jeune homme dont le tempérament mettait Takeo en difficulté. Sous ses airs de brute épaisse, Asch cachait de nombreuses choses et la curiosité du téléporteur désirait en savoir plus. D'autres choses étaient aussi intéressantes. Pourquoi Asch l'avait finalement "accepté" ? Il était évident pour Takeo que tout comme lui, Asch portait un intérêt à rester avec lui. Il avait rapidement compris que son pouvoir était un point sensible de cette joute verbal. C'était comme un atout qui permettait à Takeo de garder un certain intérêt pour Asch, il carte qu'il ne s'était pas privée d'utiliser en quittant le réfectoire plus tôt.

L'après-midi fut agréable. Le ciel était bleu et le soleil baignait les montagnes dans un flot de lumière sans pareil. L'heure tournait peu à peu et Takeo se devait de ne pas être en retard pour ce qui semblait être l'équivalent d'un round deux. Lorsqu'il regarda l'heure sur son portable, ce dernier indiqua 16h37. Ne désirant pas utilisé ses pouvoirs pour rentrer, il rentra alors à pied et arrivé un quart d'heure plus tard. Lorsqu'il franchit les portes du complexe, un nouveau brouhaha avait prit place dans la salle commune. Si l'on pouvait entendre des élèves parler et rigoler, on entendant désormais aussi le "poke poke" incessant des balles de ping pong. Lorsque Takeo arriva alors à salle commune, il vit que cette dernière était désormais dépourvue de table ça et là. Faisant rapidement le tour de la salle, il remarqua une table encore vide et s'avança alors vers elle. Deux raquettes et trois balles étaient à disposition. Il s'équipa alors et se mit à jongler. Takeo était très loin d'être un bon joueur de ping pong, mais il n'était pas non-plus mauvais.

Il posa alors le tout sur la table et ressortit son portable de la poche. 16h58. Asch n'allait probablement pas tardé à arriver... enfin, s'il comptait effectivement venir. Takeo ne pouvait se permettre d'être sûr à 100% avec une personne au caractère si imprévisible. Mais la fin de la première manche était à son avantage... Asch n'allait probablement pas raté une occasion de reprendre le main. Attendons alors...

Age

Samedi – 17h03

L’après-midi était déjà bien avancée alors qu’il commençait à s’inquiéter de l’heure. Bien évidemment, il avait oublié la sienne au pensionnat, et s’en trouvait assez indisposé. Vu la minutie avec laquelle le week-end avait été minuté, il risquait de rater quelque chose. Aussi avait-il tout simplement ‘emprunté’ pour un laps de temps indéterminé une montre à un des étudiants. Celle-ci, d’un gris métallique banal ornait maintenant son poignet gauche, et il en profita pour regarder l’heure. 16h50. Merde il avait quelque chose de prévu à 17h00, mais il ne savait plus où ni avec qui. Mémoire de poisson rouge lorsqu’il ne s’agissait pas de stocker des informations ou d’être rancunier. Sortant son programme chiffonné de la poche, il regarda l’activité prévue : tournoi de ping-pong. Et comme par magie, tout lui revint.

Son colocataire devait sans doute être entrain de se rendre sur place, la salle commune si ses souvenirs étaient bons. Un certain Takeo, avec qui il avait passé la matinée. Un homme intéressant, qui avait bien voulu lui céder suffisamment de chose pour qu’il puisse le cerner grossièrement. Son pouvoir, la téléportation, semblait bien pratique et il avait pu le voir à l’œuvre lorsqu’ils s’étaient séparés, mais ce qui lui plaisait le plus était son répondant et ce qu’il pouvait sans trop se tromper lui attribuer comme qualités de réflexion. Les pouvoirs étaient le must ici, mais ils ne l’intéressaient que dans la mesure où il était capable de les exploiter, ou juste d’en apprendre d’avantages. Ceux qui en possédaient ne différaient en rien des personnes normales selon lui, ce qui lui valait quelques ennuis lorsqu’il provoquait disons la mauvaise personne. Mais jusqu’ici il avait réussi à s’en tirer, et ne comptait pas changer sa manière d’être. De toute manière, le pouvoir de la personne qui occupait une partie de son intérêt n’était pas offensif, alors.. Seulement ils ne s’étaient pas quittés en très bon terme, même si cela était resté implicite. Takeo avait joué avec le feu, et il avait failli se brûler. Néanmoins ils repartiraient à zéro sans doute pour cette prochaine manche. Parce qu’ils n’allaient sûrement pas uniquement taper dans une balle à répétition.

Depuis qu’il l’avait laissé, Asch en avait profité pour visiter un peu le lieu en lui-même, avec les bains et le reste, puis était sorti et avait parcouru les alentours. Il aimait bien être au beau milieu de la nature sauvage, qui au fond ressemblait un peu aux rues dans lesquelles il trainait il y a ce qu’il lui semblait une éternité : elle ne faisait pas de cadeau, mais restait néanmoins plus jolie et moins fréquentée. Il y retournerait sans doute le lendemain, puisque chaque chose en son temps, et que le tournoi avec Takeo occupait en cet instant le haut de ses priorités. Il était donc rentré, avait gagné une montre, puis voyant l’heure, c’était mis en route vers la salle commune.

Si un peu plus tôt il semblait sur le point de craquer et de céder à la violence, il avait retrouvé tout son sang-froid, comme si rien ne s’était produit. Bien évidemment, il n’oubliait pas, loin de là. Mais ça, il pourrait toujours s’en occuper plus tard. Trouvant sans se presser son chemin, puisqu’il s’était repéré avant, il arriva avec quelques minutes de retard au lieu qui servirait de cadre à leur nouvel affrontement. Bien que l’heure du déjeuner soit passée, le bruit ne s’était pourtant pas calmé, changeant seulement de nature, passant aux exclamations des joueurs et au bruit des balles qui rebondissaient sur les tables. Apparemment, le tournoi avait du succès. De ce qu’il en avait compris, celui-ci se déroulait en équipe de deux, avec les colocataires désignés plus tôt.

Mais il ne semblait pas avoir déjà commencé de ce qu’il en voyait, et reporta son attention sur une personne installée seule à une table, jonglant avec des balles. Takeo. Alors il était venu, à l’heure, voir même en avance aurait pu prédire Asch, ce qu’il aurait pu confirmer s’il était arrivé plus tôt. Il s’avança en souriant, jusqu’à le rejoindre et se placer de l’autre côté de la table, sans plus de formalités. Adoptant un ton neutre un peu trainant, il lança une banalité, pour entamer la discussion, et montrer aussi qu’il était redevenu calme, du moins en surface.

‘Passé une bonne après-midi ? On s’échauffe un peu avant le tournoi, okay ?

Toujours avec une sorte de petit sourire en coin, il attrapa la raquette devant lui, et essaya de se remémorer la dernière fois qu’il avait joué au ping-pong. Ça datais un peu à vrai dire.. Mais les cours de sport restaient sans doute les seuls qu’il ne séchait pas à l’époque, et encore.. Il avait quelques bases, mais surtout de bons réflexes et il était vif à réagir. Pas besoin de se demander d’où il tenait ça.. Il attendit que Takeo serve puisqu’il avait les balles en sa possession, puis les échanges commencèrent. Il compensait son manque de technique par rapport aux joueurs confirmés, par sa capacité à s’adapter et à réagir. Aussi après un début un peu hésitant, ou sans doute chacun se testait un peu, les échanges devinrent plus long, mais aussi plus agressifs. Ce n’était pas comme s’ils n’avaient pas envie de gagner après tout. Ça entrait aussi en compte dans leur petit jeu.

Age

HS - Désolé de rép si tardivement ._."

Samedi - 17h11

L'heure du rendez-vous approchait et Takeo commençait vraiment à se demander si Asch allait être à l'heure voir même... à venir en fait. Si on y repensait, le jeune homme avait fait preuve d'un manque de respect qui aurait pu chiffonner n'importe quel bon japonais. Le but ? Uniquement voir la ligne de non-retour d'Asch. Alors oui, son colocataire avait fait preuve de sang-froid, mais il n'allait certainement pas en rester là. Non non, Asch n'était pas quelqu'un qui allait se laisser marcher dessus de la sorte et Takeo le savait. Pour le prochain round, le jeune homme allait devoir faire doublement attention car son adversaire envisageait probablement de se venger... Si tout cela n'était que spéculation, les choses allaient très vite se préciser car Asch fit son entrée.

Le voyant entrer dans la salle commune, Takeo tourna rapidement son regard, histoire de ne pas montrer qu'il attendait. Il profita pour observer rapidement l'horloge mural de la pièce. Asch était dans les temps. Takeo aurait menti en disant que cela ne l'avait pas surpris... mais trêve de bavardage. Asch ne se fit pas attendre plus longtemps et s'approcha pour se placer de l'autre côté de la table avant de saisir la raquette posée sur celle-ci. A cet instant, Takeo releva son regard et fixa celui d'Asch, dessinant tout comme ce dernier un léger sourire sur son visage. Durant quelques secondes, on aurait pu croire que la salle commune était vide, que seuls eux se trouvaient là. Vint alors les politesses d'usage. Le ton employé était plutôt neutre. Il était clair qu'Asch s'était calmé. Restait à savoir si il avait de la rancune désormais.

- Et bien... Oui, le coin est sympa. J'ai visité un peu les alentours. Et toi ?

Se levant et se préparant à servir la balle, il ajouta encore.

- Un peu d'échauffement nous fera pas de mal en effet.

Il servit alors la balle. Les coups échangés étaient relativement normaux si l'on peut dire. Takeo ne tentait aucune attaque dans ses renvois et Asch semblait en faire autant. A vrai dire, il ne faisait que s'échauffer. Durant les échanges, le regard observateur de Takeo lui fit remarquer une jolie montre grise accrochée au bras d'Asch. Dans les souvenirs de Takeo, cette dernière ne se trouvait pas là ce matin. La réflexion ne fut pas longue... vu la tenue vestimentaire d'Asch ce matin, donc quasiment nu comme un vers au saut du lit, et l'absence de montre dans les sacs distribués... cette montre venait d'ailleurs. Cela allait permettre à Takeo d'avoir un premier sujet de conversation et qui plus est, totalement neutre et banal. Que le deuxième round commence.

- Tiens, tu en as une jolie montre ?

Takeo se contenta de demander cela sans ajouter de précision quant à sa réflexion antérieure. Toutefois, il s'était quand même d'utiliser un ton bien sarcastique afin de clairement se faire comprendre par ce qu'on pourrait désormais qualifier de rival. La réponse importait finalement peu Takeo... Qu'il l'ait achetée ou volée, cela ne changeait rien. Le jeune homme comptait juste envoyé un message clair : Je suis à l'affût de tout ce que tu me montreras.

Sans réellement se rendre compte, Takeo avait renforcé ses échanges, sans pour autant tenter une quelconque attaque dans un angle ou autre. Asch ne semblait avoir aucune peine à répondre aux échanges de Takeo. Il faut dire qu'il avait bien plus sportif que Takeo. Restait désormais à savoir s'il allait avoir de la peine à répondre verbalement...

Les échanges de balle et de mots se suivirent alors encore quelques minutes avant qu'une personne prenne la parole à l'aide d'un micro et annonce le début du tournoi dans quelques instants. Takeo et Asch allaient devoir faire désormais équipe malgré une tension qui ne faisait que monter.

Age

HS – Grr arrête de t’excuser pour rien, c’est pas tard du tout *.*

Samedi – 17h16

La salle commune était pleine, pourtant la majeure partie de l’attention de Asch était focalisée sur son adversaire, Takeo, bien qu’il ne put s’empêcher de jeter des coups d’œil en coin au reste de la pièce, pour ne pas rater d’événements importants. Avant d’engager la partie de ping-pong, il avait lancé une banalité, et obtenu une réponse sur le même ton. Qui ne le renseignait en rien, mais ça, il s’y attendait. Il lui renvoya aussi sa question, ce qui était également prévu. Il n’avait rien de très intéressant à raconter, mais dans le cas contraire il se serait sans doute également abstenu de s’étendre sur le sujet. Il se contenta donc d’une phrase bateau, à l’image de celle de Takeo.

La même chose, ça fait du bien de sortir un peu.

Il lui proposa ensuite de s’échauffer, et on lui répondit par l’affirmatif. Il remarqua par la même occasion que Takeo faisait toujours des phrases d’un langage à la limite du soutenu, tranchant avec le niveau de la plupart des élèves, renforçant par la même occasion son image d’élèves studieux. A l’inverse de Asch, qui, s’il pensait de manière éloquente, mangeait par habitude et sans doute flemmardise quelques mots de ses phrases. Ce qui renforçait un peu l’impression de bourru à l’intelligence confuse qu’on lui donnait souvent. Mais cela ne le gênait pas outre mesure, préférant en jouer plutôt que de contredire. Sauf si on le lui disait ouvertement bien sûr, auquel cas il y avait inévitablement des étincelles..

Car sa patience était très limitée, et la ligne qui séparait ce qu’il ne pouvait accepter, assez proche. D’ailleurs Takeo avait failli en faire les frais, même si justement peut-être essayait-il d’évaluer son niveau de tolérance. Ce qui n’était pas soit-dit en passant une très bonne idée, puisqu’il était susceptible au plus au point, avec une fierté frôlant l’orgueil, en plus de s’énerver vite et d’être bagarreur. La totale. Seulement, il n’était pas du genre à crier, mais plus à devenir extrêmement calme, et agir. Si Takeo franchissait la limite, sans doute aurait-il gagné une manche puisqu’il l’aurait poussé à bout en quelque sorte, mais il risquait d’en payer le prix fort.

Ils se renvoyaient la balle à intervalles réguliers, sans tenter d’attaquer vraiment, ni de mettre l’autre en difficulté. Pourtant on pouvait sentir comme une sorte de tension, qui grandissait lentement, rendant l’air un peu électrique. Asch cherchait un sujet pas trop incongru pour reprendre leur joute verbale, tout en se laissant bercer par le rythme de leurs échanges. Mais ce fut Takeo qui prit la parole, avisant sa nouvelle montre. Décidément il était fin observateur, en plus d’être bon orateur. Il montrait ainsi par là qu’il ne laisserait rien passer. Ironique en plus de cela, comme s’il se doutait de sa provenance. Il fallait dire que ce n’était pas bien dur pour quelqu’un comme lui, puisque Asch avait débarqué pratiquement en caleçon ce matin. Il aurait pu la cacher, pour éviter ce genre de questions, mais au final il s’en foutait. Et puis il était en tee-shirt, ce qui n’était pas le summum niveau pratique.

Cadeau d’un ‘admirateur’. Pourquoi, t’en cherches une nouvelle ?

Un petit sourire sadique sur les lèvres, tandis qu’il accentuait le mot admirateur, et posait sa question. Complètement inutile, puisque Takeo avait déjà une montre, mais il jouait le jeu. Il laissa son esprit vagabonder quelques secondes et se remémora la scène, ce qui accentua son sourire. Il avait coincé un gars qui trainait seul dans un coin, et lui avait demandé sa montre. Devant son refus et son –hum- manque de courtoisie, ce dernier avait pourtant été beaucoup plus coopératif lorsqu’il s’était fait plaqué contre le mur, la gorge à moitié broyé tandis qu’on lui reposait calmement la question. Nul doute qu’il irait se plaindre, mais sans doute pas de suite, par peur de représailles. De toute manière Asch la jetterai une fois le week-end passé, avant de reprendre le bus. Ce n’était pas comme si elle lui serait utile après.

Alors qu’ils recommençaient les hostilités dissimulées verbales, les échanges forcirent, devenant plus agressif, moins amicaux. Comme si la balle suivait leur état d’esprit, et évoluait de la même manière. Puisque Takeo avait repris les hostilités, Asch se devait d’attaquer maintenant. Tout en restant concentré pour renvoyer la balle correctement, il chercha l’angle idéal. Il avait exploité toutes les ouvertures dénichées lors de leur première rencontre, et devait donc innover et se lancer un peu au hasard, en espérant faire mouche. Sauf une, qui venait de lui revenir à l’esprit. La peur que Takeo avait éprouvée lorsque la queue de la cantine s’était resserrée. Il hésitait encore entre ochlophobie (peur de la foule comme masse compacte), et claustrophobie. C’était un peu mesquin, mais tous les coups semblaient permis. Et ils s’étaient ménagés en quelque sorte au premier round, alors autant attaquer fort. Ça lui faisait aussi une mini-vengeance puérile contre son manque de respect d’avant et le fait qu’il soit fort observateur. Il ne laissait rien passé ? Soit, Asch non plus. Gare à la casse.

Une petite fatigue ?

Il avait remarqué que Takeo semblait un peu moins à l’aise que lui-même au fil du temps, comme s’il s’essoufflait légèrement. Bien évidemment, il exagérait, mais c’était juste une petite pique, pour le remotiver. Avant de passer aux choses sérieuses, tandis qu’il assenait une autre réplique, l’appuyant par un smash plus fort que les précédents.

Ça va tu te sens pas trop serré ici ? Il y a assez d’espace pour toi ? Je m’en voudrais que tu nous fasses un malaise..

Lança-t-il d’une voix faussement inquiète, mais avec un regard vif qui ne trompait pas. La guerre était ouvertement déclarée, du moins verbalement, et il commençait fort. Ce qui n’était pas forcément la meilleure chose à faire, mais qui permettrait de passer au niveau supérieur. Ils avaient testé l’échange pseudo-pacifique, ils pouvaient donc un peu pimenter maintenant.

Seulement ils durent arrêter de jouer, aussi bien au ping-pong que verbalement, lorsqu’on rassembla tout le monde, et que quelqu’un au microphone annonça le début du tournoi. Asch alla consulter le tableau des matchs, et se placer avec l’adversaire devenu coéquipier à la table désignée. Seulement ils étaient un peu trop remontés pour s’entendre, et continuaient leur discussion, chacun d’un côté de la table, même après que le match eut commencé. Bizarrement ça semblait fonctionner de manière plutôt efficace, puisqu’ils semblaient malgré tout assez coordonnés, sans doute par un miracle inexpliqué à ce jour. Asch redoublait de violence dans ses coups, comme pour marquer plus de points que Takeo, tandis que celui-ci se débrouillait particulièrement bien aussi. Ils eurent vite fait de mettre à mal leurs adversaires, un duo composé d’une fille et d’un homme tout ce qu’il y avait de plus banal et insipide, qui ne semblaient pas très doués, et se rentraient dedans avant de se répandre en excuse à intervalles de temps réguliers.

Age

Samedi - 17h29

Takeo ne s'était pas fait attendre très longtemps par son adversaire avant de reprendre la joute verbale. La première pique envoyée par le jeune homme était un peu quelconque. En effet, l'apparition étrange d'une montre au poignet d'Asch était un bon point pour débuter car il était clair, voir même évident pour Takeo, que désormais un pauvre élève du complexe se baladait sans sa montre qui se trouvait au poignet de son adversaire. Une réflexion pareil allait certainement faire comprendre à Asch que son rival était aussi un bon observateur. Ceci a toujours été une manie que Takeo avait. Un besoin. Une bonne observation permettait à Takeo d'avoir toujours un coup d'avance. Savoir quand les ennuis arrivaient était une sorte d'alarme à laquelle le jeune homme répondait par une téléportation. Takeo n'était pas et n'avait jamais été un enfant violent ou appréciant la bataille. Il préférait alors la fuite, même si cela pouvait être considéré comme lâche, que se battre. Les mains ne servaient qu'à ceux dont le répondant ne suffisait pas à laver leur honneur. Takeo ne s'abaissait simplement pas à ce point. C'était donc finalement pour cela qu'il avait appris à bien observer les choses. Les expressions, les tons, les postures... Si cela en était presque devenu un défaut comme pourrait l'être une déformation professionnelle, cela lui avait aussi permit de sortir de situations bien irrégulières.

La réponse d'Asch suivit le rythme de Takeo. Il montra une indifférence assez prononcée et se permit une petite blague, impliquant un "admirateur" dans l'histoire. Que l'on soit clair, Takeo n'en croyait pas un mot mais cela n'avait aucune importance. La question n'avait pas été posée dans le but d'avoir une réponse, aussi étrange que cela puisse paraître. A cet instant et de manière involontaire, les échanges d'échauffements devinrent plus forts, plus rapides. Takeo ne savait réellement qui des deux élèves avaient augmenté la cadence. Peut-être simplement leur conscience qui se mettait au rythme de leurs échanges orales. Reprenant la dynamique du round un, ce fut Asch qui reprit la parole ensuite. Chacun son tour comme on dit. L'attaque de l'autre élève fut bien plus direct. Takeo fut étonné de voir son adversaire adopté un comportement bien plus agressif cette fois-ci. L'attaque était personnelle et à peine dissimulée. Si tout commença sur la petite fatigue que Takeo présentait, elle se conclu sur une remarque plus que déplacée sur la phobie de Takeo. Pour rappel, ce dernier souffrait de claustrophobie. La peur étant vraiment grande, le jeune souffrait aujourd'hui aussi d'une ochlophobie par analogie.

Si l'attaque d'Asch avait étonné Takeo de part son manque de finesse, elle l'avait aussi étonnée car cela ne lui serait jamais venu à l'idée de rigoler d'une chose pareille.... Peut-être pensait-il cela car lui en souffrait. Même si c'était, pour le première fois dans ce duel, une remarque réellement blessante, Takeo resta serein. Il avait montré à Asch qu'il était observateur et il en avait fait autant. Plus la salle s'était rempli, plus Takeo l'avait sentit. Une légère oppression dans son environnement, un certain mal-être. Si c'était largement supportable pour le jeune homme, son corps avait envoyé bien trop d'information qu'Asch s'était empressé d'utiliser. Il fallait désormais répondre, mais correctement. Ni s'écraser, ni s'énerver... Voilà les points clés de ce duel. Toutefois, Takeo ne pu répondre tout de suite. En effet, un homme lança le début du tournoi. Suivant un plan avec le nom des participants, l'étrange équipe que formaient Asch et Takeo se déplaça devant une table pour affronter une autre équipe.

Aussi étrange que cela puisse paraître. La tension entre les deux élèves ne les dérangèrent absolument pas et ils n'eurent pas de peine à prendre l'avantage contre l'autre équipe. Là où Takeo tentait des coups plus fin, à ras la table, Asch jouait en puissance. Opposant donc deux styles de jeu complètement différent, à l'image de leur caractère.

Après quelques échanges, Takeo perdit un point par manque de concentration. Le match ainsi que son malaise combiné lui donnait un rythme de respiration irrégulier ce qui le fatiguait d'autant plus. Asch n'allait probablement pas se gêné d'utiliser cela contre lui. Takeo devait reprendre la parole avant ce dernier pour pouvoir remonter la barre d'un niveau.

- Si je fais un malaise, je peux compter sur toi Asch ? Tu a déjà été si gentil avec moi. Un vrai chevalier protecteur.

Ironie, sarcasme... deux mots qui définissaient à eux-même le dialogue de sourd entre les deux élèves. Si Takeo était réellement touché par ce qu'avait fait Asch ce matin, cela n'en restait pas moins une assez bonne contre-attaque. Asch n'était clairement pas un jeune homme qui devait penser beaucoup à autrui. Lui rappeler son "aide" de ce matin allait peut-être le faire réagir. De plus, cela allait montrer que Takeo avait une certaine ouverture d'esprit quant à sa phobie et que cela n'était pas tabou, loin de là.

La partie n'était pas encore fini, mais peu importe, les deux élèves n'allaient être que spectateur de la joute verbale des deux autres élèves qui depuis lors n'avait pas cessé de remettre des point pour garder leur avantage. Après quelques minutes encore, le premier match fut terminé. La victoire revint alors à Takeo et Asch. Ils saluèrent selon les formalités de politesses et de fair play leurs adversaires. Takeo ramassa alors une balle tombée au sol et s'approcha d'Asch. Il était l'heure de voir jusqu'où pouvait aller Takeo avant que son adversaire ne craque. Ce matin, il avait pu observé que le manque de respect dont il avait fait preuve avait presque réussi. Il était donc temps d'utiliser une nouvelle fois de ce stratagème. Il ne s'arrêta alors pas à un mètre d'Asch mais plutôt à une trentaine de centimètre, assez prêt pour sentir lui-même qu'il était en danger à cette distance. Il baissa alors le regard, appuyant une nouvelle fois sur la domination physique qu'il avait, uniquement sur la taille.

- Bravo, je ne pensais pas que cela allait être aussi simple. Tu as presque bien joué.

Tout y était. Le manque de respect, la pique, le ton... A cette instant, Takeo, sans quitter des yeux Asch, se concentra légèrement. Si cela allait mettre Asch hors de lui, il était prêt à se téléporter pour esquiver et remettre de la distance entre eux... mais comment tout cela allait-il se passer ?

Age

Samedi – 17h40

S’il y était peut-être allé un peu trop directement, ou de front, le résultat ne se fit pas attendre, et Asch put voir Takeo lutter pour rester calme et paraître impassible. Il avait fait mouche. Sa remarque l’avait blessé, ou du moins choqué. Il était vrai que ça tranchait avec leur manière de poser des questions et d’attaquer détournée lors de leur première rencontre. Mais Asch était arrivé à un point où il avait amassé autant d’informations que possible par la première voie, mais il risquait soit de stagner, soit d’en être réduit à lancer des questions un peu au hasard. Alors il avait choisi une autre approche, le pousser à la faute. Tant pis si c’était mesquin, ou que ça lui faisait mal.

Tant mieux si c’était le cas, même. Si Asch portait un réel intérêt à certaines personnes, dont Takeo, il ne se souciait de leurs sentiments uniquement pour les analyser. Ce n’était pas un altruiste, loin de là. Ironie du sort, puisque son pouvoir était de guérir les gens, mais il aurait été capable de passer devant un mourant en souriant, puis de continuer sa route. Sauf s’il représentait encore un intérêt, à la rigueur. La seule chose qui l’intéressait, c’était de décortiquer et de comprendre, sans hésiter à remuer les mauvaises consciences ou le fond des âmes. Les dégâts causés n’étaient que des ‘dommages collatéraux’. De l’égoïsme pur en quelque sorte.

Toujours attendait-il une réponse de la part de celui qu’il venait d’agresser verbalement d’une certaine manière. Un peu comme un prédateur attendait la réaction de sa proie surprise. Il avait remarqué que ce dernier se fatiguait de plus en plus, même si cela restait léger, et il pouvait entendre sa respiration irrégulière par moment. Encore un malaise, ou n’était-il juste pas très sportif ? Il décida d’attendre la réponse avant de se faire un avis tranché. Et celle-ci tomba enfin, après un petit instant. Takeo montrait une parfaite maîtrise de soi, du moins en surface. Bien joué. Il semblait avoir pas mal de contrôle et de sang-froid. S’ils se ressemblaient sur certains points, les différences sur d’autres étaient flagrantes. De l’ironie, acide et mordante. ‘Chevalier protecteur’, il en avait d’autre des comme ça ? Au moins lorsqu’il se foutait de la gueule de quelqu’un, il le faisait dans les règles de l’art.

Mais s’il faisait un malaise, que ferait-il ? Se contenter de le regarder avec curiosité, jusqu’à ce qu’il sombre pour étudier le phénomène, l’aider ou profiter de sa position de faiblesse ? Bonne question, dont la réponse était soumise à l’humeur versatile du gamin à la tignasse bleue. De toute manière, elle était rhétorique, alors autant ne pas se fatiguer à savoir ce qu’il aurait fait dans ce cas là. Mais d’ailleurs, pourquoi l’avait-il aidé si c’était pour l’attaquer là-dessus ? Conséquence de son humeur encore. Il avait le sang un peu bouillant à cause de la compétition, qui même si c’était du ping-pong restait du sport, ajouté à une envie de vengeance plus ou moins consciente.

Un grand garçon comme toi devrait arriver à se débrouiller seul quand même.. Tu peux toujours t’enfuir au pire

Il voulait passer à l’ironie ? Pas de problème, c’était aussi un des domaines de prédilection de Asch, qui lui répondit en souriant comme à son habitude, accentuant la fin de la phrase, pour faire sentir à quel point ça le dégoûtait les fuyards. Peut-être que sa fierté ne s’en remettrait jamais si ça lui arrivait, expliquant en partie ce fait, ajouté au sens de l’honneur des japonais. Il ne savait pas si Takeo était du genre à s’enfuir lâchement, mais avec son pouvoir il pouvait le faire facilement Après, il semblait déjà bien se débrouiller avec les mots, et ses poings ne semblaient pas totalement inoffensifs non plus. Mais ça restait une autre pique.

Malgré la situation qui s’envenimait entre eux, Asch et Takeo réussirent pourtant à gagner leur premier match, sans trop de difficulté. Ils saluèrent leurs adversaires, à demi pour Asch, puis les choses se corsèrent. Takeo ramassa une balle qui trainait par terre, puis s’approcha, jusqu’à envahir l’espace vital de Asch, à seulement une trentaine de centimètres de celui-ci. Qui immédiatement se raidit, mobilisant par réflexe chaque parcelle de son corps. Il sentait qu’à cette distance tout pouvait arriver, aussi il fût directement à l’affût et prêt à réagir. S’il était venu aussi près, Takeo n’allait pas se contenter de le regarder, ou de compter des moutons de poussière avant de repartir.

D’ailleurs il le regardait de haut cet enfoiré, prenant avantage de sa taille. Sa tension monta d’un cran supplémentaire. A la moindre esquisse de geste, il serait prêt à réagir. Tout semblait l’avantager, autant son expérience que sa condition physique puisqu’il était moins fatigué que Takeo, et même la taille plus imposante de son adversaire devenait un désavantage, puisque à cette distance il aurait plus de mal à agir. Plus l’adversaire était grand, plus il fallait être près, c’était bien connu. Il n’avait plus qu’à venir.

Seulement au lieu de passer aux mains, il se contenta de reprendre la parole. Après tout il n’allait pas l’agresser comme ça, sans raison. Sans doute attendait-il que Asch passe à l’acte, puisqu’il avait montré plus tôt qu’il était très susceptible. C’était clairement une attaque directe, méchamment balancé, dans le seul but qu’il explose. Ce n’était ni fin, ni très recherché, révélant sans doute ainsi la faiblesse de Takeo qui avait été touché plus que ce qu’il ne croyait par la pique sur ses malaises. Il ne se ferait pas prier. Mais il allait devoir se débrouiller de manière à ce que Takeo ne lui file pas entre les doigts.

Je te retournerai bien le compliment, mais il te reste encore quelques progrès à faire..

Asch n’allait pas laissé passer cette occasion de répondre de manière acide à son tour, et cela lui servait également de distraction, se mettant brusquement en mouvement une fois qu’il eût terminé sa phrase. Il n’était pas vraiment énervé, seulement Takeo voulait le pousser à bout, alors il lui offrirait cette satisfaction. Même s’il était loin de dépasser ses limites, agissant plutôt avec calme et l’esprit clair, selon son propre code. Les attaques personnelles ne restaient pas impunies. C’était tout, rien de plus, ni de moins. C’était ce qui lui traversait l’esprit, tandis qu’il faisait glisser agilement ses pieds pour se mettre à distance idéale, et qu’il lança son poing en direction de l’estomac de Takeo. Pourquoi pas le plexus, qui aurait été plus efficace ? Sans doute parce qu’il aurait eu le souffle coupé, en plus du risque de tomber dans les pommes, et que l’estomac était plus douloureux. Une fois qu’il eût atteint sa cible, il eût alors un réflexe bizarre, attraper Takeo de l’autre bras, comme s’il avait peur qu’il s’échappe en se téléportant.

Age

La délicatesse et la subtilité n'avaient plus leur place dans ce deuxième round. En effet, suivant l'offensive déployée par Asch, Takeo se mit lui aussi à attaquer ouvertement son adversaire et de façon personnel. Malheureusement, et il faut le dire, Takeo n'avait pas le même avantage qu'Asch sur ce point... Si son adversaire savait déjà de quoi il était capable et fasse à quoi il était faible, ce n'était de loin pas le cas de Takeo qui lui ne savait finalement rien de spécial sur Asch.Toutefois, Takeo avait doucement réussi à cerner le caractère de son rival et avait donc décidé d'user de cela pour le pousser à bout. Il tenta alors une premère attaque, traitant son compagnon de chevalier protecteur. Si le verbe utilisé est "traiter", c'est clairement car Asch n'allait pas prendre cela comme un compliment. L'effet escompté fut présent mais pas assez encore. La réponse, bien qu'ironique, gardait le ton de la discussion bien élévé. Traité Takeo de lâche était un bon point de la part de Asch. On ne pouvait pas réellement qualifier Takeo de lâche, mais l'utilisation de son pouvoir allait directement dans cette direction, c'était évident.

Une fois le match conclu, Takeo décidé de repasser à l'offensive.Il avait clairement remarqué que son colocataire mettait un point d'honneur aux formes de respect et à sa personne. Il avait presque réussi à le pousser à bout une fois, alors pourquoi pas deux ? Il pénétra alors dans la zone dangereuse d'Asch. Cela se remarqua rapidement car la posture du jeune homme changea à son approche. Il n'était pas en confiance et c'était tout à fait normal. Tant Asch pouvait imaginer quoi que se soit de la part de Takeo, tant ce dernier pouvait en imaginer autant, voir plus venant d'un individu comme Asch. Toutefois, les intentions de Takeo était tout autre et c'est par la parole qu'il attaqua une nouvelle fois son adversaire. C'était direct, très basique, et même banal. Rien de transcendant tout comme la réponse d'Asch. Toutefois, Takeo remarqua quelques choses. En quelques secondes, il comprit que cela n'allait pas s'arrêter là. Son stratagème avait été compris et la lueur présente dans les yeux d'Asch montrait que ce dernier avait clairement comprit les intentions de Takeo et qu'il n'allait pas le décevoir.

Ce qui suivit se passa en une fraction de seconde. Takeo avait prévu le coup mais fut malgré tout étonné de la vitesse d'exécution d'Asch qui, malgré son calme, envoya son poing rapidement en direction de son ventre. Le premier reflexe de Takeo fut de retenir au maximum le coup à l'aide de sa main droite. Parade plutôt raté au final, car le coup frappa quand même le jeune homme en plein ventre. Takeo avait néanmoins pu saisir la main de son adversaire tout en la serrant et la repoussant. Le jeu de main ne s'arrêta toutefois pas là et Takeo vit Asch lever le bras pour le saisir. Il fallait maintenant se dégager et contre-attaquer, malgré une douleur vive à l'estomac. Alors qu'il était sur le point de se téléporter à un mètre derrière, il sentit la main d'Asch le saisir au bras gauche. Ce qui se passa ensuite était dur à expliquer. Même Takeo ne comprit pas vraiment. Instantanément, la salle commune se transforma en forêt. Il ne s'était finalement pas téléporter où il le désirait mais avait rejoint la forêt qui jonchait le complexe. Mais le plus surprenant... Asch était avec lui.

L'adrénaline de la situation encore en place, Takeo lâcha le poing de Asch et de dégagea de son emprise. Profitant de la surprise occasionné, il se téléporta pour prendre du recul, serra son poing, et se téléporta tout prêt de lui... mais, il ne frappa pas. Son poing s'arrêta net, tout comme son corps. Si son ventre lui faisait déjà bien mal, il fut pris d'un coup d'un fort malaise. L'adrénaline ayant retombé, les effets secondaires des téléportations étaient arrivé d'un coup net le bloquant. Il se recula alors avec le peu d'équilibre qu'il avait et s'appuya sur un arbre, visage baissé, souffle coupé. Après quelques secondes, il reprit son calme et son esprit put enfin se rendre compte de ce qui venait de se passer.. Il venait de se téléporter avec une personne... C'était la première fois que cela lui arrivait. Il avait les fourmis aux mains, aux pieds et avait la tête qui tournait. Asch devait probablement être autant surpris que lui...

- Bon bah... Tu n'auras plus de question concernant mon pouvoir maintenant...

Takeo avait de la peine à parler. Il se sentait clairement pas bien et cela se voyait. Il regarda alors autour de lui, une main contre l'arbre et l'autre sur son ventre. Les lieux ne lui disait rien du tout... Dans le feu de l'action, il avait simplement perdu le contrôle de ses pouvoirs. Ils étaient maintenant perdu, on ne sait trop où.

- Que l'on soit clair... Je sais absolument pas où l'on est... Et je vais pas pouvoir me téléporter avant un petit moment...

Takeo ne savait pas trop ce qu'Asch prévoyait de faire. Rester avec ? Partir seul ? L'aider ? Non, certainement pas... Mais peu importe, ils avaient atteint le point de rupture, le point de non-retour. Un troisième round avait-il lieu d'être ? La suite... au prochain épisode (huhum) !

Age

Un geste rapide et simple, exécuté avec naturel et efficacité. Son poing fusa vers l’estomac de Takeo, qui n’avait de cesse de le pousser à bout. Il avait compris que Asch accordait beaucoup d’importance au respect, et que ses limites là-dessus étaient peu tolérantes. Aussi avait-il décidé de réagir immédiatement sans se faire désirer, avant de s’énerver, et que sa réaction devienne disproportionnée. Si elle ne l’était pas déjà.

Toujours était-il que Takeo semblait lui aussi préparé, puisqu’il essaya d’arrêter son coup. Si l’action n’avait pas été si rapide, Asch aurait sans doute esquissé une moue désapprobatrice devant sa manœuvre. A sa place, il aurait seulement dévié le coup sans perdre de temps ni d’espace, pour contre-attaquer aussitôt, au lieu d’essayer de l’arrêter. Si Takeo devait savoir se battre au moins un minimum, il lui manquait sans doute un peu de savoir-faire et d’expérience sur le terrain en quelque sorte. Alors qu’un nouvel assaut semblait imminent, Asch vit Takeo esquisser un geste de recul, comme s’il allait s’échapper, aussi attrapa-t-il son bras gauche par réflexe.

La suite fût plus floue. Une sensation de vertige et de malaise, l’impression de ne plus toucher terre, et d’un coup la salle commune se mit à trembler, pour laisser place.. À de la verdure ?? Désorienté, Asch jeta des regards aux alentours devenus si atypiques, oubliant momentanément qu’ils étaient un plein combat. Des arbres, des racines, de la mousse. Ils se trouvaient on ne savait par quel miracle dans la forêt. Ou plutôt si, grâce au pouvoir de Takeo. Tournant la tête pour lui demander des explications, il aperçut qu’il l’avait lâché dans le feu de l’action, et que celui-ci se trouvait désormais à quelques mètres de là. Enfin pas pour longtemps, puisqu’il disparut de nouveau, pour se retrouver près. Trop près même. Asch eût le temps de lire dans son regard qu’il en redemandait, sans se soucier du lieu incongru où ils se trouvaient. Un peu pris au dépourvu, Asch se replaça et se prépara à dévier tant bien que mal le coup qui ne manquerait pas de suivre, mais qui, heureusement, ne vint pas. Au lieu de ça, Takeo recula en chancelant, avant d’aller s’appuyer contre un arbre. Il semblait assez mal en point, sans doute à cause de l’utilisation abusive de son pouvoir. Asch lui-même ne respirait pas la forme non plus, avec un léger début de migraine, mais il mit un point d’honneur à rester bien droit et paraître naturel, comme pour renforcer par contraste l’état défaillant de Takeo.

Le répit que s’accorda Takeo lui permit de reprendre ses esprits, étant tout de même nettement plus en forme. Son colocataire prit alors la parole, se tenant le ventre d’une main –il avait bien fait mouche apparemment-, sans se départir de son humour, pour parler de son pouvoir et de la curiosité de Asch là-dessus. Il avait raison, en un sens, Asch en savait désormais beaucoup : il pouvait au moins effectuer trois téléportations de suite, emmener une personne, subissait des effets secondaires en cas d’abus, mais également qu’il lui avait menti sur un point, sauf si cela résultait d’une perte de contrôle.

En effet. Mais téléportation à vue, hein ? Bien joué, j’ai failli te croire..

Il continuait à jouer avec les mots, mais avait perdu toute envie d’en venir aux mains. Se battre contre un éclopé ? Non merci, il passait son tour. Aucun intérêt. Seulement il ne put retenir une autre pique, un peu acide et gratuite, accompagnée d’un sourire ironique.

Décidément t’es abonné aux malaises. Une constitution fragile peut-être ?

Puis il sembla se relâcher, évacuant la tension accumulée lors du dernier assaut, comme s’il voulait montrer par là qu’il passait à autre chose, et qu’il ne tenterait pas de l’enfoncer d’avantages. D’autant plus qu’ils se trouvaient dans une drôle de situation, qui, si elle n’était que peu glorieuse, pouvait encore empirer. Il fit quelques pas, essayant d’apercevoir quelque chose de reconnaissable, ou même un sentier, mais rien. Il s’apprêtait à demander à Takeo s’il savait où ils se trouvaient, mais celui-ci lui coupa l’herbe sous le pied, annonçant qu’ils étaient perdus, et qu’il ne pourrait se téléporter avant un moment. Bon, ça aurait pu être pire, il aurait pu pleuvoir, ou faire nuit.
Qu’allaient-ils faire maintenant ? L’idée de le planter là ne l’effleura même pas, mais plusieurs choix s’offraient à eux. Il fallait d’abord que Takeo récupère. Puis ensuite soit il se téléportait seul, soit il l’emmenait avec lui, soit ils rentraient tous deux à pieds ; la première solution ne le dérangeant nullement, puisqu’il n’avait peur ni de la solitude, ni de se perdre –même s’ils l’étaient déjà-. Si Asch avait eu plus confiance en son pouvoir, il lui aurait peut-être proposé de le soigner, au moins pour son estomac, puisque tout était en grande partie de sa faute. Mais il ne le fit pas. Il n’était pas sûr de réussir, et l’état de Takeo n’avait rien de critique, donc..

Il va te falloir combien de temps pour récupérer à ton avis ?

Ne restait plus qu’à attendre. Seulement il ne comptait pas rester immobile à ne rien faire, pendant que Takeo se reposait. Il préférait au contraire mettre le temps à profit pour en apprendre plus sur là où ils se trouvaient. Avant de partir explorer un coup, il lança pour le prévenir :

J’vais essayer de voir où on est. Si jamais tu te téléportes pendant ce temps, t’auras intérêt à disparaître pour de bon.

Une menace, non dissimulée. S’il pouvait à la rigueur lui proposer de rentrer seul, il était hors de question que celui-ci le plante de lui-même. Sinon il le paierait très cher. Lui jetant un coup d’œil plein de sous-entendu pour appuyer ses dires, il se mit en route, explorant toutes les directions dans un rayon d’une dizaine de mètres, avant de revenir, bredouille. Le sens de l’orientation n’était pas une de ses qualités, loin de là, aussi s’il arrivait à se perdre dans le pensionnat même, espérer retrouver la route jusqu’aux sources relevait du miracle.

Age

L'insolence de Takeo avait fni par payer. En effet, Asch ne s'était pas fait attendre plus longtemps pour montrer son mécontentement face aux diverses provocations de son colocataire. Ce qui se passa alors dans la salle commune fut bref, mais d'une rare intensité. Désormais, il se trouvait en pleine forêt, sans réels repères. Takeo qui avait voulu prendre de la distance avec son rival, s'était fait avoir et s'était donc téléporter avec ce dernier. L'adrénaline du moment faussa alors complètement le pouvoir du jeune homme qui le fit se retrouver en ces lieux.

Takeo voulu alors contre-attaquer mais son corps l'en empêcha. L'utilisation consécutive de son n'était pas sans prix et il se trouvait désormais en bien mal position. Appuyé contre un arbre, il souffrait d'une légère douleur abdominal, dû au coup de son compagnon, mais surtout d'un malaise global. Sa tête tournait, des vertiges le gagnaient... pour peu, il aurait pu vomir ses tripes. Sans se voiler la face, il reprit en premier le dialogue et expliqua au jeune homme que désormais, son pouvoir n'avait plus de secret pour se dernier. Au fond, c'était vrai. Toutefois, Asch fut plus malin et remit le doigt sur un élément que Takeo avait mis en place dès le début : l'obligation de voir la destination. Fondamentalement, ce qui venait de se passer ne pouvait réellement prouver le mensonge de Takeo. Il faut dire que ce dernier ne se savait même pas capable de prendre quelqu'un avec lui... Il aurait pu sans autres feindre la perte de contrôle mais préféra ne pas perdre de la salive dans de bêtes explications. Asch. quant à lui, ne mâcha pas ses mots et envoya une nouvelle pique au jeune homme qui, il faut l'avouer, avait souffert de divers malaises depuis leur rencontre. A cela, Takeo ne pu s'empêcher d'esquisser un sourire et laisser s'échapper un petit rire.

Le téléporteur annonça alors directement la situation. Il ne savait ni où ils étaient, et ne pouvait se téléporter une nouvelle fois. Ces propos étaient vrais, si Takeo n'avait hésité à mentir à plusieurs reprises, ce n'était pas le cas là. La tension décidit alors entre les deux jeunes. Asch montra ne pas vouloir continuer. Takeo n'en pensait pas moins de lui car il savait Asch trop fier pour s'attaquer à quelqu'un dans son état. Cela permit alors au jeune homme d'avoir un réel répit. Sortant de ses pensées, Asch demanda alors à Takeo pour combien de temps il en avait. D'habitude, les effets secondaires liés au pouvoir de Takeo était assez court. Une dizaine de minute, voir un quart d'heure dans les cas les plus violents. Fréquemment, c'était même de l'ordre de quelques minutes. Toutefois, le fait de s'être téléporter à deux et sur une distance encore inconnu pour le jeune homme ne pouvait lui permettre de fournir une réponse claire et sûre.

- Peut-être dix ou quinze minute... même trente... J'en sais rien...

Sa phrase fut ponctué par la douleur de son corps et le malaise global de ce dernier. Si la douleur au ventre était la dernière des inquiètudes du jeune homme, c'était tout le reste qui le bloquait autant. Comme les deux jeunes étaient momentannément bloqués, Asch se proposa d'aller faire un tour afin de pouvoir se situer. L'idée était bonne et pouvait aider le jeune homme. S'éxécutant, il précisa néanmoins à Takeo que si ce dernier se faisait la malle, il ne valait mieux pas pour lui que Takeo se remontre. A cela Takeo ne répondit rien. Il avait la tête baissé et se contenta de faire un signe de la main à son colocataire. Une sorte de "vas-y".

Le comportement d'Asch était bien des plus énervant et Takeo, plutôt calme, devait encaisser les coups sans broncher. Pourquoi ? Il était dans une situation bien mal et il en était le seul responsable. Il ne s'appitoyait pas sur son sort. Cette situation, il l'avait en grande partie cherchée. A trop jouer avec le feu, on se brûle, c'est bien connu. Il avait été berné par le personnage qu'était Asch. Sous ses allures simples, son compagnon de fortune était bien plus malin qu'il ne le laissait penser. Sous-estimé Asch aurait été probablement la plus grande erreur de Takeo mais pu importe, cela était dû passé et même si de la rancoeur avait pris place entre les deux jeunes, il fallait désormais qu'il s'unisse un minimum pour rejoindre le pensionnat ou les sources.

La première étape pour Takeo était de reprendre ses esprits. Après une dizaine de minute, la sensation de fourmi s'estompa et les nausées disparurent. Tête baissé, souffle calme... Il se contentait de restait calme tout en écoutant le bruit du vent virevolter entre les branches ou, encore, le bruit de pas de son compagnon vadrouillant dans les alentours. Après un vingtaine de minute, il se redressa complètement et se mit à marcher vers Asch. En grande partie, ce n'était plus que son ventre qui lui faisait mal, mais la douleur était moindre. Arriver à la hauteur du jeune homme, il prit alors la parole.

- Tu as remarqué quelques choses ?

Si Asch pouvait être surpris de voir Takeo passé de l'état de souffrant à normal en une vingtaine de minutes, il ne fallait pas qu'il croit que le jeune homme pouvait déjà se téléporter. De plus, Takeo n'avait pas encore préciser un élément important... il ne savait absolument pas s'il allait être capable de se téléporter une nouvelle fois avec Asch. N'oublions pas que tout ceci n'était qu'un accident au départ... mais cette information, il allait la garder pour lui. du moins pour le moment. Avoir un coup d'avance sur Asch le mettait dans une bonne situation. S'ils étaient bels et bien perdu au milieu de nulle-part, Takeo était la solution facile pour revenir à la civilisation sans problèmes... Si Asch se disait donc ceci, il ne fallait pas que Takeo brise cette image en exposant la possibilité qu'une téléportation à deux ne marche pas.

Il était clair qu'une certaine tension avait pris place entre les deux jeunes... mais même s'ils ne le voulaient pas, il fallait désormais coopérér.

Age

Asch put mesurer l’état de fatigue de Takeo à son absence soudaine de répondant. Ce qui le perturba un peu, il fallait bien l’avouer. Le jeune homme si audacieux et intelligent restait silencieux alors qu’il lui envoyait des piques pour le moins peu amicales. Il y eut un instant de déception, puis il se détourna à demi, avec une mine un peu boudeuse. Le point positif était qu’il avait vu juste pour son pouvoir. Mais à l’image d’un félin, il n’aimait taquiner les souris que lorsqu’elles se débattaient. Une absence de réaction était bien trop ennuyeuse, aussi le jeu s’arrêtait. Prématurément pour lui, comme à chaque fois. Chaque homme avait ses limites, mais lorsqu’il les trouvait il y avait toujours un petit goût amer, comme s’il attendait mieux. C’était maintenant le moment où soit il se détournait, soit il achevait. Mais heureusement pour Takeo, il préféra laisser filer et passer à autre chose,

Aussi se contenta-t-il d’attendre patiemment que l’autre lui réponde sur la durée de son temps nécessaire à la récupération. Réponse qui, au final, ne lui apprit pas grand-chose. Il soupira tout en s’ébouriffant les cheveux d’une main, tic dont il n’arrivait pas à se débarrasser. Non seulement il ne savait pas combien de temps il devrait attendre, mais en plus le malaise de Takeo était à la fois visible, et bruyant. Aussi il partit faire un tour, non sans l’avoir prévenu et même menacé, ce qui encore une fois ne suscita aucune réaction, l’agaçant d’avantages. Son adversaire au mental assez puissant semblait réduit à l’état de loque pour le moment. Et lui voulait jouer, pas faire les baby-sitters, merde.

Traçant mentalement un périmètre d’une dizaine de mètres autour de là où se trouvait Takeo, il le parcourut en long et en large, sans trouver le moindre repère ni indication, peu aidé par son sens de l’orientation qui lui faisait défaut. Après une vingtaine de minutes de recherches, il soupira de nouveau et commença à se faire à l’idée d’avancer au hasard, pour espérer trouver quelque chose. Ils leur restaient quelques heures avant la nuit, et bien que peu efficace, cette technique était tout de même mieux que de rester assis à ne rien faire. A ce moment-là, il entendit le doux froissement des feuilles qui plient, avant de se retourner et de tomber sur Takeo, qui prit la parole.

Rien pour le moment.

Si celui-ci semblait souffrant quelques minutes plus tôt, il avait l’air d’avoir bien récupéré, et semblait presque en forme. Il plissa les yeux en le jaugeant un moment, essayant de déterminer s’il avait joué la comédie avant, ou s’il récupérait juste rapidement. Il espérait qu’il eut trop de fierté pour s’abaisser à la première solution, et conclut donc que la deuxième était correcte, tout en se promettant de garder un œil sur lui, ne lui faisant aucunement confiance. Néanmoins cela le réjouissait de le voir en forme, et il se demanda s’il avait aussi récupéré son mordant, tandis qu’un petit sourire venait écorcher ses lèvres.

Ça a l’air d’aller mieux, dis donc.

Asch n’avait pas repris son agressivité d’avant, qui n’en était pas vraiment une mais pouvait s’interpréter comme tel, alors que ce n’était encore une fois que de l’amusement. Cruel, certes. Comme un enfant qui innocemment découpe son poisson rouge vivant dans ses assiettes en plastique de sa dinette. Même principe, mais il ne s’occupait que des hommes, et avait depuis longtemps passé l’âge de jouer à la dinette. Tout ça pour dire finalement qu’il espérait que Takeo allait reprendre leur joute, même si ce n’était ni le lieu, ni le moment. Mais cela ne le dérangeait nullement, puisqu’il semblait classer ses priorités par ordre d’intérêt. Aussi, le fait de rentrer aux sources chaudes pourrait toujours être résolu plus tard. Ou pas.

Tout en l’observant avec curiosité pour voir ce qu’il allait faire, il se décida pourtant à parler d’autre chose, lui laissant l’initiative de reprendre ou non leur duel verbal –ou physique-, et en revint donc à rechercher le chemin, même si ce n’était pas son but principal. Réfléchissant quelques secondes, il se dit qu’une vue en hauteur pouvait les aider avec un peu de chance, aussi il se mit à chercher le plus grand arbre des environs, avant de se planter devant et d’annoncer ce qu’il comptait faire.

J’vais grimper pour essayer de voir quelque chose.

Sans attendre de réponse, il commença son ascension, avec des gestes souples, amples et réguliers, faisant jouer avec plaisir chacun de ses muscles. Il avait toujours adoré la hauteur et l’escalade, ainsi le fait de grimper dans l’arbre ne relevait en rien d’un calvaire, bien au contraire. Tirant sur ses bras, progressant agilement entre les branches, il arriva rapidement au-dessus des cimes, et s’agrippant d’une main, il laissa son corps se tendre, avant de scruter les horizons. Après avoir changé plusieurs fois de point de vue, il aperçut enfin ce qui ressemblait à des bâtiments perdus entre les montagnes. Les sources chaudes. Elles semblaient loin, mais pas inaccessibles. Il retint leur position avec un peu d’excitation d’avoir trouvé, puis redescendit en quatrième vitesse, n’hésitant pas à se lâcher pour se réceptionner un peu plus bas. Lorsqu’il eut touché terre, il se positionna dos contre l’arbre, et indiqua une direction, à dix heures sur un cadran horaire.

J'ai aperçu les sourcse chaudes, elles sont vers là-bas. Faut qu’on se mette en route tout de suite, y’a une petite trotte quand même. Enfin, si t’en es capable..

Évidemment Asch n’avait pas pu retenir un autre petite pique, sans méchanceté au départ, puisqu’il voulait parler de l’état dans lequel s’était retrouvé Takeo, mais qui pouvait s’interpréter autrement. Et son sourire en coin quasi permanent n’aidait pas vraiment.

Age

Désormais perdus au milieu de nulle part, les deux jeunes hommes allaient devoir coopérer afin de retrouver le chemin du pensionnat ou des sources chaudes. Si à première vue cela ne semble pas compliqué, le vécu des deux étudiants rendaient la tâche bien plus complexe. Depuis le début de la journée, ils avaient tout d'eux décider de jouer au chat et à la souris avec l'autre. Poussez à bout par Takeo, Asch en était venu aux mains et c'est là que la situation devint étrange. Désirant uniquement prendre du recul par apport à l'autre élève, Takeo avait essayé de se téléporter. Poussé par l'adrénaline du moment, la téléportation ne fut pas celle escomptée... En effet, elle fit réapparaitre Takeo dans un lieu inconnu, même pour lui, et... en plus, accompagné d'Asch. Autant dire que l'ambiance était électrique entre les deux jeunes hommes.

Dans une première partie, Takeo dû prendre un peu de repos ce qui ne le fit pas échapper à quelques piques envoyées par son colocataire. Admettant sa défaite sur le coup, le jeune homme ne riposta à aucune remarque et remarqua que cela dérangeait gentiment son adversaire en quête de joute verbale. Mais qu'il ne s'inquiète pas, Takeo avait, de loin pas, dit son dernier mot. Il fallu une vingtaine de minute au téléporteur pour récuperer correctement. Les effets secondaires de la téléportation étaient assez forts, mais heureusement, se dissipaient aussi assez vite. Au final, le jeune homme n'avait désormais que mal au ventre, là où Asch porta son coup.

Takeo rejoignit alors Asch et lui demanda un point sur la situation. Le jeune homme n'avait encore trouvé aucun repère qui pouvait les situer. Il faut dire que la forêt était assez dense et les arbres assez hauts pour les empêcher d'observer le paysage au loin. Toutefois, le décor montagneux laissait tout de même penser qu'ils étaient bien plus proche des sources chaudes que du pensionnat. Takeo remarqua alors que Asch l'observait avec une légère insistance, le regard rempli de doute. Le jeune homme comprit tout de suite ce qui perturbait le jeune avant même que celui-ci se décide à faire un commentaire sur un ton des plus désobligeants. A cela, Takeo esquissa alors un sourire. Un sourire de satisfaction même. Il n'était pas satisfait de lui-même ou quoi que se soit, juste heureux de voir que la partie continuait.

- Oh.. Tout cela n'était pas grand chose. J'ai connu pire, mais je suis heureux de voir que mon état de santé t'inquiète.

L'ironie se faisait sentir à son paroxysme. Par là, Takeo renvoya alors un message positif à Asch : oui, le jeu n'est pas terminé. Peu importe le lieu, peu importe le temps. Les deux jeunes n'avaient absolument pas fini de se jauger. Takeo savait qu'il avait encore un léger avantage, du moins physique. Malgré son état, il se sentait encore capable de réaliser une téléportation. C'était peut-être jouer avec le feu mais cela pouvait le mettre à l'abri. De plus, si cela pouvait déjà le protéger, cela le rendait aussi utile aux yeux d'Asch. Ce dernier devait certainement imaginer que Takeo pouvait les ramener aux sources. Sa fièrté l'empêchait juste de le demander à Takeo et cela l'arrangeait bien. Il faut avoué que même si il venait de le faire, Takeo ne pouvait garantir pouvoir se téléporter une nouvelle fois à deux. Il fallait garder précieusement cette information qui pourrait éventuellement utilisé plus tard.

Asch décida alors de prendre de la hauteur et grimpa à un arbre. Takeo resta silencieux et observa la scène. Il était évident que le jeune homme avait une certaine habitude à la vie extérieur. L'aisance avec laquelle il se déplaca de branche en branche ne permettait pas d'avoir un doute à ce sujet. Au fond, tout ceci concordait avec son image d'élève sauvage. Après quelques minutes, il redscendit et réfléchi quelques secondes avant de pointer une direction, à dix heure. Il expliqua alors qu'il avait pu voir les sources mais précisa que la distance n'était pas courte. A cela, il se permit évidemment une petite pique que Takeo encaissa, le sourire aux lèvres.

- Mais... ne serais-tu pas en train de me materner Asch ? C'est trop d'honneur...

Takeo, malgré son ton calme et posé, était en fait aux aguets. Il ne quittait jamais le corps du jeune homme des yeux. Il avait craqué une fois, une seconde fois n'était pas impossible. De plus, son adversaire frappait plutôt fort et vite. Il ne fallait pas se laisser avoir une deuxième fois... par contre, il ne fallait pas non-plus se laisser marcher dessus. Ce n'était pas dans la nature du jeune homme. De toute façon, il connaissait les points sensibles de son adversaire et ne s'était pas privé de s'en servir jusqu'ici. Il n'était pas prêt d'arrêter. Afin d'en rajouter une petite coucher, Takeo se mit en marche et passant devant Asch.

- Alors c'est parti ? Je sais que tu es dans ton élément ici, mais je suis pas spécialement fan de randonnée donc...

Il esquissa un nouveau sourire provocateur, invitant Asch a passé devant. Comme dit, il était hors de question qu'il le perde du regard. Alors... en route ?

Age

Réunis de nouveau après une séparation forcée entre le repos de Takeo adossé contre un arbre, et l’exploration de Asch pour retrouver la route, il y avait eu quelques échanges de paroles banales, puis les hostilités avaient vite reprises. Pour le plus grand plaisir de Asch, qui doutait un instant auparavant de la combativité restante de Takeo. Maintenant, il était rassuré, et souriait d’avance à l’idée de reprendre leur joute verbale.

Son colocataire, en face, souriait lui aussi, mais sans doute pas pour les même raisons –quoique. Asch avait fait une remarque sur son prompt rétablissement, et celui-ci avait surenchéri en évoquant sa « sollicitude » à son égard, bien qu’aucun ne soit dupe. Takeo jouait assez bien d’ailleurs, puisque bien qu’il sache que l’autre n’en croyait pas un traître mot, le fait de parler comme s’il se souciait de Takeo avait le don de le titiller légèrement, même s’il se contrôlait suffisamment pour ne rien laisser paraître. Il entreprit donc de lui répondre, jouant le jeu à son tour, affublé d’un faux sourire affable qui ne lui correspondait pas du tout.

Je m’en serais voulu de te laisser là. Surtout si tu t’effondres encore..

Il sentait couler de nouveau l’excitation dans ses veines, ravi de constater que son adversaire n’avait eu qu’un bref moment de faiblesse, qui certes le désavantageait grandement, mais ne garantissait en rien l’issue de leur affrontement. On pouvait dire qu’une troisième manche commençait en quelque sorte, avec la première ex aequo et la seconde plus en sa faveur. Quand à savoir quand cela se finirait.. Il faudrait sans doute attendre que l’un des deux craque complètement, ou que le manque d’intérêt les fasse renoncer.

Il se demanda alors si Takeo était à nouveau en mesure de se téléporter, mais ne lui demanda pas. Après tout, s’il jugeait bon de le signaler, il le dirait de lui-même. Ensuite, rien ne garantissait qu’il lui dise la vérité si jamais il s’y aventurait, et pour finir il avait horreur de dépendre des autres, encore moins de leur pouvoir à moitié contrôlé, aussi préférait-il rentrer par ses propres moyens, quitte à y mettre la nuit s’il le fallait. Néanmoins il ne pouvait en rien être sûr quand au fait que Takeo n’allait pas essayer de le planter là, même s’il l’avait clairement menacé à ce sujet, et qu’il devait sûrement le prendre un peu au sérieux, après avoir aperçu le peu de chose qu’il fallait pour qu’il se mette à en venir aux mains. Et la fuite, seul, serait une marque flagrante de lâcheté, sertie d’une déclaration de guerre. Après, s’il voulait continuer à jouer avec le feu, libre à lui, mais gare au brasier…

Résolu à revenir aux sources à pied, il fallait d’abord pour Asch connaître la direction, ou du moins en savoir plus sur leur position, aussi avait-il décidé de grimper à un arbre. De là-haut il avait aperçu les sources, et l’avait annoncé à Takeo après être redescendu, sans se priver d’une autre attaque verbale dérivée. La contre-attaque de Takeo fût assez violente elle aussi, bien qu’énoncé le sourire aux lèvres. Lui, entrain de materner quelqu’un, c’était le comble. A la limite ça lui arrivait de se soucier de certains, comme par exemple son petit frère, ou encore un peu Kaito rencontré au pensionnat, mais c’était tout. Il aurait pu passer devant quelqu’un aux portes de l’agonie que cela ne lui aurait rien fait. Il choisit de ne pas répondre, laissant filer et ne lui offrant qu’une sorte de moue dégoûtée.

Il remarqua néanmoins avec un peu de satisfaction que Takeo semblait aux aguets, comme s’il essayait de prévoir ses futures sautes d’humeur. Le coup qu’il s’était reçu dans le ventre n’avait pas eu l’air de trop lui plaire –encore heureux-, et il savait qu’il n’était pas à l’abri d’autres. D’autant plus s’il continuait sur sa lancée, l’un des deux allait sûrement craquer. Il était un peu moins tendu à l’idée que l’autre ne l’attaque physiquement, puisqu’il semblait y préférer la parole, et qu’il avait selon lui un avantage, mais il restait un peu sur ses gardes quand même. Comme à son habitude.

Takeo lui passa alors devant, avant de lancer quelque chose come quoi il était dans son élément ici, et que bien que ce n’était pas son cas, ils devaient se mettre en route. Il n’avait pas totalement raison, puisque Asch n’avait pas l’habitude de traîner en forêt, mais plutôt dans les ruelles de son ancienne ville, où la jungle urbaine était aussi présente en quelque sorte. S’il savait grimper aux arbres, c’était par instinct, et expérience d’escalade de building et autres bâtiments plus ou moins délabrés. Il avait couru, sauté par-dessus des grillages de barbelés, sauter des garages, et squatter des toits. Bien d’autres choses encore, mais ce n’était ni le lieu ni le moment pour une quelconque nostalgie.

Pas vraiment, mais j’t’attendais.

Marcher plusieurs heures de suite ne le dérangeait pas plus que ça, aussi sur invitation de Takeo, il se mit en route, marchant d’un pas souple et allongé. La première place était celle du leader en quelque sorte, mais elle était bien dangereuse puisqu’elle empêchait de voir ce qu’il se passait derrière, tout en offrant son dos en pâture. Mais il ne pouvait pas refuser non plus, même s’il aurait préféré qu’ils échangent leur place. Il adapta son allure de manière à se placer à côté et légèrement en avant par rapport à son colocataire, tout en esquivant habilement les racines et branches traîtres qui leur barraient la route, vu qu’ils n’étaient pas sur un vrai sentier.

Alors comme ça t’as pas l’habitude de marcher ? Bizarre pour un ‘grand’ voyageur..

Asch avait relancé le dialogue, tout en continuant à se diriger vers ce qui devait être leur destination, même si laisser jouer son sens de l’orientation restait une manœuvre très aléatoire, qui ne garantissait pas de résultat. Il essaya de garder la bonne direction en tête envers et contre tout, quitte à se perdre plutôt qu’à avouer qu’il avait du mal à se diriger. Au pire, il pourrait toujours escalader un arbre de nouveau..

Age

A peine remis de leurs péripéties, les deux jeunes hommes avaient entamé ce qui semblait être un round trois. En effet, malgré leur situation, non pas catastrophiqe mais plutôt irrégulière, les deux étudiants n'hésitaient pas à s'envoyer des pics de tous les côtés. Asch titilla la faiblesse principale du jeune homme, se moquant alors des divers malaises dont il était victime. Takeo n'hésita pas à utiliser les remarques de son rival pour les retourner contre lui. Même s'il ne le montrait pas, l'affublé de l'image d'une petite maman s'occupant de son enfant devait bien l'énervé. Ils ne rataient aucune occasion pour se rembarrer l'un à l'autre, ce qui amusait doucement Takeo qui ne pouvait s'empêcher d'afficher un sourire amusé sur son visage. Les deux jeunes ne cessaient de s'observer aussi, de se jauger. A l'affût du petit détail qui allait leur permettre de prendre l'ascendant verbalement. Pour peu, on aurait pu voir en eux deux gamins essayant de savoir qui avait la plus grosse.

Après une séance de grimpe à l'arbre, Asch avait pu indiqué la direction à prendre. Toutefois, si cela allait bien les aider, les deux élèves étaient loin de leur peine car la distance les séparant du complexe n'était pas à prendre à la légère. S'envoyant des pics, comme d'habitude, Takeo utilisa un terme qui sembla bien déplaire au jeune homme : materner. Pour la peine, son colocataire n'osa pas répondre et se contenta de faire une moue dégoutée. Si finalement Takeo ne savait rien de son compagnon, il avait très vite compris ce qu'il n'aimait pas. Toutefois, il fallait parler avec parsimonis car Asch s'était déjà montré aggresif une fois et nul doute ne permettait de supposer que cela ne se reproduirait pas.

Il fallait désormais se mettre en route car, comme expliqué, le chemin allait être passablement long. Le jeune homme invita alors Asch a passé devant. Cela donnait une impression de chef, de guide... mais cela permettait surtout à Takeo de rester derrière son compagnon pour pouvoir l'observer. Quitte à ce qu'il pense gérer la situation, Takeo ne se mettrait pas dos à son adversaire. Bien évidemment, Asch devait en penser autant car même s'il se trouvait devant, il avait adopté un rythme quasi semblable à Takeo, se contentant que d'une très petite distance d'avance. Au final, il marchait limite côte à côte et pouvait s'observer d'un simple regard de coin. Asch ne se fit pas attendre très longtemps avant de reprendre le dialogue. Il posa alors une question à Takeo qui avait exprimer son manque d'intérêt pour la randonnée. Comme à son habitude, il s'était permis de ponctuer sa question avec une petite remarque concernant la vie de voyageur qu'avait mené Takeo. La question n'était pas dénué de sens et fit sourire le jeune homme qui constata que son compagnon n'avait pas oublié certain élément de son histoire. De plus, cette question tombée à pic car elle allait permettre à Takeo de se mettre en avant.

- Content de voir que tu m'écoutes quand je parle. Cependant, tu oublies peut-être un détail qui à son importance... Je n'ai pas forcément besoin de me déplacer des heures à pied pour m'en rendre d'un endroit à l'autre.

Il répondit sur un ton neutre et absolument pas aggressif. Sa réponse n'était que le reflet d'une simple vérité. Toutefois, les intentions de Takeo n'était pas neutre. Le message a passé était clair : j'ai pas besoin de marcher jusqu'aux Sources pour rentrer. Le jeune homme voulait bien faire comprendre cela à son compagnon. Qu'il prenne en compte le fait que Takeo n'était pas bloqué ici, et surtout pas bloqué avec lui. Mensonge ? Oui, peut-être. Takeo savait de quoi il était capable et jusqu'où il pouvait utiliser son pouvoir. Actuellement, il se sentait encore capable d'accomplir une téléportation assez grande. Mais lorsqu'il se donnait quelques secondes pour se concentrer sur leur chambre, il comprenait tout de suite qu'il n'avait absolument pas la force de la rejoindre... du coup, encore moins à deux. Mais ça, Asch ne devait pas le savoir et même s'il s'en doutait, il fallait qu'il pense que Takeo pouvait s'en aller. Ne serais-ce que pour ne pas penser avoir la main-mise sur ce dernier. Takeo arrivait aisément à faire croire quoi que se soit sur son pouvoir. De base, c'était déjà assez impresionnant de le voir à l'oeuvre et comme il arrivait plutôt bien à se contrôler, même si la situation actuelle était dû à un manque de contrôle, les gens pensaient qu'il était maître en la matière. Que nenni.

- Mais toi à voir... Le grand air, la marche, l'escalade... c'est ton dada ? J'ai plus l'impression que tu as eu une vie extérieur qu'une vraie vie de famille dans un foyer, ai-je tort ?

Et oui, si l'on en suivait les règles du jeu, c'était à Takeo de prendre la parole. Chose qu'il fit. Il s'attaqua alors à une part obscure de son compagnon. Il ne savait encore rien de son enfance et rien de sa famille, hors mis qu'il avait un frère. Ce qui'il avait pu observer d'Asch, que se soit son comportement, son tempérament, sa façon de se tenir, sa façon de parler... tout ça montrait qu'il avait plus grandi dehors, dans les rues ou autres, qu'au sein d'une famille. Si la vie de famille de Takeo, rejeté par ses parents, n'était pas radieuse, celle d'Asch ne devait pas l'être non-plus. On pouvait dire de Asch que c'était un enfant qui avait "mal-tourné". Du moins, c'est ce que les conseillés d'orientations ou parents diraient. Takeo, lui, voyait Asch comme un jeune qui n'avait pas eu de chance, tout comme lui finalement.

Sans ralentir et sans se tourner spécialement vers son interlocuteur, Takeo attendit patiemment une réponse... Si bien évidemment, Asch daignait répondre quelques choses...

Age

Ils s’étaient mis en route, vers ce qu’ils espéraient être la bonne direction, bien qu’approximative. Si Takeo lui avait demandé de passer devant, Asch n’avait qu’à moitié obtempéré, puisqu’il se trouvait à ses côtés, légèrement en avance. Ce qui était bien plus confortable pour le surveiller, assurer ses arrières, et continuer leur dialogue, le jeu ayant repris de plus belle. Pour relancer, il avait relevé une petite incohérence, entre le fait que Takeo dise à la fois voyager beaucoup, mais n’aimait pas marcher. A cela, son colocataire avait répondu qu’il n’avait pas besoin de se déplacer longtemps à pieds. Asch en conclut alors qu’il devait utiliser souvent son pouvoir, ainsi que les transports en commun. A ça place, s’il ne voulait pas marcher, il aurait sans doute fraudé dans les trains pour parcourir de longues distances. C’était peut-être d’ailleurs ce qu’il avait fait.

Mais partir voyager, sans aimer marcher, c’était un peu comme aller à la mer, sans aimer nager. Cela lui permettait de tirer d’autres hypothèses. Il devait sans doute y avoir une dimension d’obligation dans ses vagabondages, expliquant qu’il bouge plus par nécessité que par envie, renforcé par ses problèmes familiaux vraisemblables. Ou alors il était juste très contradictoire. Mais cela l’étonnait un peu, puisqu’à son contraire, il lui arrivait avant de trainer pendant des heures à déambuler sans réel but, juste pour le plaisir de se perdre dans des pensées plus ou moins obscures. Mais cela renforçait l’impression qu’ils étaient diamétralement opposés, seulement réunis par l’envie de jouer.

En lui rappelant qu’il n’avait pas à marcher longtemps, peut-être que Takeo lui envoyait aussi un message subliminal, une menace voilée, sur le fait qu’à tout moment il pouvait se téléporter et rentrer seul aux sources. Ce qui l’agaça un peu, il ne voulait en aucun cas qu’il s’échappe comme ça, même s’il avait effleuré la possibilité de lui dire de rentrer seul quelques minutes plus tôt. D’un accord commun, ça ne le dérangeait pas, mais s’il prenait la décision seul.. Ça allait très mal se passer. Qu’il essaie, ils étaient suffisamment proches pour qu’au moindre mouvement suspect Asch puisse l’attraper par le bras. Mais il avait compris le message et redoublait de vigilance.

Et t’es allé jusqu’où comme ça ?

Il voulait en apprendre d’avantages avant de le laisser filer, s’il le faisait. Rentrer seul ne le dérangeait pas, une fois de plus, cela lui permettrait même de réfléchir. Mais pas tout de suite. Pas encore, il lui manquait plein de choses à savoir, et cela sonnerait la fin de la troisième manche. Il sentait que Takeo avait lui aussi envie de s’amuser, aussi espérait-il qu’il resterait de lui-même un peu, sans qu’il ait à le forcer. D’ailleurs s’il avait voulu le retenir de force, comment aurait-il procédé ? Le fait de l’agripper lorsqu’il se téléportait conduisait à se déplacer avec, aussi le seul moyen serait de le rendre incapable de se téléporter, ce qui impliquait des dégâts physiques et/ou mentaux. Mais il ne semblait pas très bien supporter la douleur, et se laissait faire lorsqu’il était blessé. Ennuyeux et sans intérêt. Bref, autant espérer qu’il reste de lui-même, sinon il compliquait bien des choses.

D’ailleurs celui-ci avait relancé le jeu, en posant des questions bien personnelles sur Asch. Si nombre de personnes aimaient s’étendre sur leur vie, et déballaient tout au premier inconnu, ce n’était pas son cas, lui pour qui les informations étaient si précieuses. Néanmoins il se devait de répondre, quitte à feinter ou à ne donner que des détails superflus, s’il ne voulait pas que cela se termine en queue de poisson. Toujours le principe de donner pour mieux prendre.

Plus ou moins, bien que j’ai sans doute l’air plus rôdé que toi là-dessus. On peut dire ça, oui.

Un ton neutre et banal, dénué d’expression. L’évocation de sa vie ne lui ramenait ni souvenirs brûlants, ni nostalgie, plutôt un léger brouillard. Il ne trouvait pas qu’il ait eu une enfance douloureuse, même si ses parents étaient effacés, qu’ils vivaient plus dans un taudis que dans un véritable hlm. C’était pour cela qu’il avait pris l’habitude de traîner dans les rues, au lieu de moisir dans un deux pièces ridicule. Mais il n’était pas à plaindre selon lui, loin de là. Une bande d’amis avec qui faire les quatre cent coups, des obstacles urbains, une balle qui trainait dans un coin, le vieux chien des voisins, tout cela avait contribué à remplir ses journées de gosse. Même si plus tard il avait commis l’erreur de rejoindre le gang du coin pour se faire de l’argent pour son frère, c’était son problème. Et c’était du passé maintenant. Fini et révolu, son esprit oubliant peut à peu les marques que son corps avait effacé de lui-même longtemps avant, à cause de son pouvoir. Alors s’il sentait la moindre once de pitié ou de compassion dans la voix de son colocataire, il lui écraserait la gorge.

C’était maintenant son tour de combler les vides autour de ce qu’il percevait de Takeo, bien que celui-ci soit quand même nettement plus coopératif et lui ait déjà appris pas mal de chose. L’autre lui avait parlé famille, il allait suivre et abonder dans son sens. Si Takeo semblait assez proche du stéréotype de l’intello bien sur soi, même si évidemment c’était bien plus compliqué que cela –sinon il ne s’intéresserait pas à lui-, qu’il semblait plus sédentaire, même s’il avait passé une partie à beaucoup voyager, et qu’il était en conflit avec sa famille, il avait du se produire quelque chose de suffisamment marquant pour qu’il change de mode de vie. Et pour cela il avait du être assez proche de sa famille, pour que le choc soit de taille. Il fallait chercher un événement marquant.. Pourquoi pas ?

Et toi, t’aurais pas eu une « vraie » vie de foyer comme tu dis ? Ta famille d’ailleurs, elle a réagi comment en découvrant ton pouvoir ?

Tout n’était que conjecture et il pouvait se tromper grandement, mais il avait remarqué que pas mal de pensionnaires avaient d’abord parlé de leur don à leurs parents avant d’atterrir à Aomori. Et au moins pour les trois-quarts, ils s’étaient fait rejeter suite à cela. Bien entendu cela venait des informations qu’il avait récolté, restaient à prouver leur véracité.

Age

Les deux étudiants avaient amorçé leur longue marche censée les ramener aux Sources chaudes. Bien évidemment, cela ne les empêchaient pas de discuter et comme à leur habitude. Ce fut chacun leur tour qu'il prit la parole. Asch commença alors par une remarque concernant les voyages que Takeo avait fait. En effet, ce dernier avait exprimé de pas aimer la randonnée alors qu'il avait voyagé. Cela pouvait paraître contradictoire mais ne l'était pas finalement. Pour se déplacer, Takeo avait profité de son pouvoir et fraudait régulièrement pour emprunter les trains longues distances, se téléportant de wagons en wagons pour esquiver les contrôles. Le ton de la discuter était plutôt calme, assez calme pour qu'on puisse imaginer quelques secondes que les deux élèves parlaient simplement entre eux... chose qui était très loin d'être le cas, avouons-le.

Asch se montra alors curieux et demanda quelques détails au sujet des voyages de Takeo. Ce dernier réfléchit alors quelques instants avant de répondre. En effet, Takeo avait déjà donné bons nombres d'informations à son adversaire et n'avait récolté que des réponses vagues en retour. Toutefois, cette question n'allait probablement pas donner un avantage à Asch.

- J'ai un peu fait le tour... Tokyo, Osaka... Kyoto, Hiroshima... En passant par quelques petits villages.

Il se contenta de cela. C'était une réponse largement suffisante qui ne devait rien apporté au jeune homme. Tant pis pour lui, il avait gaspillé un tour avec une question que Takeo considérait comme futile pour le moment. Peut-être allait-il le surprendre plus tard... qui sait.

Le sujet suivant fut alors abordé par Takeo. Il s'intéressa alors à l'enfance d'Asch, sa famille... son mode de vie. Quand on voyait Asch, on ne voyait pas l'enfant modèle qui avait grandit avec ses parents. De loin pas. Son tempérament, son comportement, son physique... tout montrait qu'il avait eut une vie plus extérieure. Takeo ne savait pas d'où Asch venait. S'il venait de la ville, il avait certainement dû faire partie d'un groupe de jeune. Si Asch lui annonçait avoir été dans un gang, cela ne l'aurait en aucun cas surpris. A l'opposé, il avait aussi pu vivre à la campagne... Mais le répondant et la hargne du jeune homme laissait clairement penser qu'il venait de la ville. Et même, quand on y réfléchissait, c'était quasiment logique. Le manque de respect mettait Asch hors de lui... le respect était une chose sacrée, surtout dans les quartiers, chez les jeunes. C'est alors que sans même avoir eu une réponse, Takeo réussi à analyser son compagnon. Forte heureusement de plus. En effet, Asch fit comme d'habitude et répondit de façon vague. Il n'infirma pas ce que Takeo disait. Cela ne fit donc que confirmer les spéculations que le jeune homme avait à son sujet.

La balle changea alors de camp et s'était désormais à Asch de prendre le dialogue en main. Ce dernier profita alors du sujet entamer par Takeo pour, d'une certaine manière, renvoyer la question à son destinataire. Il ajouta cependant une question concernant la découverte, par ses parents, de son pouvoir. Ce sujet était très sensible pour le jeune homme. Probablement la chose qui la blessait le plus. Asch le savait pour avoir déjà mis le doigt dessus à midi. Toutefois, ce sujet ne pouvait être abordé avec Asch. Si Takeo avait des révélations à faire sur sa famille, c'était en tout cas pas avec un individu comme Asch. Il copia alors le style de son colocataire et répondit vaguement, toujours sur un ton neutre. Il tourna tout de même légèrement la tête à l'opposé, histoire de ne montrer aucune expression sur son visage.

- Dit toi que j'ai vécu deux ans seul en vadrouillant dans tous le pays. Je pense que sa te laisse imaginer les réponses à tes questions.

Voilà. C'est tout. Tout ce que Asch allait avoir à ce sujet, du moins pour le moment. Il était clair, voir même évident, que le jeune homme se doutait que Takeo avait eu une vie de famille qui avait éclatée à la suite de la découverte de son pouvoir. Takeo n'allait donc pas lui donner le plaisir d'avoir raison et laisser planer un léger doute.

C'était maintenant à Takeo de prendre la parole, si l'on en suivait les règles tacites de ce jeu. Le jeune homme devait bien réfléchir. Une attaque directe était inutile... Peu importe ce qu'il allait posé comme question, Asch allait esquiver ou répondre vaguement quelques choses qui n'allait en rien aider le jeune homme. C'est dire, tout ce que Takeo avait pu analyser de son compagnon, il l'avait fait uniquement en l'observant. Il y avait qu'une chose que le jeune homme cachait mal : ses expressions. Son tempérarement assez explosif était très explicite. Asch était comme une bombe à retardement et l'attiser n'était pas difficile une fois que l'on avait touché le bon sujet. Pour l'instant, Takeo savait que le manque de respect ainsi qu'une quelconque remarque concernant le fait qu'il soit "attentionné" pouvait le mettre hors de lui. C'est alors qu'il pensa à une nouvelle voie. Pensant avoir vu juste en imaginant grandir Asch dans la rue au sein d'un groupe de jeune délinquant, il savait ce qui pouvait l'énerver.

- Tu n'es pas très ouvert dis donc... Bon, je peux comprendre... Quand on a une enfance difficile c'est jamais facile...

Et oui, la pitié, la compassion. Ces émotions là ne devaient pas être apprécier par Asch. Restait maintenant à savoir comment il allait réagir. Takeo resta alors bien sur ses gardes, prêt à esquiver n'importe quelle attaque physique.

Age

La marche. Un pied, puis l’autre, à un rythme lancinant, pour aboutir au final à une déambulation plus ou moins rectiligne et machinale, qui n les empêchait pas de penser activement. Pour l’heure Asch avait demandé à Takeo où il avait voyagé, histoire de pouvoir évaluer les distances et mieux cerner son côté voyageur. IL eût en réponse quelque chose de vague, mais qui l’avançait quand même un peu. Takeo était, si ce qu’il venait de lui dire était vrai, resté dans le Japon du milieu, soit plus précisément les îles Shikoku et Honshu. Il avait parcouru de la distance, mais pas jusqu’à se dé paysager complètement. Enfin c’était toujours mieux que lui, qui était bloqué dans sa ville. Avant.

Les petits villages le firent un peu tiquer, même si cela ne voulait pas forcément dire quelque chose, il y attachait au moins un peu d’importance. Il avait sans doute dû faire pas mal de rencontres au cours de son voyage, et peut-être plus dans les petites villes où les gens étaient parfois plus accueillants. Il se demanda comment il avait fait pour se loger et manger, puisqu’il le voyait assez mal dormir dehors, même s’il avait dû expérimenter ça quelques fois. Il avait sous-entendu avoir volé, mais ça ne suffisait pas. Sans doute avait-il travaillé pour ça. Mais ça ne valait pas le coup de gâcher une question.

Après une remarque de Takeo sur ce qui avait dû être son mode de vie, à laquelle il n’avait répondu que vaguement, confirmant sans en dire d’avantages. Il avait alors attaqué sur sa famille, se doutant qu’il n’obtiendrait pas de réponse, mais espérant lire sur son visage s’il avait dit vrai. Malheureusement Takeo tourna la tête, ce qui lui permettait quand même de prendre pour comptant ce qu’il avait soulevé comme hypothèse. Il en savait désormais pas mal en surface, sur son histoire, son caractère et son ancien mode de vie. Deux ans de vadrouille signifiait qu’il avait eu le temps de se forger un caractère différent de celui qu’il aurait eu s’il n’avait jamais eu de pouvoir et vécu normalement en bon petit garçon avec sa famille. Donc il s’était passé quelque chose de déterminant il y avait deux ans, à moins que ce ne soit qu’une accumulation au fil du temps. Mais cela restait des détails, il saisissait furtivement l’essentiel. N’ayant plus vraiment rien de précis à glaner, il se permit une autre pique, sur sa santé et son manque d’envie de marcher.

Si longtemps et pourtant tu pâlis devant une petite marche.. Ça a dû te coûter quelques mésaventures j’imagine

C’était au tour de Takeo maintenant, et celui-ci choisit de l’insulter en quelque sorte, puisqu’il prit un ton compatissant et condescendant pour lui annoncer qu’il n’était pas très ouvert, sans doute à cause de son enfance « difficile ». Qu’il aille se faire voir ailleurs, Asch ne laisserait pas passer cela. Expirant lentement, il essaya de se calmer, avant de laisser l’adrénaline qui accompagnait ses accès de rage envahir ses veines. Il savait que Takeo serait prêt, et continua de marcher du même pas, avant de bondir soudainement, visant l’endroit qu’il avait déjà touché auparavant et qui devait être encore douloureux, avant d’enchaîner et de le projeter contre un arbre, d’où il le maintint en appuyant son bras droit replié sur sa gorge. Takeo s’était défendu évidemment, parant les coups, mais il n’avait pu empêcher de se retrouver plaquer contre le tronc.

Sans relâcher son étreinte, Asch le fixa un moment, droit dans les yeux, avant de lui répondre sur un ton froid et tranchant.

Je ne vois pas l’intérêt de déballer sa vie, tu m’excuseras. Quand à mon enfance, elle ne regarde que moi.

Il augmenta la pression sur la gorge de Takeo, jusqu’à sentir sa peau pulser sous son rythme cardiaque et ses veines se gonfler, puis il le relâcha et s’écarta en secouant la tête de mécontentement. Il allait finir par passer pour un impulsif –ce qu’il était- susceptible –là aussi-. Mais lorsqu’on vivait dans la rue, il fallait établir des règles et des codes, qui variaient suivant les individus, pour ne pas se faire écraser. La sienne comportait un point assez simple : il ne laissait passer aucune marque d’irrespect ou de pitié. Il ne brutalisait pas vraiment Takeo par envie, mais parce que c’était comme ça. Enfin, cela ne l’empêchait pas d’afficher un beau sourire sadique en coin, ni d’apprécier.

Malgré ça, il avait cassé le rythme du dialogue, et ne pouvait espérer recommencer ses questions de suite. Mais cela ne le gênait pas, puisqu’il avait encore le sang un peu trop chaud qui circulait dans ses veines. Il reprit donc la route, tout en vérifiant que Takeo suivait, à un peu de distance mais toujours assez proche dans le cas d’une éventuelle téléportation.

Age

HS : Ne me tue pas ^_^"

La marche, tout comme le jeu entre les deux étudiants, avait repris. En effet, si les deux jeunes hommes allaient mettre un certain temps pour rejoindre les sources chaudes, c'était du temps qu'ils allaient mettre à profit au sein d'une discussion qui montait déjà rapidement dans les tours. Les sujets s'enchaînaient vite tout en restant tout de fois intéressant. Les voyages, la famille... comme toujours, Asch avait montré un certain intérêt pour le jeune homme qui décida, cette fois-ci, de ne rien révéler de spécial tout comme le faisait son compagnon de fortune. Asch ne ratait pas une occasion d'envoyer une pic au jeune dès que le sujet permettait de déborder sur la santé. Asch était en droit de critique la "consistance" du jeune, il avait bien raison d'en profiter. Au fil des dernière observations, Takeo conclu que son compagnon de fortune avait grandit dans la rue, probablement au sein d'un groupe de jeune. L'agilité, le comportement, le tempérament... c'était finalement des attributs typiques de ce genre de personnage. Dans la rue, le respect valait de l'or et Asch montra rapidement à Takeo qu'il ne laissait pas passer le manque de respect. C'est alors que le téléporteur pensa à autre chose qu'Asch n'allait probablement pas aimer. Il fut malin... car cela fit mouche.

Takeo fit alors une remarque à Asch concernant sa légère réserve quant au question qu'il lui posait. Que l'on soit clair, cela n'avait pas le but de rendre le jeune plus ouvert, mais plutôt de voir sa réaction vis-à-vis de la pitié. La réaction d'Asch ne se fit pas attendre très longtemps. Au tac au tac, le jeune homme pu remarquer le souffle de son interlocuteur ralentir. C'était surement pour rester un maximum calme. Soudain, Asch bondit littéralement sur Takeo pour lui asséner un nouveau coup au ventre. Préparé à une offensive, le jeune homme para au mieux le coup mais ne pu rien faire lorsqu'il vit le bras d'Asch lui écraser la gorge contre un arbre. Bloqué, Takeo relâcha tout emprise défensive, se laissant faire. Malgré la douleur et son souffle coupé, il ne quitta pas du regard Asch et se permit même d'esquisser un léger sourire. Les deux jeunes se regardèrent dans le fond des yeux. Pour peu, on aurait pu voir des éclairs en ressortirent. Asch prit alors la parole et exprima ne voir aucun intérêt à raconter sa vie, ajoutant que son enfance ne regardait que lui. Takeo sentit alors la pression du bras augmenter au point de sentir ses pulsations. Il sentait les veines se gonfler, son souffle devenir presque impossible. Après quelques secondes, il lâcha son étreinte et reprit de la distance. Il se retourna alors vers Takeo, sourire sadique affiché, et s'assura que ce dernier suivait. Cependant, Takeo n'allait pas en rester là.

Il s'écarta alors de l'arbre et se frotta gentiment la gorge. Il fit quelques pas en avant, restant tout de même à bien trois mètres d'Asch et écarta les bras.

- Et montrer ta supériorité physique... sa a un intérêt ? Qu'essais-tu de prouver ?

Il referma ses bras et s'approcha un peu plus d'Asch, maintenant à deux mètres.

- Tu as beau ne pas vouloir me répondre... Je lis en toi comme dans un livre. Tu es impulsif, susceptible, violent... Où crois-tu que nous sommes ? Dans une banlieue ? Arrêtes de jouer au caïd.

Cerise sur le gateau, il s'approcha encore. Maintenant il était à un mètre et le regardait une nouvelle fois de haut, à cause de la différence de taille.

- Et tu vas faire quoi maintenant ? Me donner des coups ? Donne moi le plaisir de me donner raison. C'est tout ce que tu sais faire.

Il soupira alors, style "pffff", et lui passa à côté. Il savait qu'il prenait des risques là et pas qu'un peu. Cette fois, il ne jouait pas avec le feu, il jetait carrément de l'essence dessus. Toutefois, même si des coups n'étaient pas impossible, il se permettait d'imaginer qu'Asch n'en viennent pas à ça. Takeo avait montré clairement qu'il n'allait pas se défendre et qu'il s'en fichait finalement de sa, selon ses termes, supériorité physique. Asch avait peut-être un tempérament enflammé, mais frapper quelqu'un qui avait clairement montrer ne pas vouloir rentrer dans ce jeu... allait-il le faire ? C'était un pari osé de la part de Takeo mais s'il voulait avoir Asch à son propre jeu, il fallait tenter le tout pour le tout.

Il n'arrêta pas sa marche, continuant avec un rythme soutenu. Qu'il le suive ou pas, peu importe.

Age

HS : Désolée pour le retard, et j'espère que ça t'iras, c'est bordélique ♥ mais je t'ai pas tapé, t'as vu //sbaf//

Tandis qu’ils étaient sur le chemin du retour pour les sources chaudes, la tension accumulée tout au long de la journée avait soudainement atteint un point de rupture quand Takeo avait feint la pitié vis-à-vis de l’enfance de Asch. Celui-ci, bien trop impulsif avait répliqué derechef, d’abord physiquement, en le plaquant de manière peu diligente contre un arbre, avant de lui cracher encore un peu de paroles venimeuses et de le relâcher. Si le fait d’user de violence avait amené de manière quasiment mécanique un petit sourire sadique sur son visage, il restait néanmoins perplexe.

Si Takeo avait paré le premier coup, une fois en difficulté, il avait abandonné toute velléité, comme s’il se contentait d’attendre que ça lui passe. Ce qui lui laissait un goût amère dans la bouche, un quelque chose d’inachevé et d’incontrôlé. Il l’avait tenu dans son emprise, serré sa gorge jusqu’à ce qu’il ressente l’envie si vitale de respirer, mais il n’avait pas bougé. Il aurait pu lui faire n’importe quoi, ce n’était plus jouer avec le feu, c’était jouer avec sa vie. Une sorte de résistance passive, qui le laissait sur sa propre défensive. Une part de lui était agacée à cette idée, tandis que l’autre appréciait à sa juste valeur cet acte téméraire. Ce fût sans doute pour cela qu’il le relâcha et s’éloigna, vaincu en quelque sorte, puisque la reconnaissance de son geste le forçait dans sa fierté à arrêter son offensive.

Il eut le temps de faire quelques mètres avant de se retourner pour écouter Takeo parler. Il était assez curieux de savoir ce qu’il avait à dire. Celui-ci resta à distance, avant de lui balancer une question à la figure, l’intérêt de montrer sa supériorité physique. Il était vrai que de premier abord, cela aurait pu n’être qu’un comportement à la limite de l’animal, pour quelqu’un qui avait toujours eu une vie facile, mais il ne pouvait pas comprendre. Dans les rues, là où il n’y avait ni éducation, ni culture, la violence était la seule force, et régnait en maître. On frappait pour quelques grammes de dope, ou juste en effet pour montrer une quelconque supériorité. Alors comment faisait un gamin lorsqu’il échouait là ? Il apprenait à se battre à son tour, pour ne pas se faire écraser. Il n’y avait rien à prouver, juste un besoin de survie, qui se transformait en art de vivre, qui collait à la peau. Mais encore une fois, que pouvait-il y comprendre, hein ?

Sans attendre de réponse, Takeo s’avança avec assurance, et continua sur sa lancée. Asch se contenta une fois de plus de garder un visage indéchiffrable, en encaissant chacune de ses accusations sans montrer la moindre émotion ni se trahir. Il disait lire en lui ? Baliverne, il ne pouvait voir que la surface, assez reconnaissable et qui le catégorisait direct. Oui il était violent, impulsif et susceptible. Il le savait, ainsi que le fait que ces traits de caractère se dévoilaient à tous ceux qui passaient un peu de temps en sa compagnie. Mais il l’avait déjà sous-estimé une fois, alors qu’il recommence, cela ne le dérangeait pas. Néanmoins il y avait des paroles qui faisaient mal, comme lorsqu’il lui disait d’arrêter de se croire dans une banlieue, ou de jouer au caïd. A ce moment-là, il eut envie de lui cracher au visage tout le ressentiment, les moments de colère ou de désespoir accumulés durant toutes ces années, la noirceur, la pourriture au visage bien trop humain. Mais encore une fois, il se retint. S’il l’avait fait, ça aurait été lui accorder une petite victoire, en lui dévoilant des pans de sa vie d’avant, et ça il ne le voulait pas. Qu’il reste avec ses certitudes plus ou moins erronées sur lui et sa vie d’avant, tant pis. Ça ne le regardait pas. Et encore une fois, comment pouvait-il comprendre, lui qui semblait avoir vécu une agréable vie de famille jusqu’à il y a deux ans ?

Cette fois il se rapprocha encore, jusqu’à n’être plus qu’à un mètre, et le surplomber de toute sa hauteur. Pour le provoquer une nouvelle fois, allant jusqu’à lui suggérer de le frapper à nouveau pour lui prouver qu’il avait raison. Et Asch fut tenté, bien trop. Après tout, puisqu’il n’allait pas se donner la peine d’argumenter ou de lui prouver qu’il avait tord, il pouvait bien se faire passer pour ce que l’autre croyait, et le frapper. Avec tous ces souvenirs remontés à la surface, ce serait un véritable exutoire. Si la violence ne résolvait rien, l’adrénaline et la douleur physique était néanmoins appropriées pour se vider la tête. Il n’y avait qu’un mètre à parcourir, et il pourrait avec facilité lui casser le nez, briser les côtes, fracturer les genoux, tordre les poignets.. Ce serait tellement simple, plus besoin de penser. Mais au contraire, il ne fit rien. Fatigué de cette image, de ce qu’il devait sans cesse refléter, et de l’incompréhension.
Alors il le regarda dans les yeux, longuement, devenu tout à coup sérieux, sans plus être gêné par la différence de taille. Bien que l’autre soit plus grand, en cet instant il lui semblait le dominer par le poids de son vécu. Son regard se fit plus lourd, chargé d’une sorte d’amertume et de tristesse propre à ceux qui ont vu trop de choses, agrémenté d’un peu de pitié et d’envie pour ceux qui ne pourraient jamais comprendre. Il voulut lui répondre immédiatement, mais Takeo sans doute gêné par la faible distance, se sentant sans doute menacé, lâcha un soupir avant de faire volte-face et de se remettre en route. Avant qu’il ne s’éloigne trop, Asch lui balança enfin une réponse, toujours sur le même ton froid et acide de circonstance.

Qu’est-ce que t’en sais, hein ? C’est parce que t’as un peu voyagé que tu crois tout savoir de la vie ? Me fais pas rire. Te frapper ? Je pourrais le faire, tellement facilement. Peut-être qu’une fois brisé et étendu par terre tu en comprendrais l’intérêt. Retourne dans ton monde de bisounours, avec ton papa et ta maman, t’as pas ta place ailleurs.

Asch se sentait amère, cynique et souillé en cet instant. Il se demanda s’il ne serait pas mieux de le planter là, et de le laisser se débrouiller seul, mais ce ne serait même pas une punition en quelque sorte, puisque Takeo pouvait se téléporter. Et il était temps de rentrer aux sources chaudes. Le jeu avec Takeo était fini, puisqu’ils avaient brisé les règles, aussi plus rien ne le retenait. L’autre pouvait bien penser ce qu’il voulait de lui, il s’en moquait éperdument. Comme de tous les autres. Il se mit en route à son tour, derrière Takeo, non pour le suivre mais parce que c'était dans ce qui semblait être la bonne direction.

Age

Désolé de rép que maintenant ._." C'était une super réponse de ta part, vraiment bravo ^^

L'ambiance venait une nouvelle fois de passé le point de rupture. S'en était trop, Takeo avait franchi la ligne. Bien évidemment, il l'avait cherché, tout comme aux Sources finalement. Notre jeune héros avait doucement fini par cerner le personnage qu'était Asch. Il pouvait anticiper ce qu'il faisait, comprendre à l'avance ses réactions. C'était facile pour Takeo... pourquoi ? Ne brûlons pas les étapes.

Tout en marchant en direction des Sources, les deux jeunes avaient entrepris de maintenir leur "jeu" en marche, se posant alors mutuellement des questions l'un sur l'autre. Takeo s'étant déjà bien ouvert, avait adopté un comportement égal à celui d'Asch. Cela signifiait donc répondre de façon vague ou simplement le stricte minimum. A ce stade, la conversation allait vite tourner au n'importe quoi et ce à cause de la méfiance qu'avait chaque élève envers l'autre. Vint alors une idée, provoquer une nouvelle Asch. Ce fut cette fois à l'aide de la pitié que Takeo mis à bout Asch. Il était presque content du résultat et pour la peine, ne montra pas de réel résistance à son rival. Il avait eu ce qu'il voulait. Après quelques remarques d'Asch, ce fut au tour de Takeo de prendre la parole et il ne mâcha pas ses mots.

Il pointa du doigt la violence du jeune homme. A quoi servait-elle ? Qu'essayait-il de prouver finalement ? Il avait beau montrer de l'intelligence lors des échanges de dialogue mais ses nerfs étaient trop à vifs... preuve de sa vie dans banlieusard. Takeo expliqua alors qu'il pouvait lire en lui comme dans un livre. Si c'était vrai ? Plus que beaucoup de personne pouvait l'imaginer. Recevant les accusations, Asch resta impassible, stoïque mais si son corps ne montrait rien, cette attitude faisait clairement comprendre à Takeo qu'il faisait mouche. Le regard d'Asch s'alourdissait peu à peu pour s'emplir d'amertume. Les souvenirs devaient remonter peu à peu, surtout lorsque le jeune homme parla de banlieue et de caïd. Mais il ne s'arrêta pas là, il alla jusqu'à le provoquer une nouvelle fois, de face, de haut. Leur regard était profond, l'un dans l'autre. On pouvait voir dans le regard d'Asch une once de tristesse, oui. Takeo comprit que ce qu'il avait dit avait fait remonter quelques choses. Restait à savoir quoi ?

Soupirant d'exasperation devant cet "animal", Takeo se remit en marche mais ne pu faire que quelques pas avant d'entendre le discours du jeune homme. Oh oui, notre jeune héros avait touché une corde sensible et Asch s'était lâché. Sans lui faire face, Takeo s'arrêta alors, tournant sa tête sur le côté. Il écouta alors le discours du jeune homme. Ce discours, qu'étais-ce finalement ? Une plainte ? Celle d'une victime ? Il se plaignait finalement que Takeo ne pouvait comprendre... que lui pouvait le battre quand il voulait et que c'était une fois à terre qu'il en comprendrait les raisons. Jusque là, Takeo resta impassible, même si c'est dire était complètement faux. Ce qui chiffonna le jeune homme fut le fait qu'il soit lié à une image de petit fils avec ses parents dans un monde tout rose. Non, ça c'était trop. Le poing de Takeo se ferma alors, son sang-froid se brisait doucement, c'était à lui désormais de s'énerver.

Il se tourna alors vers Asch qui s'était mis en chemin, pour lui montrer qu'il désirait parler. Il garda son regard baissé et les poings fermés avant de prendre la parole.

- Qu'est-ce que j'en sais ? Bien plus que tu ne le crois... Crois-tu que je suis parti voyager pour faire du tourisme ? Arrête de jouer à la victime et de penser que t'as vie à été la pire au monde. Mes parents ? Ils m'ont rejeté à mes douze ans car j'étais pas "normal". Je suis parti à seize ans avant qu'ils ne se débarrasse de moi. Tu crois que je sais pas c'est quoi vivre dans la rue ? Tu crois que j'ai vécu comment pendant deux longues années ? J'ai voyagé uniquement car j'étais recherché... et pas que par la police. J'ai certainement pris par à des combines que tu n'oses même pas imaginer. Quand tu es un passe-partout tu t'attires vite l'intérêt des autres... mais les prix sont souvent plus élevés que l'on croit...

Takeo desserra ses poings et bougea gentiment une mèche de cheveux qui lui cachait la vue. La main était tremblante, la tension était au plus élevée.

- Alors oui, je peux comprendre ce que t'as vécu et c'est bien comme ça que je sais comment tu réagis. Si ça t'amuse de jouer à ça, j'en vois pas l'intérêt. Si tu penses pouvoir me frapper à ta guise crois-le, si tu crois que je suis une chiffe-molle, crois-le. Mais je t'interdis de dire que je vis dans un monde de bisounours... J'ai vécu une enfance de merde et c'est pas un petit banlieusard qui va me juger.

Il se tourna alors pour faire dos à Asch. Il releva sa main droite et se frotta légèrement le visage. C'était assez facile de comprendre ce qu'il faisait... il séchait ses larmes. Si elles n'avaient pas couler devant Asch, elles coulaient désormais. Repenser à ça était dur pour lui mais ça, Asch n'allait pas le comprendre. Takeo avait dévoilé beaucoup de chose de son enfance mais Asch n'avait pas pris le temps de bien écouter. SI Takeo pouvait comprendre Asch, c'était uniquement car il avait vécu une vie que l'on pouvait qualifier de similaire. Oui, il avait vécu dans la rue. Lorsqu'il voyageait, il devait gagner de l'argent comme il le pouvait. Certes, il avait de médiocre économie mais cela ne pouvait en aucun cas lui permettre de vivre deux ans seul. Il dû se salir les mains pour les autres, utiliser son pouvoir pour faire des choses illicites, interdites. Il n'en était pas fier mais il n'avait pas eu le choix. Si Asch pensait que Takeo ne pouvait le comprendre... c'était finalement Asch qui n'avait rien compris. Les deux jeunes si différents de l'extérieur, renflouaient en eux une douleur quasi semblable... mais peu importe maintenant.

Takeo essuya alors rapidement les dernières larmes, toujours dos à Asch. Il n'avait donc aucune raison à lui montrer sa douleur. La compassion devait pas être quelques choses qu'il connaissait... Se reprenant en main, Takeo se mit alors en marche. Il ne savait pas comment cette discussion allait finir... ou même si elle était déjà fini en fait. Il ne savait pas non-plus s'il allait rentrer avec... la suite des évènements étaient flous... cette fois-ci, rien ne pouvait être anticiper.

Age

HS - t'excuses pas ;w; merci ! J'adore comment t'écris aussi ♥

Asch avait un peu dépassé les bornes. Après avoir répliqué physiquement à une attaque personnelle, il avait ensuite du encaisser quelques piques assez bien ajustées, auxquelles il avait répondu par une unique tirade, critiquant le manque de compréhension de Takeo, qui n’avait pas eu le même mode de vie. Il fit mouche à son tour, puisqu’ils avaient continué à marcher chacun de leur côté mais tout en se suivant comme la direction était unique, et que Takeo se retourna pour lui répondre. Sa posture, poings serrés et regard baissé, semblait montrer un certain énervement et une légère perte de contrôle. Asch s’arrêta à son tour, à quelques mètres, pour écouter ce qui allait suivre avec curiosité, malgré son état de tension extrême dû aux piques précédentes.

Et là Takeo se lâcha complètement, avant de déballer son histoire. Asch tiqua lorsqu’il osa lui dire qu’il jouait la victime –plutôt mourir-, alors qu’il n’avait fait selon lui qu’énoncer des faits objectivement, ne se sentant nullement à plaindre, puisque c’était son vécu qui faisait de lui ce qu’il était aujourd’hui, et qu’il s’assumait plutôt bien. Il se retint de répliquer vertement, préférant le laisser continuer. La suite fût encore meilleure, puisqu’il raconta carrément sa vie, avec le rejet de sa famille et ses conditions de voyage. Il y eut ensuite une petite pause, le temps qu’il remette une mèche de cheveux en place, puis il continua sur sa lancée. A la fin Asch se retint d’esquisser un sourire de gosse le matin de noël -alors qu’il était près du point de rupture quelques secondes auparavant-, ravi que le monde de bisounours ait touché juste. Sur ce coup il était assez fier de lui, même si c’était plutôt puéril. Il dut remarquer qu’il avait sous-estimé Takeo, puisqu’il ne semblait pas avoir eu deux années de voyage de rêve, et pouvait donc sans doute comprendre ce que c’était que de vivre dans la rue. Ça avait dû même être plus dur pour lui, de passer de tout à rien, contrairement à Asch qui n’avait connu pratiquement que ça. Et puis lui au moins avait toujours eu un toit où dormir, même si sa famille restait inexistante. Et il avait son petit frère. Avantage de plus, et petit rayon de soleil dans sa vie de bitume morose et mordante. Bon il était temps de répondre, et c’était ce qu’il fit, sur un ton plus posé et calme.

De nous deux je ne suis certainement pas celui qui se plaint le plus, mais passons.. Je serais curieux de savoir par qui tu étais recherché ? Pour les combines ça m’étonnerait fortement, mais je peux te laisser le bénéfice du doute si ça te fait tant plaisir..
Pourquoi poser de question stupide sur la violence si tu comprends, hein ? Je peux te le prouver aussi, mais ce serait une perte de temps pour tous les deux. Chiffe-molle, comme tu te dénigres seul, je serais pas allé jusque là, disons que t’as juste encore quelques progrès à faire si tu veux pas trop ramasser. Et si ce que dit le ‘petit banlieusard’ n’a pas d’importance, tu serais pas dans cet état là, non ?

D’énervé et nostalgique, il virait en quelques secondes à un état plus serein et amusé, redevenu entièrement maître de ses émotions, préférant jouer avec les paroles de Takeo plutôt que de les prendre au sérieux, mais sans méchanceté cette fois. Bizarrement, il avait été touché en un sens, et de le voir craquer comme ça signalait la fin du jeu. Si en temps normal il aurait dû se sentir lésé et dépité à cette idée, au contraire une sorte d’estime semblait naître, envers son colocataire qui n’était pas si loin de lui après tout. Même lorsqu’il se tourna et leva la main pour se frotter le visage et sans doute effacer quelques larmes, il n’eut pas le moindre sentiment de mépris. Juste l’envie d’en savoir plus sur son expérience de la vie dans les rues, pour corroborer avec la sienne. Parce que contrairement à ce qu’il avait dit, il semblait que Takeo pouvait le comprendre.

Changeant une nouvelle fois d’humeur, sans doute pour montrer qu’il acceptait Takeo en quelque sorte, ou juste peut-être parce que son code de l’honneur le lui ordonnait, il décida de livrer quelques informations sur sa propre vie à Takeo, même si celui-ci devait s’en moquer, comme pour se remettre sur un pied d’égalité, et montrer une certaine forme naissante de respect. Il commençait à l’apprécier, comme s’il avait réussi un test, mais se doutait que de l’autre côté ce ne devait pas être le cas. Ce qui ne serait pas étonnant vu comment il avait été agressif. Mais il ne se referait pas, alors.. Il se mit en marche à sa suite, rattrapant en allongeant le pas Takeo, avant de lui donner une sorte de tape amicale sur l’épaule en lançant de manière désinvolte

Au moins si t’as pas failli crever le ventre troué, c’est déjà ça.

Allusion ironique à sa propre histoire, manière de raconter implicitement, tout en reconnaissant aussi par là qu’il acceptait le fait que Takeo puisse comprendre, et qu’il n’avait pas eu une vie facile lui aussi. Marchant quelques secondes à côté de lui sans s’approcher trop, il choisit également de lui déballer une information assez importante, que l’autre lui avait pourtant cédée facilement, et balança sans préambule

Guérison, c’est mon pouvoir. Ironique n’est-ce pas ?

Il le regarda un moment, puis accéléra légèrement le rythme afin de passer devant, tout en espérant garder le cap de la bonne direction, pour laisser le temps à Takeo de répondre et de réfléchir, pour savoir s’il le rejoignait ou non. S’il n’avait pas été correct du long, au moins avait-il un peu rééquilibré les choses, ne restait plus qu’à savoir s’il rentrerait aux sources seul, mais après tout, même s'il commençait à l'apprécier, il s’en moquait.

Age

Le jeu auquel jouait les deux étudiants avait atteint son point de non retour, son paroxysme. On ne pouvait monter en intensité. Pourquoi ? Car cette fois-ci ce fut Takeo qui craqua. Son sang-froid céda sous l'ultime remarque d'Asch qui osa comparer sa vie à celle d'un bisounours. A ces mots, l'esprit du téléporteur se rempli de colère, de dégoût mais aussi de tristesse. Une tristesse qu'il ne pouvait empêcher de monter car les souvenirs, eux, remontaient aussi. Durant toute la partie, Asch l'avait entendu, Asch en avait appris pas mal au sujet de son colocataire, mais il n'avait pas écouté. Takeo lui expliqua alors la dure réalité. Son enfance, le rejet de ses parents, sa fugue et ainsi ces deux dernières années de vadrouille. Non, Takeo ne faisait pas du tourisme, absolument pas, il bougeait de ville en ville pour vivre, ou plutôt survivre même. L'émotion était telle que le jeune homme dû même se tourner légèrement, essuyant ses larmes. Ses mains tremblaient légèrement sous l'émotion. Cela faisait bien longtemps que tout cela était enfoui en lui. Dévoilant ainsi toute son histoire, Takeo ne savait pas si cela émanait d'un stratagème de son colocataire... mais peu importe... Le jeu était fini et quand la distance le séparant des Sources le lui permettrait, Takeo rentrerait en se téléportant.

Il se remit alors en marche mais fut rapidement arrêter au son de la voix d'Asch, qui, suivant toujours les règles de ce jeu finalement, prit le flambeau pour répondre. Le ton utilisé par ce dernier était plus calme, plus serein. Takeo comprit alors finalement que ses aveux devaient avoir fait plaisir à son colocataire qui était désormais calmé. Toutefois, chose très importante, aucune méchanceté n'émanait de la voix d'Asch. On pouvait presque y sentir un réel intérêt, une sorte de respect. Il fit alors quelques remarques et posa quelques questions. Sur le moment, Takeo n'y vit aucun intérêt et ne reprit sa marche avant d'entendre les pas d'Asch s'approcher pour finalement arriver à ses côtés. La tension entre eux avait quasiment disparu, on pouvait voir désormais juste deux jeunes marcher côte à côte. C'est alors que Takeo sentit une petite tape sur son épaule. Le genre de tape que l'on fait à ses amis. Il se tourna, ralentissant le pas et écouta Asch. Celui-ci employa un ton ironique pour raconter ce qui semblait être une expérience de vie. A voir, Asch avait vécu des choses bien difficile... assez pour avoir affronté la mort de près. Mais après cela, vint une autre révélation, certainement la plus grande depuis le début de leur jeu... Asch avait un pouvoir de guérison. Après quoi, il accéléra le pas et pris un peu d'avance.

Le terme utilisé par Asch était juste. Oui, ce pouvoir pour un caractère pareil... ironique, simplement ironique. Comprenant le message envoyé par Asch, Takeo esquissa un petit sourire et accéléra le pas pour venir, à son tour, à la hauteur de l'autre jeune homme lui montrant alors l'envie de rester avec lui. Tout en regardant devant lui, il prit à son tour la parole.

- J'aurai pu imaginer tout et n'importe quoi... Mais pas ça...

Un petit rire suivit d'un sourire échappèrent du jeune homme. Ce n'était absolument pas des moqueries ou autres, il constatait juste que finalement les pouvoirs que l'on avait n'avait finalement aucun rapport avec la personne que l'on était. Mais en fait, tout cela ne faisait que rendre Asch plus mystérieux aux yeux de Takeo qui voulait en apprendre plus. Mais pour cela, il allait devoir lui aussi raconter des choses... Il décida alors de reprendre les questions précédemment posées par Asch. Sans pour autant ralentir le pas, il reprit alors...

- J'ai été recherché par des chefs de gangs et les forces de l'ordre en grande partie. Tôt ou tard, peu importe où je me posais, soit j'étais contraint d'utiliser mes pouvoirs ou par accident on me voyait. De là, j'ai eu le droit à diverses protections venant de bande... J'étais jeune à l'époque et je savais pas trop dans quoi je mettais les pieds. On se servait principalement de moi comme d'un coursier. Aller du point A et B sans se faire voir... J'ai jamais cherché à comprendre ce que je transportais, si je faisais le bon choix. J'étais protégé, payé et cela me permettait de vivre. Quand j'ai voulu arrêter car sa devenait dangereux... mes "supérieurs" n'étaient pas de cette avis.. La suite, je pense tu la comprends. J'ai bougé de ville en ville pour fuir. Fuir des problèmes que je créais, pour la plupart tout seul.

Et oui, Takeo avait été passeur. Si au début il ne savait pas ce que les paquets transportaient, il le découvrit vite. Argent sale, drogue, armes... il avait tout pris avec lui. Son pouvoir était de l'or pour certain. Il pouvait aller où bon lui semblait, s'infiltrer quasiment partout sans se faire repérer. Takeo avait été utilisé comme un objet. Les gens avaient profiter de sa jeunesse, de sa détresse et avaient donc abuser de lui pour en faire leur atout. Malheureusement, lorsque l'on signe dans ce genre de groupe, c'est souvent jusqu'à la mort... d'où les problèmes qui suivirent. Durant cette vie, le caractère de Takeo s'était endurci mais pas au point de devenir comme Asch. Il avait côtoyer des caïds, des malabars... c'est bien pour cela qu'il comprenait et pouvait anticiper Asch.

Même s'il hésitait, Takeo se décida à poser une question. Si Asch ne voulait répondre tant pis, il avait au moins essayer. Peut-être qu'après son dernier discours, son colocataire allait être plus loquace... A voir maintenant. Takeo pris donc la parole, se tournant légèrement vers Asch. Le ton employé était empli de curiosité. Au-revoir les sous-entendu, au-revoir les pics... c'était une question franche, tout simplement.

- Comment as-tu pu finir le ventre troué ? J'imagine que c'est ton pouvoir qui t'as permis de survivre ?

Age

Asch avait accéléré la cadence, pour laisser le choix à son comparse de le suivre ou non. Il se demanda un instant s’il n’allait pas se téléporter et disparaître comme par magie, ne laissant que le vide lorsqu’il se déciderait à jeter un coup d’œil en arrière. Mais non. S’il avait calmé de jeu, Takeo l’avait suivi autant mentalement que physiquement, puisqu’il marchait désormais à ses côtés. Un rapide regard lui apprit qu’il semblait serein lui aussi, arborant même un léger sourire. Après une assez longue bataille verbale, semblait venir un peu de quiétude. Asch lui avait posé pas mal de questions, restées sans réponse, puis pour remettre les choses en ordre, il lui avait avoué la nature de son pouvoir. Takeo parut aussi surpris que lui lorsqu’il l’avait découvert la première fois. Il fallait dire que ça ne collait pas vraiment à son profil, c’était certain. Il n’avait rien du bon samaritain altruiste, et il aurait été encore plus bizarre qu’il le devienne. Mais c’était comme ça, pas totalement dénué d’intérêt non plus, puisqu’il y avait son frère. Mais ça, c’était une autre histoire, qu’il ne comptait pas partager avant longtemps. Sa plus grande faiblesse, ou force. Il suffirait de quelques mots pour que tout bascule, ou au contraire se rétablisse.

Il sourit à son tour, à la remarque de Takeo qui reflétait assez bien ce qu’il en pensait, le laissant rire puisque le temps des moqueries et piques semblaient terminer –du moins pour le moment. Puis après un petit moment de calme, ce dernier reprit, répondant à ses interrogations passées. En l’écoutant parler, il comprit facilement dans quoi il avait pu mettre les pieds, puisqu’il avait lui aussi servi de coursier avant sa montée en grade, outre le fait qu’il connaissait bien le fonctionnement. Quelqu’un comme Takeo pouvait vite devenir utile, voir indispensable. Pas étonnant qu’ils aient voulu le garder. Il savait également à quel point ces gens là n’abandonnaient pas lorsqu’on leur faussait compagnie, à quel point la sécurité offerte au pensionnat n’était que relative. Là encore, c’était une similitude entre leurs histoires, puisque si son ancienne bande apprenait qu’il était encore en vie, elle se chargerait de régler le problème. Il se contenta d’opiner, n’ayant pas besoin de plus de précisions ou détails, ni l’envie de le pousser dans ses retranchements comme avant.

S’il avait parlé du long en regardant devant soi, Takeo tourna alors la tête, et Asch pressentit une question personnelle avant qu’elle ne franchisse ses lèvres. La franchise lui plut, et s’il hésita un instant, il se dit qu’après tout il méritait bien une réponse, surtout que c’était lui qui avait commencé à lui céder des fragments de mémoire. D’autant qu’il lui avait raconté sous forme plutôt implicite, mais sa question montrait qu’il n’était pas dupe. Il prit le temps de rassembler ses souvenirs, de se remémorer la scène. Après plusieurs années dans le gang, il avait atteint un statut assez honorable, et il en avait profité pour accepter de livrer une lourde cargaison, soit plusieurs kilos de drogue, à une autre bande voisine. Il choisit de passer sous silence le fait que s’il avait fait ça, c’était pour gagner plus d’argent pour les frais d’hospitalisation de son frère, qui risquait plus d’attirer la compassion qu’autre chose. Tout semblait minuté, et pourtant.. On l’avait déposé à un carrefour quelconque, pas loin, avant de le laisser remonter quelques ruelles seul, un sac de sport assez lourd sur l’épaule. La transaction s’était bien passée, il avait récupéré et glissé l’argent sous sa veste, et au moment de partir, tout avait déconné. Ce qui suivait restait flou dans sa mémoire, mais il se souvenait avoir entendu le bruit d’une moto, s’être retourné, et puis la douleur aigüe dans son ventre. Il sortit de l’espèce de torpeur qui l’avait saisi, avant de répondre enfin.

Une grosse livraison, tu sais ce que c’est, qui a mal tourné. L’indic nous a balancé, l’acheteur est mort, et pour moi, ben t’as vu juste.

Bon, c’était toujours aussi court, mais il avait du mal à faire mieux. Il passa distraitement une main sous son tee-shirt, effleurant une peau lisse là où aurait du se trouver une grossière cicatrice. Il aurait pu lui raconter que ça faisait drôle de se croire mort, puis se réveiller avec presque une plaie refermée à côté d’un autre cadavre. Il aurait aussi pu lui parler de son frère, des conditions dans la bande, de toutes les emmerdes. Du fait qu’il se demandait s’il n’était pas fou parfois, à cause de son pouvoir qui effaçait chaque trace de son corps. Mais il ne pouvait pas, en plus de l’absence de volonté. S’épancher, c’était pas vraiment son truc, il n’avait ni besoin d’être plaint, ni de réconfort, alors.. D’ailleurs même si ce que savait Takeo restait très maigre, il devait être celui qui avait le plus d’informations. C’était dangereux certes, mais partagé, puisqu’il en savait également beaucoup sur son compte.

Tout en continuant de marcher, il chercha une question à poser, puisque c’était à son tour, si les règles s’appliquaient encore. Il aurait pu l’interroger des heures sur sa vie dehors, ou sur ce qu’il avait rencontré durant ses périples. Mais il s’abstint, se disant qu’il trouverait bien un moment pour lui offrir une bière ou autre et discuter de tout ça tranquillement. Si la tension s’était totalement dispersée, il restait sans doute quelques vestiges des joutes verbales dans l’esprit de chacun. Alors il posa une question assez abrupte, qui pouvait paraître sans rapport mais en avait pourtant pas mal.

Qu’est-ce que tu vas faire plus tard, après Aomori ?

Parce qu’au fond, ils étaient tous les deux un peu paumés, et s’il n’aimait pas trop songer à l’avenir, Asch restait lucide sur sa quasi absence de futur. Alors peut-être qu’entendre ses projets le rassurerait un peu au fond, ou c’était juste pour s’aider à réfléchir. Il ne savait pas vraiment, ni sur le pourquoi de la question, ni s’il attendait réellement de réponse. Mais bon puisqu’il semblait rester un bon bout de marche et qu’ils s’entendaient pas trop mal, why not ?

Age

Après moult échanges, qu'ils soient verbals ou physiques, les deux élèves semblaient d'être trouver un terrain d'entente, signant une trêve, certes fragile, mais leur permettant de souffler un peu. Les piques, les sous-entendu, l'ironie et tout ce qui allait avec ces ressentiments étaient désormais absents de leurs discours. Mais comment ? Comment avaient-ils passé d'un poing dans le ventre à une tape sur l'épaule ? Finalement, tout s'était articuler autour d'une déclaration du jeune téléporteur. Une déclaration qui rapprocha les deux jeunes hommes et leur imposa un respect mutuel. Si d'apparence ils étaient deux contraires, leurs vécus s'entremêlaient à travers des expériences difficiles que l'un et l'autre avaient dûes subir. Ils avaient tout deux vécus dans la rue, tout deux fait partir de groupes et tout deux dû salir leurs mains.

Les derniers échanges laissèrent ensuite place à une marche. Une marche d'Asch, soutenue, même plutôt rapide. Cette marche était symbolique et imposait à notre jeune héros de décider. C'était à lui de décider si oui ou non il désirait le suivre. Le choix fut alors positif et c'est ensemble qu'ils reprirent la route. Les échanges ne s'arretèrent alors pas mais changèrent de ton. C'était de la simple curiosité désormais, plus vraiment une question de cerner son adversaire. L'un comme l'autre désiraient en apprendre un peu. Takeo savait désormais, aussi surprenant cela pouvait il être, qu'Asch avait un pouvoir de Guérison. Il savait aussi que ce dernier avait frôler la mort et supposé donc que ce don lui avait permis d'être encore là aujourd'hui. Reprenant d'anciennes questions sans réponses, Takeo expliqua sommairement sa vie de "voyou". Coursier, il avait passé ça et là de l'argent sale, de la drogue... son pouvoir était rapidement devenu son atout fort. La vie était plutôt simple jusqu'à ce que les problèmes le rattrapent. La police, les rumeurs... il ne pouvait continuer mais les ciminels le laissèrent pas choisir. C'est donc de là qu'il entama son voyage. Il partit de ville en ville, fuyant ses problèmes tout en s'en créant de nouveau. S'il s'était promis de ne plus utilisé son pouvoir pour les besoins de quelqu'un d'autres, il était fiché, connu. Peu d'homme avait la faculté de se téléporter et un accident pouvait vite arriver...

A cela, Asch ne dit rien mais Takeo, à l'impression renvoyé par son interlocuteur, compris facilement que ce genre d'expériences étaient connues pour lui aussi. Vint alors le tour d'une nouvelle question. Elle n'avait aucune incidence direct, le jeune homme aurait pu demander tout et n'importe quoi, mais il décida de s'arrêter sur un détail de son ami, sur un fait raconté. Asch avait dû vivre de sales expériences car selon ses dires, il avait frôler la mort. Il lui demanda alors comment c'était passé, si son pouvoir lui avait permis de vivre. Avant de répondre, Asch rentra, sans trop le cacher, dans un moment de réflexion. Takeo compris facilement que son colocataire revoyait ses souvenirs, revoyait la scène. La réponse fut brêve, à l'image de toutes les autres, mais assez précises pour que Takeo comprenne. Une course qui avait mal finie... comme cela peut facilement arriver. La suite de la réponse ne fit alors que confirmer la pensée de Takeo. Le pouvoir de Guérison avait effectivement permis à son porteur de survivre. Il était fort probable que ce n'était pas la première et dernière fois mais Takeo ne préféra pas creuser plus.

Un petit silence s'immisca alors entre les jeunes, ne laissant plus que le bruit de leur pas rythmer la journée. Le jeu était terminé et pourtant les règles semblaient s'appliquer encore. Takeo restait silencieux, attendait une question, une remarque de son voisin de route. Peut-être n'avait-il rien à demandé ? Ou peut-être ne savait-il pas quoi demander ? Quoi qu'il en soit, une question sortie tout de même de la bouche d'Asch... une question des plus troublantes pour le jeune homme. Qu'allait-il faire après Aomori ? A cette question, Takeo ne pu s'empêcher de prendre une petite mine grisée. Il leva alors les yeux et réfléchit un peu. Avait-il une réponse ? Avait-il songé à quelques choses ? Ou, simplement, avait-il avenir ? C'était dur, difficile, impossible presque d'imaginer un futur, même proche. Aomori apportait une protection, certes, mais personne n'allait y rester à vie ? Le pensionnat n'était finalement qu'un échappatoire temporaire à la vie ? Une vie difficile pour les gens comme eux ? Comment savoir, comment deviner... Sans convictions, il prit alors la parole pour répondre.

- A vrai dire... Je pense n'y avoir jamais pensé... Je suis rentré ici pour avoir du répit, ne plus devoir me cacher... Au final, va savoir si les problèmes ne vont pas nous suivre jusqu'ici encore...

Il soupira légèrement et enchaîna alors :

- Finalement... la question que je me pose plutôt est de savoir si on a un avenir. Si le monde est prêt, ou le sera un jour, à nous accepter...

Takeo ne savait pas, simplement pas. Il n'allait pas mentir, pas imaginer une vie future. La question d'Asch le ramena alors un peu sur Terre, le rapprocha de la dure réalité, de ses problèmes. C'était le visage un peu baissé, plongé dans ses pensées que le jeune homme avancait désormais. Son futur, il n'y avait jamais pensé, il s'était contenté de venir ici et vivait le jour le jour... mais cette vie allait tôt ou tard avoir une fin... Peut-être pour se rassurer, il se tourna alors vers Asch, et lui relança la question.

- Et toi ? Des projets d'avenir ?

Takeo étai loin d'imaginer qu'Asch lui avait posé la question pour les mêmes raisons. Mais peut-être qu'à eux deux, une réponse concrète allait sortir. Takeo savait son colocataire, intelligent. Un sujet sérieux, même très, pouvait aisément être abordé avec lui. Il le respectait, plus que quiconque au pensionnat désormais. Cette marche n'était pas finie, cette discussion non-plus, et le lien que se tissait entre les deux jeunes hommes semblaient se renforcer peu à peu.

Age

Un léger silence, troublé seulement par le souffle de leur respiration et le bruit de pas. S’ils commençaient à bien s’entendre, Asch avait posé une question qui pointait du doigt un problème assez évident, leur incertitude sur leur avenir réciproque. Ce n’était pas dans le but de le mettre mal à l’aise, ou d’appuyer là où il ne le fallait pas, mais juste une interrogation qui le troublait aussi, et dont il espérait entendre une quelconque réponse. La mine soudain assombrie de Takeo, qu’il observait toujours du coin de l’œil, renforça son impression qu’il était aussi embêté que lui pour ça. Le voyant lever la tête, il en déduit qu’il entrait en pleine réflexion. Il attendit sagement que la réponse lui parvienne.

Takeo ne semblait pas avoir d’idée définie, plus une sorte d’incertitude voilée, sur la suite et les conséquences du passé. Il était vrai que si Aomori offrait un sentiment de sécurité, rien ne prouvait que ce ne fût pas plus que ça. Ni qu’ils ne seraient pas attendus à leur sortie. Ils étaient fichés en quelque sorte, pour une durée indéterminée. Et pour Takeo, c’était pire puisqu’il semblait s’être fait des ‘amis’ un peu partout dans le Japon. Il ne devait pas lui rester trop d’endroits où fuir. Après, restait l’immigration dans un autre pays, ou le changement d’identité. Tout ça à cause de quelques erreurs de jeunesse, quel gâchis..

Tandis que Asch cherchait en quelque sorte une solution à cette impasse, Takeo semblait s’intéresser à des tenants plus psychologiques et idéologiques, d’acceptation. Il se demanda si son ‘on’ concernait les personnes s’étant retrouvées imbriquées dans des gangs ou les personnes possédant un pouvoir. Sans doute un peu des deux, mais sûrement plus la dernière solution. Après tout, dans le cas de Takeo, la majeure partie de ses problèmes venait de son don de téléportation. Le rejet familial, l’exploitation en tant que passeur, l’obligation de s’enfuir encore et toujours. Pour sa part ce n’était pas la même chose, puisque son pouvoir n’était venu que bien plus tard alors qu’il était déjà dans les emmerdes jusqu’au cou. Et c’était aussi sa chance de rédemption en quelque sorte, puisqu’il n’avait rien fait de bon. Mais s’il pouvait sauver son frère, alors là, ce serait différent.

Il ne trouva rien à redire aux paroles de Takeo, puisqu’il n’en menait déjà pas suffisamment large pour savoir quoi faire lui-même, alors l’aider.. Seulement, comme il fallait s’y attendre, ce dernier se tourna alors vers lui, et lui retourna la question. Bon, ils étaient bien tous les deux paumés. Asch faillit lui répondre qu’il n’avait pas d’avenir, de but en blanc, mais se douta que ce n’était pas la réponse qu’il attendait. Et au fond, une part de lui espérait qu’il pourrait s’en tirer, malgré tout. Au moins, il n’était pas seul, enfin si son frère n’était pas déjà mort, dans cet hôpital à la con. Il repoussa vite cette idée négative, et entreprit de répondre à son tour.

Je sais pas trop.. J’irais chercher mon petit frère, et j’l’emmènerai ailleurs sans doute

Le regard dans le vague, il savait à quel point ses propos étaient naïfs. Rien ne lui prouvait que son frère était encore en vie, ni qu’il arriverait à le guérir avec son satané pouvoir. Ni qu’il ne se ferait pas arrêter entretemps par son ancienne bande, avide de récupérer l’argent qu’il avait dérobé lors du fameux moment où il avait failli y rester. Mais c’était utopique, et il fallait bien un peu d’espoir et de rêve pour survivre, même pour quelqu’un comme lui. Relancer le sujet de son frère était dangereux également, puisque si sa famille n’avait pas été inquiétée par ses agissements passés, c’était bien parce qu’il avait pris soin de ne laisser filtrer aucune information. Là il se mettait en danger, même s’il pressentait que Takeo n’était pas vraiment une menace.

Mais bon pour ça il faudrait d’abords que j’maîtrise ce fichu pouvoir. Et j’suis bien à la traine par rapport à toi.

Un sourire, mi amère, mi amical. T’as raison Asch, balance lui tes faiblesses. C’était pas comme si le fait de ne pas savoir guérir était dangereux en soi, mais il n’avait pas forcément besoin de le savoir. Il avait construit ses barrières avec tellement de soin, qu’il n’en revenait pas lui-même de les laisser s’effondrer comme ça. Même s’il ne disait pas grand-chose, c’était énorme comparé à d’habitude. Il se ramollissait peut-être. A moins que ce ne soit juste le fait qu’il n’ait jamais eu l’occasion de discuter de son don avec quiconque, ni assisté encore aux cours spéciaux. Toujours était-il qu’il avait l’impression de stagner, et d’être dans les derniers niveau maîtrise. Mais bref, c’était son problème quoi, il avait été stupide de le partager. Trop tard maintenant.

Comme ils avaient continué la discussion en marchant d’un bon pas, ils avaient pas mal progressé, et Asch se demandait où ils pouvaient bien être maintenant. Il espérait qu’ils n’avaient pas trop dévié de leur destination, ni allongé le chemin au lieu de se rapprocher. L’orientation n’étant toujours pas son fort, il choisit de relancer ce sujet, pour être sur de leur direction, et avec un infime espoir de détourner la conversation.

Tu penses qu’on est encore loin ?

Il se demanda alors si Takeo pouvait se téléporter de nouveau, et s’il n’allait pas le planter là comme à la cafétéria, mais la discussion semblait loin d’être finie, avec un certain intérêt pour tous les deux. Et puis, s’ils avaient effectivement marché dans le bon sens, ils ne devraient plus être trop trop loin. Du moins c’était ce qu’il se disait.

Age

HS : Coucou ! Super cool que tu répondes :3 ! Sa fais plaisir de RP à nouveau avec toi surtout que c'est très bien <3 ! Désolé, un gros pavé pour pas grand chose x_o !

L'avenir... L'avenir était une notion bien flou pour Takeo. Il n'y avait jamais pensé et pour cause, à la suite de la question d'Ash, il constata rapidement que rien ne s'y profilait. Avait-il un avenir ? C'était ça la réelle question. A quoi bon imaginer quelques choses si l'on savait de base ne pas l'avoir ? Le pensionnat faisait clairement office de protection temporaire. C'était un répit que Takeo s'offrait. Un luxe. Si bon nombre d'élèves venaient ici pour maîtriser leur pouvoir, lui qui s'en sortait déjà bien, préférait voir ce lieu comme une cachette. Oui, il était recherché mais il ne désirait pas se cacher de ces gens... Il voulait se cacher du monde, se cacher des problèmes de ce dernier. Sa vie avait été rythmé par des déceptions, des frustrations pour se conclure sur des erreurs, des maladresses. Il le savait, le seul responsable de cette dure vie qu'il menait était son pouvoir. Rejet familiale, fugue, vie dans les rues, gang, fuites... tout y était lié.

Si Takeo repensait à cela, c'était à cause d'Asch, ou plutôt d'une simple question qu'il lui avait posé. Une question fondée et intéressante sur le fond. Mais une question qui soulevait bien des problèmatiques. Trop pour une réponse claire en fait. Takeo ne se permit donc pas de s'inventer quelques choses et dit son ressentit. Il n'avait jamais pensé à son avenir et se contenter d'espèrer qu'un jour, on l'accepte. Cette acceptation le concernait lui tout comme son pouvoir ou ceux des autres. Il fit donc part de ces remarques à son interlocuteur qui lui resta silencieux, l'écoutant avec une attention qui faisait plaisir. Bien évidemment, et Asch s'en doutait forcément, Takeo lui renvoya la question. Peut-être que la réponse de ce dernier allait lui redonner un espoir, un espoir que la dure réalité venait d'écraser. Malheureusment, non. Les deux jeunes semblaient autant paumés l'un que l'autre et la simple idée de penser à leur avenir les plongeait dans un état pensif. La réponse fut d'abord vague, puis un ancien sujet revint sur le tapis.

Asch reparla alors de son frère, ou du moins, en fit une nouvelle référence. L'écoutant avec attention, Takeo avait une bonne dizaine de questions qui lui traversaient l'esprit. Mais aucune n'osait s'approcher de ses lèvres. Ce qui se liait entre lui et Asch était sensible, une ficelle prêt à rompre à la première occasion probablement. Il savait clairement que ce sujet était sensible. Ce qui devait entourer son frère devait être des plus sombres car le sujet ne semblait pas l'enchanter... Heureusement pour lui, Asch reprit la parole, permettant alors à Takeo de ne pas prendre la parole après ce sujet. Il parla alors de son pouvoir et de sa maîtrise qui, à ses dires, devaient être plus qu'approximatives. Takeo ne mit pas longtemps pour faire le rapprochement entre les deux discours. Son frère devait être malade. De quoi ? C'était ça la question mais cela avait-il un sens de le demander ? Non, aucunement.

Montrant alors toujours un grand intérêt aux diverses paroles du jeune homme, Takeo préféra le silence pour l'instant, ne sachant que pas trop quoi répondre sur l'instant. Il ne voulait aucumenent brisé le lien qui se tissait entre lui et Asch. Ce dernier s'était enfin décidé à s'ouvrir et Takeo ne doutait absolument pas que ces dernières paroles ne devaient pas être un dicours habituel pour Asch. Il n'était pas un privilégié, ce n'est pas ce qu'il pensait, mais il ne faisait aucun doute qu'Asch n'aimait pas raconté cela à tout le monde. Cela toucha alors Takeo qui, même si lui avait raconté quasiment tout ce qui l'entourait, appréciait cette nouvelle sincérité de son interlocuteur. Vint alors une nouvelle question. Elle trancha alors avec tout ce discours. Peut-être un échappatoire ? Cela faisait déjà bien un moment qu'il marchait et la question d'Asch était donc pertinente :étaient-ils encore loin ?

C'était dur à dire et Takeo n'en avait pas vraiment la moindre idée... Il pouvait vérifié cela en se téléportant mais les conséquences étaient bien trop imprévisibles pour le faire. S'il essayait de se téléporter dans la chambre, il pouvait y arriver pour ensuite ne pas réussir à revenir ici ou simplement tomber dans les pommes. La distance étant inconnue, s'y risquer ne donnait pas trop envie au jeune homme. Tout en marchant, il se concentra néanmoins quelques secondes, ressentant son pouvoir en lui. La vision de sa chambre était assez clair, assez clair pour qu'il puisse s'y téléporter oui. Cela signifait alors au moins une chose.

- Je ne peux rien affirmer mais... Je pense que l'on est à moins d'un kilomètre. Je pense que je serais capable de me téléporter dans notre chambre mais sans garantie du résultat. Ne prenons donc pas de risque et continuons la route ensemble...

Il esquissa alors ensuite un petit sourire et reprit le rythme de marche intitial. Takeo venait clairement de montrer son intérêt à rester avec Asch. Même s'il le pouvait peut-être, il ne voulait pas s'en aller comme ça. D'une part, il était lui aussi responsable de cette situation. C'est lui qui avait poussé à bout Asch et c'est lui qui, par accident les avait téléporté au milieu de nulle-part. C'était donc tout naturel à ses yeux qu'il reste avec lui. Puis, d'une autre part, la conversation qu'il avait avec Asch était un motif largement suffisant pour ne pas partir. Ce dernier s'ouvrait enfin et c'était pas pour le jauger que Takeo écoutait, mais uniquement pour en apprendre plus sur lui, sur cette homme qui était bien plus proche de lui que personne ne pouvait l'imaginer.

Ce fut donc ensemble qu'ils continuèrent leur marche. Selon les règles, c'était à Takeo de parlé, de lancer un sujet ou une question. Le problème n'était pas là, car bon nombre d'idées se mélangeaient dans l'esprit du jeune homme, mais plutôt dans la façon de procédé. Il était évident que Takeo ne pouvait pas aborder n'importe quel sujet comme une brute. Il ne voulait pas non-plus paraître manipulateur en employant des sous-entendusou autres. Ce temps était révolu. Il préféra alors entama un nouveau discours en parlant de lui et en rebondissant alors sur la remarque concernant leur pouvoir. Si Asch ne le contrôlait pas, il s'était permis de faire une comparaison avec Takeo, utilisant alors la préposition "par rapport à toi". Il était vrai que Takeo avait une certaine aisance avec son pouvoir. Il n'avait alors pas vraiment de peine à se téléporter selon son bon vouloir mais était plutôt freiner par éléments externes.

- Tu sais... J'en ai peut-être l'air mais je ne contrôle pas mon pouvoir aussi bien que je le laisse penser... Suffit de regarder où l'on se trouve... Je suis bridé par plein d'éléments, certain plus ennuyants que d'autres.

Il soupira légèrement et reprit.

- Je ne peux pas me téléporter dans un endroit où je n'ai jamais mis les pieds. Alors oui, je t'ai menti au complexe... Je n'ai pas besoin de voir la chambre pour y pénétrer, mais ça je pense tu l'as compris. Autant que cela te fasse rire, j'ai aussi des effets secondaires qui sont principalement des vertiges, mal de tête pouvant aller jusqu'à la perte de conscience... Ajouté à cela, je peux me téléporter de façon aléatoire, comme ce qui s'est passé juste avant... Tu me diras que c'est déjà pas mal mais même avec une maîtrise pareille, je n'arrive pas à fuir les problèmes...

Ce discours n'avait finalement pas de réellesvolontés. Takeo désirait s'exprimer à ce sujet et n'avait aucune crainte quant à l'exposition de ses faiblesses. Asch n'allait probablement pas se retourner contre lui et même, cela n'avait pas d'importance. Takeo avait appris à utiliser son pouvoir seul, par l'expérience. De tout les élèves d'Aomori, il devait être l'un des rares élèves à avoir du involontairement utilisé son pouvoir pour survivre finalement. Mais bon, il n'allait pas s'en plaindre, tout son vécu lui avait permis d'arriver là où il en était. Le jeune homme tourna alors son visage vers celui de son "ami" et pris un air plus sérieux. Il avait hésité plus d'une fois à posé cette question mais maintenant qu'il en savait assez, il fallait le faire. Si Asch ne voulait pas répondre, qu'il ne le fasse pas, Takeo comprendrai. Il employa alors un ton plutôt neutre, ne montrant aucune compassion apparante, même s'il en avait.

- Tu veux maîtriser ton pouvoir pour soigner ton frère... c'est ça ?

Il continua alors de marcher, sans quitter du regard le jeune homme à ses côtés. Ce sujet allait être des plus sensibles... qu'allait répondre Asch ?