" If I say the moon is closer to us than you think on a dreamy, tell me the moon is nothing but a star that has no interest. "

Tic. Tac. Tic. Tac. Les aiguilles avancent, doucement mais sûrement, continuant leur dance qui n'a pas d'âge. Se tournant encore, encore et encore, la brunette commençait à perdre tout espoir de finir dans les doux bras de Morphée, chose qui lui arrivait de plus en plus souvent. Ayant tout essayer en passant de compter les moutons jusqu'à se demander comment la dame de cantine faisait pour que le jus de viande soit aussi épais. Alors, une fois de plus, elle baisse les bras. Son sommeil attendra, que voulez-vous ? De toute façon, ce n'est pas comme si elle avait le choix. Cette fois-ci, donc, Eden s'assoit sur son lit et fixe le réveil avec sa foutue lumière rouge sang. Qu'est-ce qu'elle peut le détester ce machin. Et ça fait tic et tac et tic et tac et tu vas te prendre mon poing dans ta gueule si tu la ferme pas bientôt connard. C'est beau, hein, la bonne humeur d'Eden - oh sweet ironie quand tu nous tiens ~ - ? Oui, Eden aussi elle est parfois de mauvaise humeur, elle est humaine que voulez-vous. Bon, certes une humaine pas normal... Mais une humaine quand même ! Alors bon, même si elle, elle le cache, dans sa tête et bien... Voilà, vous voyez Umineko no Naku Koro ni ? Doubt ? Judge ? Frankenstein ? Oui-Oui ? Et ben vous les mélangez tous et on obtient Doudou. Voilà. Elle se concentre sur le réveil, malgré son regard brumeux par le sommeil manquant, plissant les yeux pour distinguer l'heure.

00h00.

La pire heure possible.

00h00.

L'heure des films d'horreurs.

00h00.

L'heure où... Doudou a une soudaine envie de manger. Tient.

Alors, elle se lève, dans sa chemise de nuit blanche qui lui arrive juste en dessous des fesses, ses cheveux un peu en bataille qu'elle coiffe simplement mais qu'elle laisse détachés et quelques petites claques sur les joues pour la réveillée enfin. Doudou est prête pour sa petite excursion nocturne. Encore. Direction les cuisines. Marchant en chantonnant légèrement dans les couloirs, Eden était, sans le savoir, le centre de bon nombre de rumeurs. Comme quoi, la nuit, le fantôme d'une petite fille hanterait les couloirs en chantonnant des berceuses pour endormir dans un sommeil sans fin ceux qui l'entendent. Autant vous dire que personne ne sait qui est ce fantôme et qu'il serait bien déçu de savoir que ce n'est qu'une élève ayant un petit creux à une heure tardive. Elle, elle s'en fiche. Même si elle a une peur bleue de tout ce qui relève du surnaturel et autres, un peu idiot lorsque l'on possède soit même un pouvoir pas vrai ? Deden quoi. Atterrissant dans la temps attendue cuisine, elle récupère sans mal des douceurs comme des petits gâteaux qu'elle mange et emporte une brique de lait et un paquet de biscuits avant de remonter en haut. - Remonter en bas, en même temps, bonne chance. - Cependant, en remontant, Eden trouva la sublime idée de se... Perdre. Tout simplement. Alors elle avance, de toute façon, elle a l'habitude, et marche au hasard dans les couloirs du lycée. Puis, un truc retient son attention. Pas un fantôme. Pas un autre élève paumé. Encore moins un pion qui t'engueulerait. Une pancarte. C'est con hein ? Mais une pancarte. Avec une inscription que tu vas bénir toute ta scolarité.

Salle de musique.

Sans hésiter un instant, elle rentre dans la pièce et admire les divers instruments. Les effleurant du bout des doigts, comme si, si elle les touchait trop fort, ils se briseraient en un éclat sonore. Puis elle remarque l'instrument qu'elle connait le mieux. Qui trône au milieu de la pièce, comme sur une scène. Le piano. Comme inconsciemment, elle s'approche de lui et s'installe, effleurant d'abord une touche des doigts, appuyant timidement dessus, provoquant un son aiguë qui lui parviens doucement aux oreilles. Mettant sa deuxième main sur le clavier, elle entame, d'abord faiblement, puis ensuite un peu plus fort, un morceau à la fois triste, mélancolique mais d'une beauté à couper le souffle à quiconque l'entendrait. Eden ne joue jamais en publique, alors, lorsqu'elle est seule, elle en profite. Se remémore. Et apprécie.

" 3 mots sur un piano "

Continuant son morceau, comme hypnotisée, envoûtée, par le mouvement agile, souple et gracieux de ses doigts sur les touches noires et blanches, elle n'entend pas la porte qui grince légèrement, le bruit du bois qui quitte délicatement le fer, le léger son des cordes qui retentissent à cause des vibrations produites. Le fait qu'une guitare, acoustique visiblement, reprenne quelques notes de son morceau lui parut naturel, les yeux fermés, elle se contentait d'écouter. C'était beau. Pas autant que la mélodie d'un piano, et assez maladroit, mais pour une adaptation à l'oreille, c'était vraiment un bon niveau. Puis elle finit par comprendre. Guitare. Wait. Guitare ? Elle sait pas en jouer. Rouvrant les yeux, elle regarde le plafond. Dieu ?

... Naaaaaaaaaaaaaan.

Il est pas foutu de faire régner la paix dans le monde, alors jouer de la guitare, pff, faut pas pousser mémé dans les orties non plus ! Doucement, elle tourne la tête et se retrouve nez à nez avec un... Gens. Putain de sursaut de trois mètres. OMFG. Mais en même temps heu... Fallait bien s'y attendre hein. C'est pas comme si elle allait se retrouvée face à face avec un bisounours qui crache des arc-en-ciel et qui chie de la barbe à papa. Quoi que. Ce serait fun... Et puis on est à Aomori. Faut pas oublier. Elle cligna des yeux, méfiante, car elle ne connaissait pas cette personne qui semblait plus âgée. Pourtant, un sourire amusé vint égayer le visage de celui qui se trouvait en face d'elle.

- Bonsoir ! Comment va cette chère petite et talentueuse noctambule musicale?

Elle se sentit rougir. Timide ? Nawak. Mais la musique et la composition chez Eden c'est... THE sujet. Le sujet qui fâche, le sujet qui gêne, le truc qu'elle cache alors qu'elle a un don inné pour ça. Complètement idiot. Deden quoi. Elle le vit détourner le regard et elle pencha la tête sur le côté avant de se lever et de passer une main dans ses cheveux d'ébènes qui lui tombaient sur les épaules. Tic. Tac. Tic. Tac. Bordel, mais même ici y'a une horloge ? Bon, ok, puisque c'est ça, demain, elle se lève de bonne heure et elle va enlever toutes les horloges de ce putain de bahut. Sans déc' quoi.

- Tu as l'air sacrément douée, je m'appelle Riku Tenshiro, et toi ? Tu voudrais bien jouer un autre morceau?

Rougissant un peu à nouveau, elle reprit bien vite son teint normal. Alors comme ça, il s'appellait Riku. Tenshiro Riku. Un japonais, donc. En même temps, vu que l'on est au Japon, ce n'est pas étonnant. En tant qu'Américaine, elle se sentait un peu seule. Tient, d'ailleurs, elle devait lui dire bonjour. Enfin, bonsoir. Ou bonjour. Ou bonsoir. Merde. Il était quelle heure déjà ? Bah, on s'en fout, hein. Avançant doucement vers le jeune homme avec un sourire enfantin, comme à son habitude, elle se mit sur la pointe des pieds, prenant le visage du dénommé Riku entre ses mains et posa ses lèvres contre les siennes. Elle les retira après, se reculant et enroula une mèche de cheveux autour d'un doigt après un léger rire, toujours souriante.

- Merci pour tes compliments ! Je m'appelle Eden. Mon nom entier est trop étrange, alors si tu arrives à ne retenir que ça, ça ira. Je veux bien jouer mais... Je suis une débutante, et puis je ne suis pas aussi douée que ce que tu dis hi hi hi ~ !

Lui adressant un sourire doux, elle retourna au banc du piano, s'installant au milieu et se mettant à entamer une valse sur les touches du piano avec ses doigts qui parcouraient habilement le clavier. Ce n'était pas une composition, mais c'était une chanson connue. Comment s'appelait-elle déjà ? Ah, oui, Someone like you ou un truc dans le genre. Pas la préférée d'Eden, mais elle ferait bien l'affaire. Finissant le morceau, elle s'était abstenue de chanter les paroles, n'aimant pas sa voix bien qu'elle chante étonnamment bien. Elle s'assit sur l'instrument mettant un de ces fameux Pocky dans la bouche et détailla le jeune homme en face d'elle : plus âgé, plus grand - bien que ça, c'était pas compliqué à faire et habillé d'une tenue assez sombre, tel un ninja. A côté, sa chemise de nuit bleue et argentée qui laissait, d'ailleurs, apercevoir sa culotte dans sa position - ce qui était le cadet de ses soucis en ce moment même, faisait bien tâche à côté. Posant ses mains de part et d'autre de ses jambes qui se balancèrent doucement dans le vide elle reprit un sourire enfantin.

- Peut-on savoir ce qui t'amène ici en pleine nuit Riku ?