Sango avait attendu ce jour avec impatience. Dire que la salle de musique était réservée en premier à ceux occupant le club de musique. C'était des plus logique pour le commun des mortels, mais pas pour le rouquin. Il avait le droit lui aussi d'utiliser cette salle, diantre! Quand il quitta la médiathèque, repu de ses heures à arpenter le net et ses merveilles et à jouer à des jeux en flash sur la toile, il se rua au secrétariat. Il avait réservé la salle de musique pour pouvoir jouer du piano, enfin. Il accueillit la petite clé dorée au creux de sa main comme le saint Graal et monta les étages. Il allait enfin pouvoir toucher de ses doigts fin les douces touches du piano et plaquer des accords d'une rare violence à la Rachmaninov -bien qu'il n'en eut pas le niveau.

Bien qu'épuisé en arrivant au troisième étage, il souffla quelques secondes en se posant contre la rampe en bois au doux parfum de cire fraiche. Il se redressa et chercha des yeux l'objet de son désir. Quelques mètres. Il enfonça la clé et la porte s’entrebâilla d'un coup. Ouverte. Enfoiré de secrétaire. Un membre du club avait sans doute oublié de la fermer. Il soupira et pénétra dans la pièce, et attarda son regard sur une chevelure longue et un visage doux qui semblait le dévisager.

- Lé...Léo ? Il resta figé pendant un instant comme si son cerveau avait gelé puis se décida enfin à entrer dans l'endroit, le tout en claquant la porte. Une fausse mine en colère et des gestes maladroits se dirigèrent droit vers elle avant de stopper à quelques mètres.

- Et dire que j'ai attendu pour profiter de la salle alors que tu y étais. La secrétaire est vraiment incompétente hein! Euh j'ai réservé tu sais ? Bien que pour lui ces mots et cet enchaînement de phrases avait un sens, il se rendit compte que Léo le fixait toujours. Excuses moi de m’incruster ainsi. Petit sourire gêné et main dans les cheveux. J'ai oublié mes partitions comme un idiot, bien sûr.

Silence.

- Je dois te déranger pendant ton travail, pardon, euh, vraiment désolé, dit-il en balbutiant tel un enfant désorienté. Il regarda le piano dans un coin de la salle, un piano droit, noir, simple et de marque peu connue. Le rouquin reposa son regard émeraude sur Léo. Euh, si tu as le conducteur mhh...je peux essayer de déchiffrer. J'te promet rien hein, j'ai pas un niveau extra alors bon hum. Il se racla la gorge et s'éclaircit les idées en même temps que ses joues rosirent doucettement. Mais si je travaille dur je peux jouer avec toi si tu veux. Il ajouta un sourire qui illumina son visage d'ange en attendant sa réponse.

La rouquine lui répondit à son monologue par un sourire qui illumina son visage parfait, bien qu'il ne sache pas qu'en fait, elle se moquait de lui -gentiment, vu le visage de Sango assez cramoisi- Il répondit quelques secondes plus tard avec un sourire et mourrait d'envie de masser ses joues qui commençaient à le brûler fortement. Léo, toujours aussi silencieuse se dirigea vers sa boîte de violon et saisit des partitions de ses doigts menus & fins avant de les poser délicatement sur le pupitre du piano. Elle revint vers lui pour lui prendre la main -et il se réveilla soudainement, occupé à l'observer depuis quelques minutes- pour l'emmener au piano.

Assit sur le siège par Léo, presque d'un geste autoritaire mais affectueux, elle pointa la partition en restant derrière lui, collé-serré. Il déglutit tant bien que mal et elle n'avait pas l'air de ce soucier que ce rapprochement soudain pouvait, le gêner mais aussi lui faire plaisir. Il se gifla mentalement et écarquilla les yeux en essayant de se concentrer sur le conducteur.

- Euh..euh...euh...
« C’est d’Oscar Rieding… En trois mouvements. Tu connais ? °° »
- Euh non, répondit-il, concentré à examiner la portée Tonalité, tempo, pédales, la tourne est aisée, bon. Il se tourna pour la regarder et se retrouva nez à nez avec elle, une mèche de ses cheveux roux chatouillait son visage. Il sentit une bouffée de chaleur l'envahir alors qu'aux dernières nouvelles c'était un homme et qu'il n'était sans doute pas ménopausé.
« Tu peux le faire tu crois ? »
Silence
- Je..je dois déchiffrer, mais je pense que ça ira, je devrai pouvoir d'accompagner dans quelques temps. Je peux le lire ? ça fait longtemps que j'ai pas joué, mes doigts doivent être tous rouillés, dit-il en ajoutant un petit rire de gosse à sa dernière phrase.

Le rouquin détourna son regard à contrecœur pour plonger à nouveau dans le concerto. Il lu en diagonale les accords et les nuances puis hocha la tête en tempo pour faire une lecture intérieure.
- On peut déchiffrer la première page du premier mouvement si tu veux, moi ça me va. Faut déjà que je lise tout ça. Il fit un sourire adorable vers elle et effleura les touches du piano. Il lui donna le La pour qu'elle s'accorde tout en sortant son téléphone de sa poche, pour le poser sur le piano. J'ai réservé la salle une heure, dit-il avant de changer radicalement de sujet comme à son habitude, puis faudrait que je me trouve un club, tu fais parti d'un club toi ?