• Quoi ? Qu'est-ce que tu regarde ?
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Dao n'impressionne pas par sa carrure. Minuscule et chétif, il a en plus tendance à rentrer sa tête dans ses épaules et traîner des pieds, on pourrait facilement penser qu'il fait partie de ces ados enfermés sur eux-mêmes, complexés et qui ont tellement peu de confiance en eux qu'ils osent à peine ouvrir la bouche en public. Mais il suffit de croiser son regard pour comprendre qu'il n'en est rien, ses iris sombres aux reflets légèrement noisettes brillent d'un mélange de détermination et d’insolence, et quand il parle, c'est d'une voix forte et assurée. Une attitude qui déplaît fortement aux adultes, surtout ceux représentant l'autorité, comme les professeurs ou la police.
Son visage fin et ses cheveux noirs et lisses sont typiquement asiatique, il est juste légèrement plus mat que la moyenne, un bel héritage de ses lointains ancêtres thaïlandais.
• Moins j'en porte mieux je me porte
Son style vestimentaire passe inaperçu en été mais attire les regards en hiver puisqu'il ne change pas d'un pouce. Dao est un adepte des vêtements amples et légers, très légers même, short, débardeur, t-shirt, pantacourt, dans le pire des cas il peut mettre une chemise à manches longues, mais il faut vraiment que les circonstances l'y oblige, genre un enterrement. Le froid ou la pluie n'y change strictement rien, il semble ne pas y faire attention. Il adore également se balader pieds nus et le fait dès que c'est possible, et peu importe si le sol est couvert de graviers ou de verre brisé. Il ne porte aucuns bijoux ni signe distinctif, dort nu sous un simple drap (han!) bref il a une grosse tendance naturiste qu'il masque juste assez pour ne pas passer pour un exhibitionniste.

• Qui suis-je ? Où vais-je ? Dans quel état j'erres ?
Dao est quelqu'un de sûr de lui, il n'aime pas perdre son temps en questionnement et hésitations, c'est un fonceur, et s'il fait une erreur et bah, pas grave, il l'assumera. C'est donc quelqu'un d'assez expéditif dans ses actes, dès qu'il a décidé de faire quelque chose, il se lance. Cela se ressent dans sa façon de parler, franche et directe, ce qui lui vaut souvent une réputation de garçon hautain et arrogant. Pourtant il n'en est rien, il est plutôt gentil, mais a autant d'empathie qu'un dès à coudre, ne venez pas pleurer sur son épaule parce que votre chat est mort, même avec les meilleurs intentions du monde il risque de vous donner des envies de suicide.
Il peut être assez bavard avec les gens qu'il aiment bien, pour ce qui est de se faire des amis, la première impression est déterminante chez lui, il adopte certaines personnes au premier coup d’œil alors que d'autres mettrons du temps à l'apprivoiser. C'est particulièrement vrai pour les adultes ou les personnes beaucoup plus âgées que lui dont il se méfie au premier abord. Pour ce qui est des jeunes de son âge, il est particulièrement attiré par les rebelles aux airs pas toujours très fréquentables, qui se ressemble s'assemble ?
Il aime la musique, les jeux vidéos et faire les 400 coups, il n'est pas du genre à rester dans le rang, mais plutôt à chercher les failles dans le système pour s'y engouffrer. Débrouillard et indépendant, il se sent capable de beaucoup de choses et se le prouve en agissant, c'est aussi sa façon de se protéger, en s'interdisant d'avoir peur, de douter ou de regretter, il a l'impression de contrôler sa vie.
Cette forte personnalité s'explique en partie par son pouvoir, Dao a grandit avec la sensation d'être intouchable, il l'est réellement, même si pendant longtemps il n'a pas su d'où venait cette conviction.
Cependant au fond il reste un gamin comme un autre, qui pleure, rit aux éclats et à parfois des moments de faiblesse, même s'il fait tout pour les éviter.

• Un jeu d'enfant
Le policier soupira en feuilletant son dossier pour la énième fois, des mois qu'il se tuait la santé sur cette affaire de cambriolages multiples dans les quartiers commerçants de Tokyo. Il avait tout imaginé, des gangs aux mafias et au final le principal suspect se trouve être un gamin de l'âge de son fils.

- Tu t'appelles bien Dao Renji Mikagani ?

L'enfant, dont le regard s'était perdu dans le vide, le fixa en silence, cela faisait des heures qu'on lui posait sans cesse les mêmes questions, et s'il c'était montré coriace jusque là il commençait à montrer des signes de fatigue. Tant mieux, peut-être allait-il se mettre à parler.

- Oui.
- Très bien, et tu as quel âge ?
- 13 ans.
- Est-ce que tu sais pourquoi tu es ici ?

Silence, le gamin se perdit dans la contemplation du sol.

- On a dû prévenir tes parents, tu le sais ?

Silence encore, le policier tapota le coin de son bureau avec agacement, lui aussi commençait à fatiguer.

- Cette attitude ne te mèneras à rien ! Je… On te vois dans une vidéo de surveillance ! La nuit du 29 mai… Dans une bijouterie… La plupart des caméras avaient étaient détruites mais l'une d'elle a continué à tourner, et tu apparais clairement dessus, tu comprends ?

Et mince ! Il avait lâcher sa carte maîtresse, sa seule carte, en fait, car tous ces cambriolages avaient pour point commun l'absence totale de traces, ni empreintes, ni effractions, mêmes les coffres fort étaient retrouvé fermés, vides, mais fermés.

- Qu'est-ce que je fais ?
- Hein ?
- Sur la vidéo.
- Tu… Heu… Tu passes la main à travers une vitrine pour prendre des bijoux ?

Le policier se sentit un peu bête de dire ça, c'était surréaliste, mais en même temps ça expliquait beaucoup de choses, le visage du garçon se décomposa, il venait de gagner un point. Il sortit de son tiroir sa deuxième pièce à conviction, une poche remplie de petits papiers cartonnés sur lesquels étaient simplement écrit «Bunny».

- Alors, le fameux Bunny, c'est toi ? Tu sais que c'est très vieux jeu de laisser sa carte de visite comme ça ?

Le gamin ne semblait toujours pas prêt à coopérer, peut-être cherchait-il une échappatoire ? Le policier tenta un coup de bluff.

- Écoutes, cette vidéo, elle sera diffusé à ton procès, devant ta famille, mais aussi les journalistes, tu sais qu'ils sont déchaînés avec cette histoire ? Un voleur que personne n'arrêtes, c'est très vendeur… Mais si tu te montres coopératif, on pourrait s'arranger pour que tout ça se fasse dans une certaine… discrétion, d'accord ?

Il laissa le temps au gosse de réfléchir un peu et enchaîna.

- Pourquoi «Bunny» ?
- En primaire on m’appelait «Le lièvre» parce que je finissais toujours mes exercices avant les autres, à force ça a dérivé sur Bunny, et comme j'aimais bien je l'ai gardé comme pseudo sur internet et dans les jeux vidéos.
- Bunny le lièvre, hein ? M'enfin n'oublies pas que c'est la tortue qui gagne, à la fin…

Le policier esquissa un sourire.

- Et… Ce don que tu as ?
- J'ai pas envie d'en parler.
- Écoutes, si on m'a confier ce dossier c'est parce que j'ai déjà eu plusieurs affaires étranges, même mon fils a été placé dans un lycée spécial, Aomori, tu connais ?
- C'est un asile ?
- Mais non ! C'est une école pour les gens spéciaux, comme toi, tu vois ? Bon alors ? Je t'écoutes, crois-moi j'en ai vus d'autres.
- J'ai toujours sentis que j'étais différent, que mon corps ne réagissait pas comme celui des autres, mais ça a vraiment commencer il y a quelques mois.
- Comment ça s'est manifesté ?
- Au début, c'était juste le bout de mes doigts qui passaient au travers des objets quand j'essayais de les prendre, je me disais que c'était juste mon imagination et puis… Une nuit, j'ai rêvé que j'étais sur mon lit et que je m'enfonçais, m'enfonçais, m'enfonçais, comme si le matelas était mou comme du chewing-gum. Quand je me suis réveillé j'étais par terre, sous le lit, à un endroit où je n'aurais pas pu me trouver simplement en tombant. C'est là que j'ai vraiment commencer à me poser des questions.
- Et à tester ce pouvoir, j'imagine ?
- Oui, j'avais vraiment besoin de comprendre ce qui m'arrivais, ce que j'étais capable de faire et mes limites, ensuite je me suis mis à traîner dehors, la nuit.
- Pour voler ?
- Pas au début, vous avez jamais eu envie de vous retrouvé dans un supermarché vide, après la fermeture, et pouvoir faire tout ce que vous voulez ? Moi, je l'ai fais. Et puis j'ai perdu le contrôle de la situation, il n'y avait plus que ça qui me faisait sortir du lit. Je ne voyais plus mes amis, je fuyais mes parents, je n'allais plus en cours…

Le gamin semblait soulagé de pouvoir enfin parler de ça, tous ces vols, c'était peut-être une façon d'appeler à l'aide.

- Et le butin ? Y'en avait pour des millions de yens, qu'est-ce que tu en as fais ?
- J'ai tout entassé quelque part, dans un sous-sol.
- Mais tu n'as pas peur que quelqu'un récupère tout ?
- Dans les murs du sous-sol, les parpaings, vous savez, c'est creux.

• Le lièvre et la tortue
Dao promenait ses orteils sur les motifs du lino, il était nerveux mais il faisait tout pour ne pas le montrer, il n'avait aucune raison d'être inquiet. Ce matin la police l'avait réveillé aux aurores pour fouiller l'appartement de ses parents et le ramener au commissariat histoire de lui poser «deux-trois questions» encore. Le policier en face de lui était le même que la dernière fois, par contre ce n'était plus une pointe d'agacement qu'on lisait dans ses yeux mais plutôt une rage froide difficilement contenue.

- Alors, Bunny…
- Désolé mais je ne suis pas Bunny.

Silence, le policier fixa Dao qui soutint son regard, sa voix avait trahis sa nervosité mais ce n'était pas le moment de flancher.

- Et je suppose que tu ne sais rien à propos de cette série de cambriolages mystérieux ?
- J'en ai entendus parler à la radio, c'est vrai que c'est très mystérieux tout ça.
- Je vois… Mais son dernier casse n'a pas été médiatisé, alors tu ne dois pas être au courant, ça s'est passé il y a deux jours, ici même, et tu sais ce qu'il a prit ?
- Non ?
- L'enregistrement d'une caméra de surveillance et le compte-rendus de ta dernière garde -à-vue, c'est troublant tout de même…
- Très troublant, oui.
- Mais moi j'ai pas oublié un seul de tes mots, ça tu peux pas me l'enlever, je sais qui tu es.
- C'est très grave comme accusation, vous avez des preuves ?

Le policier eut un petit rire et se leva

- Tu peux y aller, Bunny, mais sache que je t'ai à l’œil, au prochain faux pas je ne te ferais pas de cadeaux.

Dao s'était déjà levé et le soulagement se lisais sur son visage, il pouvait enfin respirer. Il avait hâte d'être dehors mais s'arrêta tout de même à la porte du bureau.

- Hey, la tortue, il s'appelle comment le lycée de taré où vous avez largué votre fils ?
- Ce n'est pas un endroit pour les fous, je te l'ai dis, et puis qu'est-ce qu'un jeune homme ordinaire comme toi irait faire là-bas ?
- … Ouais, laissez tomber.
- Aomori, il s'appelle Aomori.
- Merci, ciao.
- Ouais, on se reverra.

Depuis Bunny n'a plus fait parler de lui, et malgré leurs recherches, la police n'a pas mit la main sur son fabuleux trésor.

• Bravo ! Tu m'as attrapé ! Ou pas !
Dao a le pouvoir de traverser les murs, lui et tout ce qu'il touche, vêtements, objets ou même une autre personne. Évidement, plus il est chargé et plus c'est difficile, il évite en général de trop en faire,sa hantise étant de rester coincé en plein milieu, ce qui risque d'être plutôt désagréable.
En plus de ce pouvoir «actif» son corps à d'autres caractéristiques plus passives, il est peu sensible aux températures extrêmes et aux objets tranchants, ce qui est à la fois avantageux et dangereux puisqu'il peut très bien se brûler gravement sans s'en rendre compte.
Il utilise régulièrement son pouvoir, mais à petites doses, du genre passer la main au travers d'un mur, attraper un objet et partir avec. Les rares fois où il en a trop fait il l'a payé chèrement, douleurs et picotements dans tout le corps, le clouant au lit tout en l'empêchant de tenir plus de quelques secondes dans la même position, une vraie torture, et parfois même l'incapacité totale à pouvoir bouger un membre pendant plusieurs minutes.
Les frayeurs qu'il a eu lui ont parfois donner envie de tout arrêter, de faire comme s'il n'avait pas ce truc, rester paralysé à vie pour quelques larcins, est-ce que ça vaut vraiment le coup ? Évidemment que non ! Mais c'est trop tard, cette sensation de liberté, il y a prit goût, il ne peut s'empêcher d'aller toujours plus loin.

• Ce que j'aime
- La glace au cassis.
- Les jeux vidéos.
- Se balader à moitié à poil.
- Traîner dans des endroits interdits la nuit.
- Les trucs qui brillent.
• Ce que j'aime pô
- Les gens autoritaires.
- Les niais.
- La sauce pimentée pour pizza.
- Porter des manteaux.
- Danser le slow.
• Ce qui m'indiffère
- Le froid.
- La pluie.
- Les bons sentiments.
- Les chansons de colonel reyel.
- Les filles.