Chiharu regarda d'un oeil distrait la grosse boule jaune qui tue les yeux dans le ciel appelée soleil à travers ses lunettes d'aviateur et les remit sur son front, avant de lâcher un bâillement digne d'un ours transgénique du Sahara. Il était trop. Genre trop. Les cours n'avait pas commencé, les couloirs occupés par trois glandus qui avaient visiblement passé une nuit blanche. Chiharu elle, avait dormi. Personne ne l'avait réveillé aux aurores non plus. Elle avait juste fait un cauchemar. Un cauchemar où elle arrivait à sucre-land, le pays merveilleux des confiseries en tout genre, avec des lapins punk qui jouaient du métal en haut d'un champ de cannes à sucres, et là un beau mec en slip panthère arrivait en lui donnant une sucette, elle la prenait volontiers et là elle se rendait compte que la sucette était au THON. Oui au thon. Vous vous rendez compte le traumatisme? Alors voilà, messieurs dames, pourquoi à sept heures trente du matin Chiharu était levée. L'esprit encore plus brumeux et lent qu'à son habitude, légèrement en manque de sucre et n'osant plus toucher une sucette pour au moins toute la semaine. Mais surtout Chiharu s'ennuyait. Personne de disponible pour se divertir, même pas un boloss de premier année qui a mal réglé son réveil à racketter. L'ennui. Profond.

Elle regarda sa montre. Elle ne savait pas lire l'heure mais elle trouvait jolie avec cette ficelle vert pomme qui s'enroulait autour du bras. Elle descendit de son arbre, remonta son mini short un peu trop descendu et sortit une cigarette russe de sa poche. Elle regarda son reflet sur l'écran de son portable. Elle ressemblait bien à une badass racaille un peu bouffonne hors-saison. Mais bon le matin il faisait comme même un peu froid et elle allait rentrer parce que les rhumes c'est pas super-badass. Quoique peut-être elle serait coincée au lit et elle aurait Ema et Akane aux petits soins pour elle. Mouais faut pas rêver. Chiha a encore assez de neurones pour savoir que certaines choses sont improbables. Idée poubelle donc. Direction le hall, y aurait pt'être une dame de ménage a embêter.

Eh bien non. Nada personne le néant l'apocalypse. Il était huit heures passées. HUIT HEURES PASSÉES ET PAS ÂME QUI VIVE. Mais non mais c'est quoi ce délire. On était dimanche ou quoi? La salade humaine s'allongea en plein milieu du hall et fit l'étoile de mer en essuyant le sol. C'est la pression de la solitude, c'est mauvais pour la santé mentale il paraît. Elle essuya le sol pendant plusieurs minutes jusqu'à ce que quelques marmottes éveillées commencent à redescendre. Une civilisation humaine! Merveilleux! Elle aurait presque fait des poutous et des câlins mais elle a encore une réputation à tenir. Enfin. Oubliez la réputation mais elle avait encore un peu d'honneur de kikoo-racaille pour s'abaisser à aimer le petit peuple. La porte du hall s'ouvrit. Amazing. Maintenant il y avait même des gens qui arrivaient. Chiharu manqua la fausse crise cardiaque. Une adorable gamine entra, faisant mine de chercher quelque chose. Chiharu s'approcha de la rouquine comme pedobear s'approche de sa proie, mis les mains sur les hanches et demanda comme un gentleman un peu chelou

-J'peux vous aider m'zelle ?

Trop chou, vraiment. Petite taille, longs cheveux tressés, petit air de je-suis-mieux-que-tout-le-monde, et cette merveilleuse petite robinette jaune. Non mais Chiharu adore le jaune. Après le vert évidemment. C'est pour ça que boustiflor est son pokémon préféré, il réunit ses couleurs préférées et en plus il bouffe tout le monde.

-Oui, transporte donc mes valises. Ah et montre-moi où se situe le dortoir A.

Haha. Non mais quelle genre de demi-portion se permettrai d'être aussi arrogante envers une sempai, qui n'est au fond pas bien plus grande en taille ou en âge, mais porte tout de même des fringues suffisamment bizarres pour effrayer godzilla sous cocaïne, . Mais non seulement la courageuse demoiselle ne fuit pas se cacher derrière un buisson et trembler dans ses escarpins mais en plus elle défie les lois de la politesse en lui crachant un ordre dans la gueule, pas de vouvoiement, pas de manières, pas de formulations vaseuses, même pas un timide petit merci qui fait plaisir à tout le monde, même à miss salade et ses potes les punks et les foncédé. Trasporter ses valises? Chiharu? Non mais, au mieux elle pouvait faire semblant de la renseigner mais lui porter ses bagages, elle parle bien des trois gros énormissimes géants sacs à l'entrée, la gamine, là? Elle pouvait pas se contenter de lui demander sa direction et au mieux de lui en prendre une? Tu perds ton temps fillette. Chiharu fera jamais ça. Déjà le dortoir A elle aura du mal à l'indiquer, oui elle y dort tous les soirs mais il lui faudrait un GPS pour le retrouver, faut pas croire c'est grand Aomori. Enfin pas tant que ça, mais comparé à la superficie des neurones de la verdoyante kikoolol c'est immense, comme les valises de poil de carottes tiens. Mais même une être dénué de logique et de bon sens comme Chiha ne s'abaisserai pas a accepter une demande si impétueuse. Non?

- Vos désirs sont des ordres ma jolie, je suis pas tout à fait sûre d'la direction lol, mais t'inquiète j'ai instinct de fou et je commence à reconnaître les murs. Tu veux que je te porte sur mes épaules aussi? Ca t'éviterai de monter ces putains d'escaliers, ils sont fourbes. Pis t'aurais une vue d’ensemble sur les cassos du coin.

...On va dire qu'on y a cru. Au final Chiharu est juste une débile à moitié fasciné par cette petite princesse, qui avait de son point de vue une sorte de ressemblance avec poison Ivy, et tout le monde sait -ou du moins ceux qui s'y intéressent- que Chiharu vénère tout ce qui touche le mal et les super-méchants, et voue un profond mépris aux défenseurs de la paix, même s'il lui arrive de jouer elle-même aux justiciers masqués. D'une façon ou d'une autre, elle l'aimait bien cette petite garce qu'elle connaissait depuis même pas cinq minutes, et toute enjouée de cette nouvelle rencontre elle fit face aux trois titans, se jeta sur eux avec une super technique sumo qui n'existe d'ailleurs pas, en pris une sous le bras droit, l'autre sous le bras gauche et une dernière dans la main. Bien qu'elle ne sera jamais assez forte pour tabasser les grands garçons de un mètre quatre-vingts, a force de gambader partout elle a tout de même une force physique indéniables et ces gros bagages ne semblaient pas trop lui peser.

-Allons-yyy ♫!

Elle sourit tout bêtement, vu qu'elle ne sait rien faire d'autre, et parce que franchement, cette petite conne-là, elle était franchement trop chou, ouais. D'un certain point de vue.

Déception. Déception de voir la jeune fille prendre les devants en avançant vers les escaliers alors qu'elle préparait ses épaules à accueillir la rousse. Ca aurait été une sorte de trip, de petit fantasme que de porter cette jolie fille sur ses épaules, un peu comme un papa et sa gamine, un grand frère et sa soeur elle voulait être son poney rose avec qui elle arpenterait aomori. Mais non. Pas de bol c'est la vie. Tu portes les bagages et c'est tout. D'un côté mieux vaut ça que de se casser le dos et finir à l’hôpital. Ca la libére d'un poids au sens propre, en quelque sorte. Mais maintenant un poids au sens figuré pose sur elle : celui de la direction à prendre. Non parce que Chiharu fait style elle a confiance l'instinct et traque son objectif aux traces sur les murs mais non le chien l'emporte encore sur elle et elle n'a pas la moindre idée d'où se trouve son dortoir et ne va certainement pas demander son chemin, elle a trop de fierté. Bon déjà le dortoir est au premier étage. Ou bien étais-ce au second. Totale impro Chiha allons au premier.

-J'm'appelle Rika. Rika Tomoyo. Et toi ?

Elle veut savoir son noooom que c'est chouu. Peut-être qu'après elle allait lui demander son numéro, puis sa chambre, qu'elles allaient devenir les meilleures amies du monde et qu'à quatre-vingts elles boiraient le thé en se remémorant leurs souvenir de lycée? Oui Chiharu fantasme sur son futur à quatre-vingt ans. N'empêche qu'elle l'aimait de plus en plus cette sale gosse hautaine, apparemment pas si nombriliste que ça. C'est rare que les gens s'intéressent à elle, faut dire. C'était pas une mauvaise idée de la part de la princesse, Chiharu, dans toute sa stupidité et sa dévotion ferait sans doute un excellent médor, et croyez-moi que quand vous la voyez péter un boulon et transformer tout le monde en balais a chiotte vous êtes contents de l'avoir de votre côté.

-Moi c'est Chiharu Makino lol. Tu peux m'appeler juste Chiharu. De toute façon Makino c'est pas assez badass ça me va pas je trouve.

Elle regarda de droite à gauche un quelconque plan une quelconque aide manuscrite pour la sortir de sa situation. Le haut des escaliers se faisait voir et hors de question qu'elle se perde la face en se trompant de direction. Elle avait voulu rendre service il fallait assumer maintenant. Même les kikoolol ont le sens des responsabilité non mais oh. Son regard s'arrêta soudain sur un panneau d'indication à l'embouche de la fin de l'escalier. Sauvéée. C'est ce qu'elle pensa. Elle se disait que maintenant qu'elle savait elle allait passer pour un héros et tout était bien qui se finit bien. C'était la fête de la joie. Tiens elle a pensé a sauter de oie d'ailleurs. Oui mais le problème c'est que ce que Chiharu pense elle le fait en général. C'est con hein. Elle en oublierait presque quelle tient trois valises. Ah non pardon. Elle L'A oublié. Bing bang badaboum. La valise sous son bras vola en bas des marches et s'écrasa sur le sol dans un fracas qui paraissait un peu trop assourdissant pour une simple valise. Elle s'ouvra, les affaires se répandirent par terre. Chiharu mit trente secondes a analyser la situation avant de penser très fort MERDE. Mais le mal était fait.
Bêtise.

Chiharu elle a pas honte. Si elle ressentait ce sentiment elle aurait vite eu fait de se planquer sous une couette après avoir vu son apparence dans un miroir, elle se serait remaquillée normalement aurait retiré cette teinture verte et aurait mis son uniforme de façon conventionnel. Mais elle le fait pas. Parce que Chiharu ne ressent pas de gêne, et ce même lorsqu'elle déballe les affaires d'une inconnue, ou du moins d'une personne dont elle ne connaît que le nom, cinq mètres plus bas. Elle est plus préoccupée par le fait qu'elle va devoir redescendre l'escalier que par la rouquine en furie qui s'excite contre elle comme si elle était la dernière des incapables. Se taper la honte parce qu'elle a sauté comme une triso et laissé tomber une valise elle s'en tape.

-MAIS BORDEL !! Tu peux pas faire attention, un peu ??? Bon, va ramasser tout ça.

Tain qu'est-ce qu'elle gueule quand elle si met celle-là hein. Chiha n'a pas la super-ouïe mais ça lui fait quand même mal aux oreilles. Alors elle fait la moue comme elle sait si bien le faire et lance un regard mauvais à la petite princesse qui attends hautainement qu'on lui range son bien.

-Mais ta gueule un peu. J'y vais c'est bon ça arrive à tout le monde de faire tomber un truc merde.

Ta gueule oui, puisque Chiharu ce n'est pas la fille avec qui tu deviens super-copine et sur qui tu peux crier quand ça te chante. Parce que c'est pas juste une gentille fille un peu bizarre qui t'aide gratuitement, mais juste une saleté de racketteuse un peu blasée de la vie, qui méprise un peu l’éthique et qui t'aide jusque là juste parce que t'as une belle gueule et qu'elle aime bien ta façon de mépriser autrui. Mais autrui, c'est pas elle. Ordonne si ça te plaît, mais l'ouvre pas trop où ça va déraper. Mais ça tu sembles pas l'avoir compris. Mais ça tu pouvais pas le comprendre.

Alors Chiharu elle descend les mains dans les poches de son mini-short et descend l'escalier en prenant son temps, saute une marche sur deux en chantant une chanson paillarde, ramasse les affaires de l'autre en les soulevant avec son pieds et donnant un petit coup de pied pour les faire voler dans sa main avant de les jeter dans la valise. Hum? Les vêtements son dépliés? C'est censé être important? Ça ferme mal maintenant, mais un bon coup dedans et tout est réglé. N'est-ce pas merveilleux la science bourrine? Oui, sauf quand il s'agit de vos affaires, probablement. Et on rembarque et remonte nonchalante l'escalier sifflotant le même air qu'à l'aller, mis à part que Chiharu ne sait pas vraiment siffler et que le résultat frise plus l'ultrason.

Elle arrive à hauteur de son commanditaire, pose son bien devant elle et s'étire un peu les muscles. C'est pas tout ça mais porter des trucs lourds et monter des escaliers pendant cinq minutes ça crève... Un peu. Assez pour vous mettre un brin de mauvaise humeur, et là Chiha n'était certainement pas mentalement prête à se faire sermonner, par qui que ce soit. La galanterie c'est bien mais toutes les bonnes choses ont une fin. Plus qu'un charmant serviteur elle était désormais un bossu un peu débile qu'il valait mieux laisser tranquille pour l'instant. Elle reprit néanmoins les trois bagages et râlé dans un baillement sonore :

-Bon allez j'ai pas toute la journée moi.

C'est pas si mal d'aider les gens. Ca aide à passer le temps. Non les emmerder c'est plus marrant en fait. Disons que ça dépend des gens. T'as les gays moches qu'on va forcément faire chier parce quand on a une sale gueule et qu'on porte des fringues de tafioles on a pas le droit de se plaindre quand les autres viennent vous traiter de gay moche. Je ne suis pas homophobe,c'est une question d’esthétisme. Non mais c'est vrai quoi si votre voisin qui a un bac-de-lièvre et une coupe afro se balade dans la rue avec un short rose et un foulard vous allez lui dire "bonjour Monsieur vous êtes en beauté aujourd'hui". Soyez réalistes. Je suis honnête moi bande d'hypocrites. Et à côté de ça t'as les gens beaux et bien habillés. Les gens que ils qu'ils aillent tu les regarde. Les gens qui explosent tellement les canons de la beauté que tu vas leur demander un autographe pour le revendre sur e-bay quand ils seront devenus des mannequins ultra-connus. Mais ces gens-là, Chiha ça la saoule. Alors t'as une dernière catégorie légèrement différente, qui se situe juste un peu au-dessus des populaires dans l'échelle de la gloire et juste un peu au-dessous des gay moches dans l'échelle de la morale. La catégories des dictateurs. Des Staline. Mais Staline est moche donc on va l'oublier. C'est la catégories des Rika. Et ça c'est la grande classe.

Et même tout ce bazar paraît moins lourd quand on se dit que c'est le bazar de Rika. Le respect ça allège. Mais on se demande de combien de putains de marches cet escalier est-il fait. Pas tant que ça certainement. Mais là elle avançait vraiment à trois à l'heure. Franchement les architectes auraient put penser aux larbins qui portent les bagages de la future Reine des démons -selon Chiharu. Ou alors il y avait un ascenseur et là ce serait bien con. Et de toute façon même s'il y en avait un il faudrait redescendre pour le prendre alors autant monter, c'est plus court.

Et enfin arrive le bout, le paradis, la lumière au bout du couloir, le générique de fin de plus belle la vie, le dernier épisode de twilight, l'accident de voiture de Johnny Hallyday. Quoi y'a pas eu d'accident de voiture? Ca ne saurait tarder mon petit il y aura bien un dépressif suicidaire qui en marre de la pub optic 2000 pour se dévouer et faire une bonne action avant de quitter cette Terre. Mais je me disperse là.
Chiharu s'arrêta reprit un coup son souffle, elle venait de monter deux fois cet escalier je vous rappelle, elle était pas fatiguée juste comme ça c'est pas une lopette Chiharu, c'est pas un gay moche, c'est une salade pleine de muscles et de charisme même si elle n'arrive pas à prononcer ce mot. Et puis elle a chaud à la tête,avec son chapeau. Et puis de toute façon porter des chapeaux à l'intérieur de l'établissement c'est malpoli et si un surveillant se ramène il va gueuler. Mais tous les surveillants gueulent avec Chiha.

-Tiens je te donne mon chapeau.

"C'est pas un cadeau bienveillant c'est juste que j'en ai marre de transpirer alors au moins tu serviras un peu à quelque chose parce qu'à part crier et porter une robe t'es pas forcément super-utile ma vieille."
Comme si elle allait dire ça. Elle se contenta de lui enfoncer son présent (je vous laisser méditer sur le mystère de la manière dont elle a put le faire sachant qu'elle tenait toujours les bagages) et lui donner une petite tape amicale dans l'arrière du crâne. Enfin amicale. Avec Chiharu tout est relatif, c'est pas comme si ce qu'elle faisait avait vraiment une signification. mais c'est juste la façon la plus logique d’interpréter ce geste. Même pour moi narratrice c'est dur de tout traduire. Elle regarda à gauche, à droite puis encore à gauche. Notez qu'il n'y avait pas grand chose à voir mais on ne se demande pas pourquoi les dindons hochent leur tête donc on ne va pas vraiment essayer de comprendre. C'était peut-être par prudence, au cas-où un passe muraille en roller fonce sur elles, ou que Harry Potter et son chariot se soit trompé de station. Et enfin décidée elle pointe fièrement un droit orienté à 40° sur sa gauche annonçant triomphalement.

-C'est pwar lààààà. Tu vas pouvoir te vanter auprès de tes futures camarades de chambre que la généralissime moi t'as accompagné jusq'ici looooooool.

Elle aurait annoncé qu'elle avait eu le bac mention très bien qu'elle aurait eu l'air moins fière. Être sympa c'était épuisant.